Ahah, l'enfance. Une grosse blague. Pour faire court, je n'ai pas eu une enfance commune. Je suis né d'un père homme d'affaire à Pasadena et d'une mère inconnue au bataillon. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle était avec on père depuis longtemps, et qu'elle est tombée enceinte, et que le jour de l'accouchement, elle s'est estimée comme incapable d'élever un enfant, et donc elle s'est cassée et m'a laissé seul avec mon père. Voilà pour la petite introduction bien sympa. Mon père a été déprimé un moment, mais n'a jamais juste imaginé me laisser tomber. Il était fier d'être père, et il me l'a fait comprendre. Il a laissé son travail de côté pour m'élever, il n'a plus vraiment eu de vie social au final. En fait, il ne voyait plus personne. Vraiment. Genre, il restait à la maison toute la journée quand j'étais là, et travaillais quand j'étais à l'école, mais toujours en restant à la maison, et quand il avait des rendez-vous ou des trucs du genre, il s'arrangeait toujours pour pouvoir m'emmener avec lui. Il disait qu'il n'avait pas confiance en beaucoup de gens, et ne voulait pas me laisser sous la garde d'une baby-sitter qu'il n'aurait vu qu'une ou deux fois. Non, il préférait m'avoir avec lui. Et moi, je le lui rendais bien, enfin, un minimum. Parce que même si j'étais plutôt sage (à l'époque), à l'école, ce n'était pas ça. Je n'étais tout de même pas le dernier de la classe, parce que le dernier était un garçon qui ne venait qu'une fois de temps en temps en fait... J'avais d'énorme difficultés, et mon père a essayé de se battre pour me donner goût aux études. Mais ça n'a pas été une grande réussite. Du coup, j'ai obtenu mon premier diplôme, et à quinze ans, j'ai arrêté l'école. Je ne me sentais pas de rester à étudier pour rien, au final. Du coup, mon voisin, qui tenait un garage, m'a embauché comme assistant. Et j'ai travaillé là. De plus, ça me donner un moyen de gagner de l'argent pour aider mon père à joindre les deux bouts en fin de mois, et pour lui d'avoir une liberté parce que j'étais beaucoup moins à la maison. Il a alors rencontré une femme qui s'appelait Nina. Je ne l'ai jamais aimé. Très vite, elle est venue s'installer avec nous, et ce n'était vraiment pas pour me plaire. Encore, aurait-elle été jolie, je ne dis pas, mais même pas... Enfin, en attendant mon père était heureux, alors c'était l'essentiel.

   

Alex, c'est ma cousine. Ok, elle est beaucoup plus jeune que moi, genre sept ans d'écart, mais ça ne nous a jamais empêché de bien nous entendre. Enfin, à peu près. Je me souviens qu'un jour, le jour du re-mariage de mon père d'ailleurs, re-mariage avec Nina bien sûr, pour mon plus grand bonheur. J'avais dix-sept ans. Alex avait dix ans. Oui, elle était jeune à l'époque. Jeune, et innocente, à peu près. Bref. Je m'ennuyais, à mort. Enfin c'est vrai, voir mon père, en costume, danser avec une nana qui était vraiment pas cool, c'était relou. Et je ne faisais rien. Assis sur ma chaise, j'attendais, les mains dans les poches. J'avais envie de faire, ou bien de voir un truc drôle. Alex était en train de danser, et je l'appelais. J'avais une idée. Sa tronche de petite fille naïve me faisait rire. Bref, je lui raconte un gros bobard, qui est que la tradition, ici, c'est que pendant un mariage, il faut tacher la robe de la mariée. Et bien sûr, elle me croit sans hésitation. Je lui tends donc le pot de sauce tomate qui se trouvait sur la table à laquelle j'étais assis. Et elle y va, avec un grand sourire. Elle se dirige vers Nina. Et là, bim ! Le pot de sauce sur la robe blanche. Je me souviens encore du cri qu'elle a poussé à ce moment là ! Enfin, bien sûr, Alex, elle est mignonne, mais elle a quand même balancé à mon père que c'était moi qui lui avait dit ça. Mais au final, même si je me suis fait bien engueulé ce soir là, c'était un mal pour un bien, parce qu'il m'a envoyé à la maison, et je n'avais plus à supporter ce putain de mariage !

Heureusement, à cette époque, pendant ce temps dur, de changement surtout au niveau familial, j'avais la chance de pouvoir compter sur Mowgly. C'était mon meilleur ami. On se connaissait depuis la maternelle, mais même s'il était un peu plus jeune, c'était absolument pas un problème. On s'entendait super bien, on était un peu comme cul et chemise tous les deux. Et du coup, en cette période de désespoir de l'extrême parce que j'avais beaucoup de mal à accepter cette fille qui prenait tout le temps que mon père avait à me consacrer avant, je passais beaucoup de temps chez lui, parce que ça me distrayait. Il me semble même que, d'après mes souvenirs, j'ai même passé une semaine chez lui la semaine après le mariage. Mais mon père a enfin fini par comprendre, et non, il n'a pas divorcé. Mais il a fait des effort, et depuis, on s'est beaucoup rapproché. Je continuais à travailler dans le garage de mon ancien voisin, parce qu'il avait déménagé, et je commençais à faire de belles économies, mais je vivais toujours chez mon père.

