« Non mais arrête ton délire, j’veux pas un univers Mario ! » Plusieurs étudiants se retournent vers moi alors que je continue d’avancer en direction de mon bureau. « J’ai dit non. » Et le voilà qui se met à argumenter en plus ! Raaaah ! Je déverrouille la porte de la petite salle qui m’est réservée puis j’entre. « Elliot, ça suffit ! » Rien à faire, il lâchera pas l’affaire. Je soupire un bon coup avant de lui raccrocher au nez et de poser mon téléphone sur le bord de mon bureau. De toute façon, il rappellera. Je m’installe derrière un immense tas de copies que je commence à corriger. Je sais pas ce qui m’a pris de lui demander ça à lui. J’veux dire, c’est mon meilleur ami, certes mais c’est Elliot. La preuve ! Quand je dis ambiance romantique, il me dit univers Mario. J’vais me retrouver avec un champignon géant à la place de ma baraque moi. Quand je pense qu’à la base je devais m’en occuper moi-même : préparer la maison pour une soirée tranquille avec Aspen. Avec les cours de soutien que le doyen m’a rajouté, c’est raté. J’ai toute ma journée de monopolisée … génial. Pikachu. Un sms. J’attrape mon portable. T’inquiète pas mon Luigi, je gère. Ahah ! Pourquoi est-ce que de lire ça me rend encore plus perplexe … L’horreur. Je crois que le temps n’a jamais défilé aussi lentement. C’est presque comme si le temps était figé. Les heures ne passent pas et pourtant, j’adore mon job mais là … Je n’ai qu’une envie : me tirer et rentrer à la maison voir ce qu’Elliot me prépare.

A dix-neuf heures, je rentre enfin au bercail. Je pousse la porte puis, reste bouche bée. Elliot est là, devant moi, en tenue d’hawaïenne en train de terminer les derniers préparatifs. « Ahah ! Mon Luigi ! T’as vu un peu l’chef d’œuvre ?! J’ai appelé Kea à la rescousse pour savoir c’qui serait top et elle en avait des idées dis donc ! Elle doit être en mal d’amour ta p’tite sœur ou de se/ » Mon poing s’écroule sur le haut de son crâne l’empêchant de finir sa phrase. Bien. Je regarde tout autour de moi et c’est vraiment parfait. Je ne m’attendais absolument pas à ça. Elliot part s’affaler dans le canapé tout en se frottant la tête. « Tu te rends compte un peu ? J’me démène pour toi et toi, tu rentres et premier réflexe ? Tu me frappes ! Ah bah bien ! » Je ris tout en ôtant ma veste. « Honnêtement, je ne sais pas comment j’aurai fait sans toi. » Je l’écoute d’une oreille distraite pendant que j’admire le résultat. Grâce à je ne sais quelle projection, les murs se sont transformés en décor de film avec la plage et les cocotiers. On dirait même que la mer bouge réellement. Et l’effet sonore ne fait que rendre l’illusion encore plus réelle. « Hey t’as vu, j’ai même trouvé des senteurs océan, enfin c’est la dame de la boutique qui me les a conseillés. » Je suis vraiment sur le cul par tout ce qu'il a fait. Pour Mini Pouce en plus. Ce n'est pas comme si il la portait vraiment dans son coeur. Je lui fais une petite tape dans le dos avant de me diriger vers la cuisine car c’est bien beau tout ça mais faut se nourrir aussi. Alors que j’ouvre le frigo, Elliot m’attrape brutalement et m’éloigne de toute nourriture. « Noooon ! C’est moi qui fais ! » Ah euh bon d’accord. Il explose d’un rire démoniaque avant de m’envoyer prendre une douche parce que selon lui, je pu le vieux phacochère grincheux … bah écoute, hein. En sortant, je vois qu’il a tout prévu et la petite chemine hawaïenne aussi. Heureusement qu’il ne m’a pas pris la même tenue que lui. Je ne suis pas sûr que je me remettrais un jour de l’avoir vu en jupe avec des demis noix de cocos sur les tétons … Aaah rien que d’y penser ça me fait froid dans le dos. Je pars dans ma chambre chercher un bermuda pour continuer dans le même style et puis t’façon avec la chaleur qu’il fait, c’est vraiment très agréable. L’heure tourne et Aspen finit par arriver … à l’heure ! Elle sonne et je gueule que c’est ouvert en me précipitant vers la porte. Trop tard. « Alors comme ça n’importe qui peut rentrer chez toi ? Genre tu dis c’est ouvert à tout le monde ? Même tes voisines ? Et euh…/ » La porte s’ouvre et Elliot se dandine devant elle tout en lui mettant un joli collier de fleurs autour du cou. Il s’arrange pour la faire entrer dans le hall puis tout en dansant sur le son de la musique qu’il a ajouté en fond musical, il sort de la maison son sac à dos sur ses épaules et ses bras au-dessus de sa tête comme une danseuse étoile. La porte se referme derrière lui et j’écarte les bras. « SURPRISE ! » Et enfin, j’explose de rire. J’avance vers ma belle puis la prend dans mes bras. « Tu es vraiment magnifique. » Je l’embrasse dans le cou puis me décolle de son petit corps. « Et pour ma défense, si tu avais été un cambrioleur ou je ne sais qui, il aurait sans doute eu la peur de sa vie en voyant Elliot comme ça. D’ailleurs, je m’excuse pour le spectacle mais il m’a été d’une grande aide sur ce coup-là. » J’attrape sa main et la tire vers le salon où se trouve la vraie surprise.

