▣ On ne peut pas revenir en arrière ; c’est pas facile de choisir, il faut faire le bon choix. Tant qu’on ne choisit pas tout le reste est possible.

Hm… non Flynn Rider je ne te lance pas ma chevelure. Arrête d’insister. Non me téléphoner ni changera rien. Me téléphoner ? Mais Raiponce n’a pas de téléphone. Elle n’a même pas de chaussures ! Pas de chaussures, c’est un monde d’oser laisser sortir une fille sans chaussures. Elles qui peuvent devenir nos meilleures amies. Eugene arrête de m’appeler ! Je t’ai rendu ta couronne déjà. Mais c’est quoi cette sonnerie ? Mais… C’est MA sonnerie ! « Aah ! » Je me réveille dans un bond, directement assise, complètement sonnée. Que se passe-t-il ? Luke est malade ? Ils l’ont perdu ? Ils ont perdu mon Luke ?! Ah non, c’est vrai, il dort dans sa chambre. Alors qui m’appelle ? À… sept heures du matin ? Un dimanche ?! D’où vient la sonnerie ? Là ! Je me lance en avant, m’étalant dans mes oreillers, et j’attrape du bout des doigts l’objet qui continue de vibrer et de sonner. « …LLOOOO ? » Oh, ma voix est misérable au réveil. Surtout quand je rêvais de… attends une minute, de quoi je rêvais déjà ? « Madame Burkhart ? » Je me redresse et souffle sur une mèche de cheveux qui me barre le visage. « Mademoiselle, c’est mademoiselle. » J’espère que c’est important, ou grave, ou important mais pas trop grave pour qu’on me réveille de si bonne heure un dimanche. « Vous êtes notée à appeler en cas d’urgence si jamais… » Là j’ai l’impression de me prendre un seau d’eau froide sur la tête. « MON FRÈRE EST MORT ??? » J’entends la personne à l’autre bout du combiné qui balbutie quelques mots incompréhensibles. « Non, non… Elliot Bowman est à l’hôpital. » Elliot ? Le Elliot qui bosse pour moi ? Le Elliot de Wendy ? Le Elliot qui m’a mise enceinte ? « Et ? » A nouveau, il semble ne pas savoir quoi dire. « Vous êtes la personne à contacter en cas d’urgence. » Je reste plantée, l’air béat. « Moi ? … Mais pourquoi ? » Sûrement qu’il hausse des épaules. Pourquoi moi ? « Il a fait un malaise en pleine rue. Un des passants dit qu’il n’arrêtait pas de répéter qu’il allait être en retard au travail. vous savez de quel travail il s’agit ? Il faudrait peut être les prévenir qu’il ne pourra pas venir, si jamais… » « Oh mais quel boulet ce mec !!! » Je l’ai coupé. Et excusez-moi monsieur, mais c’est sortit plus fort que moi. « Raaah, il fait tout pour me gâcher la vie celui-là ! » « Vous êtes sa femme ou sa conjointe… ? » « Non mais vous vous foutez de moi ? Non ! Oh il me saoule ! Très bien j’arrive ! » « Et son boulot… » « JE SUIS SON PATRON ! » Et j’ai raccroché sans même attendre de réponse. Je me suis laissée retomber dans mon lit en poussant un râle enragé. Et puis je me suis secouée dans tous les sens, donnant coups de pieds et coups de poings sur mon matelas.