 

J'ai donc travaillé pendant plusieurs années dans ce garage, et selon mon patron, l'une de mes grandes qualités, c'était le contact avec les clients. J'avais un bon feeling, c'est vrai, et comme il le disait lui-même, j'étais plutôt beau goss, et ça plaisait aux jeunes femmes qui passaient pour leur voiture. Un jour, il m'a prit entre quatre yeux, et m'a dit, cash, que je n'avais rien à faire ici, dans un garage, mais qu'il fallait que je me trouver quelque chose pour pouvoir un réel contact avec les clients. Du coup, il m'a aidé, et pour tout avouer, ce vieillard, qui avait l'âge de mon grand-père, a réussi à convaincre mon père de m'aider à me payer un appartement. Je trouvais finalement ma liberté, je vivais dans un appartement plutôt cool, dans le centre de Pasadena, avec deux chambre, et un salon immense. Mais ce n'était pas tout. Cet homme avait mis la condition qu'il voulait bien convaincre mon père de me laisser vivre dans mon appartement en m'aidant à payer à la seule condition que je quittais son garage et que je me lançais dans une nouvelle carrière. Du coup, encore une fois, il a fait joué ses relations et a réussi à me faire embaucher dans un bar de Pasadena. Je devenais donc barman, j'avais un salaire plus que convenable étant donné qu'on n'était que trois à travailler dans ce bar, et je vivais une vie de pacha, et tout cela grâce à cet homme, Garry.

J'ai donc travaillé dans ce bar jusqu'à mes 21 ans en tant qu'employé, puis, le propriétaire a décidé de prendre sa retraite, et donc nous avons repris la gérance du bar à trois, c'est-à-dire moi et les deux autres employés : Nancy et Ethan. On en avait fait un bar très country, emblématique de l'Amérique profonde du sud, une ambiance dans laquelle il faisait bon de venir boire un verre. Et il faut l'avouer, j'avais un certain succès avec les clientes, occasionnelles ou habituées. Et plus d'une fois, il m'est arrivé de me retrouver dans la salle de repos, après la fermeture du bar, par une jeune femme généralement jolie. Mais ce n'était jamais sérieux. Je m'étais imposé une règle : jamais deux fois la même ! Ce qui fait que j'avais à un moment, un tableau de chasse assez conséquent. Mais je ne m'en étais pas tenu aux filles qui n'étaient que des clientes. Un soir, pendant la fermeture, j'avais invité Nancy, ma collègue, ou plutôt co-propriétaire, à boire un verre. Et on sait tous comment ça a fini. On est même finalement sorti ensemble pendant un peu plus de deux mois. Et c'était plutôt cool, je veux dire, on était jeune, sans réelle prise de tête. Mais un jour, l'idée du couple m'a plutôt repoussé, comme avant, et du coup, j'ai préféré mettre un terme à tout ça. Et en plus, si j'avais su qu'elle serait de retour...

 

Oui, elle est revenue. Cette fille que j'avais tant bien que mal essayé de sortir de ma vie, et qui finalement, revenait. Aspen. On se connaissait depuis qu'on était au lycée, depuis qu'elle était arrivée vivre à Pasadena en fait. On avait été amis, puis en couple, et j'étais très amoureux d'elle, mais ça n'avait pas marché. On s'était complètement perdus de vue. On ne se croisait plus, elle évitait mon lieu de travail, et on vivait très bien nos vies comme ça, chacun de notre côté. Mais en un soir, ce soir, toute notre histoire avait refait surface. J'avais été invité à la soirée d’inauguration d'un restaurant à Pasadena. Et bien que ce ne soit pas trop mon genre de sortir comme ça, à des soirées mondaine, mais je ne sais pas pourquoi, là, j'étais motivé. Et je n'aurais pas du. Parce que c'est là que je l'ai revu. Après plusieurs années, sans nouvelles. Et là, bim. elle me revenait dans la face. Elle était toujours aussi belle, toujours aussi sexy, et même si mes sentiments avaient disparu, elle continuait de m'attirer. On a passé la soirée ensemble, mais rien ne s'est passé. On était amis, juste amis. Enfin... Au final, le temps passait et mon attirance vers elle se faisait de plus en plus forte. Jusqu'au jour où ce qui devait arriver arriva... On a couché ensemble, une fois, puis deux, puis pleins d'autres. Mais finalement, aucun de nous deux ne voulait aller plus loin, parce que on ne voulait pas retomber dans ce qu'on avait subit plusieurs années au paravent. Cette fille me faisait tourner la tête. Et un jour, j'ai évoqué l'idée d'un couple, des mois plus tard, et elle a approuvé. Ca aurait pu finir comme une belle histoire. Mais c'était sans compter sur l'autre là, le Tyler, qui a fait qu'on finale, elle le préférait, lui. Ca m'a gavé, vraiment. En plus de ça, quelques jours plus tard, Garry est décédé suite à une crise cardiaque. Je ne me suis jamais senti aussi mal de ma vie. Ca avait été comme un tournant pour moi, un tournant des plus positifs.

