Rappelle-toi que la famille c’est important. Oui, c’est ça. Respire profondément et tout va bien se passer. Tu parles que tout va bien se passer ! Rhys m’envoie clairement à l’abattoir. Tâter l’terrain qu’il dit. M’ouais, moi, j’appelle ça du suicide. Notre très chère demi-sœur a beau être sacrément mignonne, honnêtement, à moi, elle me fout les pétoches. Elle n’est pourtant pas vraiment effrayante mais quand il s’agit de mon frère ou de moi, elle est ... comment dire ça délicatement … sauvage. Soit elle attaque, soit elle fuit. Elle est comme un ours en fait. Ouais voilà, c’est une maman ours sauf qu’elle n’a pas d’oursons à protéger, elle se protège elle-même et ça peut vraiment faire peur. On ne lui a pourtant rien fait. Je sais bien que sa relation avec son père est compliquée mais ce n’est pas de notre faute à nous. On y est pour rien. Mais bon, dans le fond, je peux comprendre. Après tout, je n’adresse plus la parole au mien et s’il avait une autre femme avec des enfants, je réagirais sans doute comme Charlie. Seulement voilà, Rhys a réussi à me convaincre qu’elle fait partie de la famille et qu’il faut être capable de déplacer des montagnes pour sa famille. Ses mots, pas les miens. Mais bon, malgré ses métaphores plutôt pourries, il a raison. Donc voilà, j’vais essayer d’pousser la montagne aujourd’hui. Ouais, juste la pousser un peu, faut pas non-plus déconner. Et rien que ça, j’peux prédire que ça ne va pas être de la tarte. Charlie, c’est quand même une sacrée montagne.

Je n’arrive vraiment pas à croire qu’il m’ait convaincu de faire ça. Suis-je si faible que ça ? Je soupire en marchant dans les galeries de Pasadena à la recherche de Charlie. Et comment je sais qu’elle est là aujourd’hui, à cette heure-là ? Parce que mon petit frère l’a suivie partout les deux dernières semaines. Heureusement qu’elle ne s’en est pas aperçue, j’ai envie de dire. Je n’sais pas ce qu’il a Rhys ces temps-ci, mais il pète a moitié les plombs. Bon je comprends qu’il ait besoin de s’occuper l’esprit depuis que Jude est partie mais quand même, il va un peu loin avec ses missions. Surtout qu’il se les donne lui-même quoi. M’enfin bon. Les mains dans les poches, j’avance en trainant les pieds. Je n’ai vraiment pas envie de faire ça. J’espère que je ne la croiserai pas. Comme ça, on devra reporter cette étape à plus tard et je m’arrangerai pour bosser quand Rhys décidera de remettre ça, comme ça, c’est lui qui s’y collera. Passer l’un de mes rares jours de congés en mission infiltration … ah mais n’importe quoi. C’est vraiment du n’importe quoi. Eh merde, elle est là. Il avait raison. Apparemment, après ses cours, Charlie aime bien se détendre en allant faire du shopping. Eh bah ouais et en plus, elle est toute seule, je n’ai vraiment aucune raison de ne pas le faire. Aller Declan, un peu de courage ! J’entre dans le magasin sans vraiment faire attention à ce qu’il contient et me dirige vers la jolie brune incendiaire. « Charlie ? Quelle surprise ! » Etrangement, je suis complètement plié intérieurement, j’me demande si j’ai l’air aussi con que je le pense. Un coup d’œil aux articles dans le magasin me confirme que je suis vraiment dans la merde. Comment vais-je justifier ma présence dans un magasin de sous-vêtements et de petites tenues destinés à nos chères demoiselles. J’aime me travestir. La dentelle, tout ce tissu me rend fou. Pfiou. Oh gosh. « J’cherche à faire un cadeau à ma copine mais tout ça, c’est vraiment pas mon truc … » Je soupire. « Tu ne voudrais pas m’aider ? » Dec’, mec, t’es vraiment … Elle est de la famille, elle n’était peut-être pas au mariage, mais j’suis sûr qu’elle a entendu parler de tout ce qui s’est passé. Et si elle sait ça, elle sait que je n’ai pas de copine. Donc, j’suis fichu. De toute façon, j’étais fichu d’office. Rhys et ses idées à la con, j’vous jure !