« Maman ? » Évidemment, en criant j’ai dû réveiller Luke… Quoi qu’il lui arrive fréquemment de se réveiller tôt. Malgré qu’il soit petit et qu’il ait besoin de sommeil, il est toujours au taquet dès 8h du matin (et parfois même avant !). Quelque chose que j’ai du mal à comprendre. Et il m’épuise tellement que ça m’est déjà arrivée de faire une sieste en même temps que lui. Et c’est Luke qui me réveille. « Oh je t’ai réveillé bébé ? » Il grimpe sur mon lit et vient me faire un câlin. « J’ai faim. » J’ai compris. « Je viens. » Je me lève, enfile mon pantalon, mon pull, mon peignoir, mes chaussettes… j’ai toujours froid le matin. En arrivant dans le salon, il a déjà allumé la télévision. « Dessins animés maman, dessins animés ! » « Va mettre tes chaussettes-chaussons et ton peignoir trésor. » Ce qu’il y a de bien avec Luke, c’est qu’il ne me fait pas répéter quinze fois. Il fonce en courant vers sa chambre et enfile ce que je lui ai demandé. Après lui avoir mis la chaine des dessins animés, je m’attèle à préparer le petit déjeuner. Lait et biscuits pour lui, et puis… oh bah tiens, j’ai bien envie de la même chose. « Luke, bébé, ne traine pas trop pour manger, on doit vite partir. » « Pour aller ooooùùùùù ? » Je souffle. « Pour aller voir un monsieur vraiment pas intelligent qui s’est retrouvé je ne sais pas comment à l’hôpital et qui a dit qu’il fallait m’appeler moi alors que c’est faux. Mais comme je ne vais pas le laisser mourir, et surtout que je suis réveillée, on doit y aller. » Il me regarde avec de grands yeux. « Pourquoooiiii ? » Je secoue la tête. « Mange mon chéri. »

J’ai réussi à faire expédier le petit déjeuner plus rapidement que d’ordinaire. La télé abrutie vraiment les enfants au moment du repas. Au lieu d’y passer quinze minutes, ils y passent trois heures. J’exagère à peine. C’est exactement ce qu’il se passait avec Théo quand petit il prenait son goûter. Alors je me moquais souvent de lui. Parce qu’il amenait tout à la table du salon, prenait la brique de lait dans sa main pour se servir et restait bloqué pendant un quart d’heure devant la télé. Ensuite il se servait, et de nouveau bloqué… En fait, c’est pendant les pubs qu’il y avait du mouvement. Il ne bougeait pas beaucoup. Alors moi, je me moquais de lui. Dans le fond, ça m’arrivait certainement aussi… Après avoir habillé Luke d’un pantalon, d’un pull chaud et de son manteau et de ses chaussures que je me suis occupée de moi en vitesse. Mais même quand je décide de m’habiller simplement, je ne peux m’empêcher d’être classe. Je ne veux pas avoir l’air débrayée ! Alors une paire de jeans, un pull, un manteau, mes bottines. Conduire en talons n’a jamais été un problème. Ce qui m’a fait avoir beaucoup de remontrances de la part de ma mère. Mais ça ne m’a pas empêché de continuer. « On y va. » Luke attrape son doudou et son jouet Yoda. A mon grand malheur… il est aussi fan de cette saga que l’est sûrement son… euh, Elliot.

Et plus on se rapprochait de l’hôpital, plus je m’agaçais. Le simple fait de le voir m’agace. Et surtout, il m’a réveillé trop tôt pour un dimanche matin. UN DIMANCHE ! Je suis entrée dans l’hôpital avec Luke dans les bras. Là, le médecin m’a expliqué ce qu’il s’était apparemment passé. Il allait à son travail, se trouvant en retard et il a fait un malaise. Il a beaucoup parlé de… la sorcière blanche, et de… trop de choses confuses. Mais selon un témoin, il aurait fait une crise d’angoisse à cause de sa boss qui lui en demande trop. Lui en demander trop ? NON MAIS IL SE FOUT DE QUI ??? Il ne fait strictement rien !!!! On ne lui en demande certainement pas trop !!! « Je vais le tuer. » C’est sortit trop vite pour que je me retienne. J’ai posé Luke par terre et il m’a suivi en trottinant. Je suis entrée dans la chambre sans attendre qu’on me dise si c’était okay. Ils pouvaient bien être en train de le charcuter, je m’en fichais totalement ! « TOI ! » Il a l’air misérable dans son lit d’hôpital. Mais ça ne m’empêchera pas de le tuer. Bien au contraire, je ferai passer pour un accident post-traumatique. Ou j’ai oublié le terme exact, bref on s’en fiche je ne suis pas médecin après tout ! « Mon chéri va m’attendre là-bas tu veux. Maman doit parler au monsieur. » J’ai embrassé Luke et j’ai attendu de le voir s’asseoir sur une chaise dans le couloir. Je me suis retournée vers Elliot comme une furie. En le voyant là, je me demande encore comment j’ai pu me laisser berner à coucher avec lui. COMMENT ? « Hey Mads tu sais que tu es particulièrement en beauté aujourd’hui… » « Tais-toi ! » Désormais je suis à côté de son lit et je lui lance le regard le plus sombre que j’ai à offrir. « Tu pourrais me passer l’eau là c’est juste à côté de toi… » J’attrape ledit verre et lui lance son contenu au visage. C’est bon, t’as plus soif ?! Parfait ! « Tu m’as dérangé un DIMANCHE MATIN ! »