 

Ma vie était nulle. Vraiment. Je me sentais au plus bas. Les seuls personnes auxquelles je pouvais me raccrocher, c'était Alex et mon père, quand il n'avait pas Nina dans le coin, et encore, on s'entendait mieux, ou du moins, je faisais un effort. Mais même, c'était vide. Je ne me sentais même plus bien à l'idée de travailler au bar, alors qu'avant, c'était mon monde, vraiment, je m'y sentais comme si je l'avais créé ! Même si au final, c'était un peu le cas. Et là, le Messi est arrivé. Non non, sans rire, son vrai nom, c'est Messi. On était ensemble au lycée en fait, et il est parti vivre en Australie. Et là, il me recontactait parce qu'il allait ouvrir un bar de plage et qu'il avait besoin d'un serveur, et immédiatement, il avait pensé à moi parce que quand on était plus jeune, on s'est promis de tenir un bar ensemble. D'un coup, je me remettais à penser. Ma vie ici, à Pasadena, se résumait à faire la gueule et à me poser des questions sur ce que j'avais fait pour en arriver là. Hors si je partais, j'aurais peut être l'occasion de toute oublier, ce qui, en soit, était vraiment positif. Donc au final, oui, j'étais prêt à quitter le bar, à quitter Alex, à quitter Mowgli et mon père, pour avoir une nouvelle vie, un nouveau départ. Bien sûr, ça me soulait, mais cette situation qui me poussait à croiser Aspen à chaque coin de rue éventuellement, j'en avais vraiment assez. Du coup, à 24 ans, je me suis décidé à partir pour l'Australie.

 

La vie australienne était paradisiaque. On ne mentait pas, c'était un réel Eldorado. Il faisait beau, les filles étaient belles, enfin, surtout une en particulier. Je travaillais dans le bar de Messi presque tout le temps puisqu'on essayait de se débrouiller à deux. Mon naturel de grand charmeur était revenu au galop. J'avais rencontré de nombreuses jeunes femmes. Dont une. Elle était venue au bar alors qu'elle ne devait pas y être, elle cherchait juste des toilettes, et sans même lui demander son prénom, je lui avais donné mon adresse en lui disant de passer le soir même, sans vraiment penser avoir un seul espoir. Et au final, le soir même, quand je rentrais, je la retrouvais sur le pas de ma porte, et de là est née une belle histoire. Elle s'appelait Ethna, elle avait deux ans de moins que moi, et on a commencé à sortir ensemble il y a cinq ans. C'était juste parfait, et du coup, quatre ans plus tard, je l'ai demandé en mariage, et j'ai eu la chance qu'elle dise oui. On a même adopté deux petits canetons, Porridge et Bacon. Ils sont trop mignons, et commencent doucement à grandir. Malheureusement, il fallait bien une tâche à ce bonheur. Un soir, à la fermeture, on a subi un braquage au bar avec Messi. Cette sensation d'avoir un revolver sur votre tempe, c'est une sensation que je n'arrive pas à oublier. Ils ont tous saccagés, un tsunami n'aurait pas fait mieux. Le bar était foutu. Messi est donc parti vivre de l'autre côté du pays, et moi, ne sachant plus ou me mettre, je devais de nouveau changer de vie. J'ai donc proposé à Ethna de venir avec moi pour retourner à Pasadena, et elle n'a pas hésité une seule seconde avant d'accepter.

Du coup, depuis un mois, je suis de retour à Pasadena, avec la femme de ma vie. On se plait, on a loué une maison, parce qu'on n'ose pas encore devenir propriétaire, préférant dépenser nos économies dans la sandwicherie. Car oui, c'est un de nos projets, ouvrir une sandwicherie ensemble. Les travaux ont commencé, et on y va un peu tous les jours, pour voir l'avancement des travaux. Enfin Ethna supervise et fait la décoration et moi la parti bricolage. Mais on a d'autres projets en tête ensemble, enfin surtout un : avoir un enfant. Je sais qu'elle y pense, et même si je suis plutôt réticent, je me sens finalement prêt, du moins, je pense. Bref, ma vie a changé du tout au tout en partant en Australie, seulement maintenant, je suis de retour, et je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre. Parce que ce n'est pas parce que moi je suis parti que tout le monde est parti aussi. Au contraire, je suis à peu près sûr de recroiser certaines têtes que je préfèrerai sans doute éviter...