Une fois Elliot sorti, je m’avance vers la femme de ma vie un sourire sur les lèvres. Quand je la regarde, c’est comme ça. Je ne me peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi. Elle est si mignonne avec sa petite bouille. Quand elle boude, c’est encore plus trognon. Hm … j’vais vraiment finir par me transformer en guimauve si ça continue. « Tu es vraiment magnifique. » lui dis-je avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres. « Si j’avais su j’aurais mis une autre tenue. Il fait légèrement chaud … » Je souris une fois de plus avant de lui retirer sa veste et de la poser sur la rambarde de l’escalier. Ce sera déjà mieux et puis au pire, je peux toujours mettre la clim. « Dommage que je n’avais pas mon appareil photo sur moi. Quoique j’suis sûre que c’est un de ses hobbies. Il aime être en fille, tu me feras penser à ne pas laisser trainer des affaires chez toi. On sait jamais ! » Hein ? Ah Elliot. Je soupire en levant les yeux au ciel. Ils ne s’entendront jamais ces deux-là. Et pour le coup, on ne peut pas dire que ce soit de la faute d’Elliot. Avec tous les efforts qu’il fait. Non mais sans blague. Je n’aurai jamais cru qu’un jour, il serait prêt à m’aider pour Aspen. Faut croire qu’il essaye de se faire pardonner. Enfin, je ne suis pas sûr qu’il en ait conscience. Il veut simplement que je sois heureux. Et je le suis. Maintenant si Aspen pouvait faire quelques efforts, je ne serai pas contre. C’est quand même mon meilleur ami et je ne compte pas le laisser tomber. « T’es trop dure avec lui. Surtout que pour le coup, sans lui, il n’y aurait pas de soirée. J’ai été pris toute la matinée par la fac. Le doyen m’a rajouté des classes. » Elle ne relève pas. Elle n’aime pas parler de mes cours. Il y a trop de nanas dans mes classes, soit disant. Je ne comprendrai jamais pourquoi elle s’obstine à penser qu’elle n’arrive pas à la cheville de ces filles-là. Il faudra bien qu’un jour elle se mette dans la tête que je ne veux qu’elle. Je n’ai jamais connu de fille comme elle, elle est unique. Et elle m’a volé mon cœur, il y a dix ans. Depuis, je n’ai pas été capable d’aimé qui que ce soit comme je l’ai aimée … comme je l’aime. Je sais qu’elle est la femme de ma vie. C’est un fait. « Oh mon dieu ! J’suis où ? » Demande-t-elle en me sortant de mes pensées. Elle s’avance dans le salon et contemple les lieux. Elle a vraiment l’air d’être agréablement surprise et je ne peux que m’en réjouir. Je m’avance derrière elle et la serre dans mes bras, posant mon menton par-dessus son épaule. Je l’embrasse sur la joue. « Vous auriez pu me dire, je n’ai pas d’passeport ! J’vais devoir rester ici vu que j’suis rentrée clandestinement. » Je ris. « Ah oui ? Oh mince alors mais où vais-je bien pouvoir vous cacher madame ? Dans la cave, peut-être ? Ou bien dans mon lit … » Petite insinuation bien placée, et paf. Je me sens tellement bien dans ces moments-là, quand je suis avec elle comme ça sans prise de tête. Oui parce qu’admettons-le, Aspen rime avec prises de tête. Il y a toujours quelque chose qui survient pour tout gâcher. Bon la plus part du temps, c’est de ma faute. Avec elle, je suis le roi des gaffes. Et le pire, c’est que je ne le fais vraiment pas exprès ! Bref. Espérons que je ne fiche pas tout en l’air ce soir.

« C’est vraiment… J’trouve pas d’mots ! » Elle m’embrasse tendrement avant de me lâcher pour faire le tour de la pièce. « Elliot a vraiment fait ça ? Pour moi ? » J’acquiesce d’un signe de tête en souriant. Surprenant, hein ? Quand je dis qu’il fait des efforts, ce n’est vraiment pas une blague. Alors qu’Aspen continue de contempler le chef d’œuvre de mon meilleur ami, je pars jeter un coup d’œil dans le four. Oui parce qu’il m’a dit qu’il se chargeait de tout seulement, je n’ai aucune idée de ce qu’il nous réserve encore. Oh ! Du porc à l’ananas. C’est que ça à l’air bon tout ça. Je referme la porte du four et me tourne vers Aspen qui commence à se poser des questions. « Au fait en quoi cette soirée ? Cette surprise ? Tu as une nouvelle à m’annoncer ? Un truc important ? On fête quoi ? Mince j’ai oublié un anniversaire ? Non ce n’est pas le jour où je t’ai bombardé de pomme de terre. D’ailleurs en ce jour je t’en offrirais une. » J’explose de rire rien que de repenser à cette après-midi où elle m’avait littéralement bombardé de patates. Oh je savais que quand je la reverrai, elle ne serait pas tendre mais ça ? Non, je n’aurai jamais imaginé. « Que d’attention, c’est adorable. » Je lui tire la langue et j’arrive à lui extirper un sourire. Elle a l’air de très bonne humeur … mieux, elle a l’air heureuse et vous n’avez pas idée à quel point ça me fait du bien de la voir comme ça. Après tout ce qui s’est passé ces derniers mois, c’est vraiment … je ne trouve même pas mes mots. « Aller dis-moi. Pourquoi ou en quoi je mérite tout ça ? Que se passe-t-il dans ta tête en ce moment même ? » Le pire, c’est qu’il n’y a rien. Rien du tout. Enfin … peut-être que si mais … non. Fin je ne sais pas. Je sais à quel point elle a peur de l’engagement. Faire un pas en avant ? Non. J’sais pas. Ce soir n’est peut-être pas le meilleur moment pour ça. Pourtant, elle est heureuse … justement ! Non, je vais attendre qu’elle soit énervée. Au moins, ça ne pourra pas être pire … enfin je crois. Bref ! Tyler Keynes, tu penses trop ! « Non, il n’y a pas de raison particulière. Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas passé une soirée comme ça et j’me suis dit que ça nous ferait du bien. Et puis, tu commençais vraiment me manquer alors, j’me suis dit pourquoi pas. » Ce n’est pas elle qui va me dire que j’ai eu tort. Après tout, la dernière fois, c’est elle qui disait qu’on ne se voyait pas assez souvent et que mon boulot me prenait tout mon temps. C’est vrai, j’avoue. Mais je fais des efforts ! La preuve, on est là tous les deux non ? Faut dire qu’on se verrait plus souvent si on vivait ensemble … Non, Tyler. On a dit stop. « En attendant, il fait vraiment chaud. Si j’avais su, j’aurais mis mon bikini ! » Je sais pas où est-ce qu’elle va chercher toute cette chaleur. Fin j’veux dire qu’il fait pas plus chaud que d’habitude. Elliot a pas mis le chauffage, juste les décors. Rah parfois elle est bizarre. Mais je ne vais pas m’en plaindre non-plus. L’idée du bikini me tente plus pas mal. Je souris bêtement alors qu’Aspen me regarde presque fixement. « On peut toujours trouver une autre solution pour te rafraîchir. » Mon sourire s’élargie alors que je me rapproche d’elle. Je passe une main dans son dos et mes doigts s’arrêtent sur la fermeture de sa robe. Je l’ouvre ou je ne l’ouvre pas ? Grand dilemme.