Il tire une tête de trois mètres de long. « MAIS T’AS PRIS QUOI SUR LA TÊTE ????? » Visiblement il est complètement à côté de ses pompes. Je veux dire, plus que d’ordinaire. Je l’empoigne par le col de son stupide pyjama d’hôpital. « On est dimanche, presque seul jour de la semaine où je peux espérer dormir un peu plus longtemps que d’habitude. Parce que toi t’as pas un gosse qui vient te réveiller à 8h tous les jours pour que tu lui mettes les dessins animés, et qui revient à la charge une demi-heure plus tard parce qu’il a faim. Alors quand je peux dormir, laisse-moi dormir !!!!!!! » J’ai les dents serrés. Et je dois vraiment avoir l’air méchante là parce que je vois à son regard qu’il aimerait bien un peu d’aide. Il doit hurler à l’aide intérieurement. Je le relâche en soupirant, ma main droite me frottant le front. C’est insupportable, insupportable ! Je me retourne en secouant les bras. Luke est sagement installé sur sa chaise, en grande conversation avec Yoda. Je me tourne vers Elliot et le regarde. Et puis je regarde Luke. Et c’est terrible… mais là ça me frappe comme un coup de poing en plein estomac. Luke a le même regard… de panique quand quelque chose l’inquiète. Et les mêmes yeux tout simplement. Oh non… mon enfant ressemble plus à son père qu’à moi ! Tuez-moi, ce sera moins douloureux ! Non mais minute ! Il n’est pas son père ! Juste… le géniteur. Non c’est encore pire de le dire comme ça… Je m’approche de lui, et je vois à sa réaction qu’il croit que je vais le tuer. Je ne suis pas un monstre !! J’inspire. « Elliot je suis enceinte. Enfin j’étais enceinte il y a deux ans et de toi… » Wow ! Minute ! Je l’ai vraiment dit là ? Je me mords la lèvre. Hm, il ne me croira surement pas. Même moi j’ai eu du mal à le croire, alors lui ? Jamais ! Qu’est-ce que… qu’est-ce qu’il me fait ? Il… mais… je rêve ou il vient de s’évanouir ? « Elliot ? » Je l’attrape par les épaules et le secoue ! « Hé réveille-toi ! » Mais il est inconscient. Je sors en courant de la chambre et appelle un médecin, ou n’importe qui pouvant m’aider. Enfin l’aider lui, pas moi. Moi je vais bien, c’est lui qui a un cœur fragile. Ou des nerfs en compote. Je ne sais pas… « Que s’est-il passé ? » « J’en sais rien moi, il s’est évanoui comme ça ! » L’infirmière me regarde un bref instant et prend son pouls. « Que lui avez-vous dit ? » J’hésite un instant. Mais elle insiste. « Qu’avez-vous dit ou fait ? » « Qu’ilestlepèredemonenfant… » Ses yeux deviennent aussi ronds qu’une soucoupe. « Pardon ? » Je fixe le plafond. Je me sens mal moi aussi. « Qu’il est le père de mon enfant. » Je vois un sourire malin et amusé se dessiner sur ses lèvres. « Enfin madame… » « Mademoiselle. » « Mademoiselle… on ne dit pas les choses de cette manière à un homme. Vous ne savez pas ça ? » Je me tortille sur place. Et bien c'est-à-dire que les hommes et moi… et puis ça ne la regarde pas d’ailleurs ! « Je n’aurai rien dû dire du tout. » Elle me regarde en souriant. « Mon mari aussi s’est évanoui quand je lui ai appris que j’étais enceinte. C’est pour quand ? » Je reste immobile, le temps de comprendre ce qu’elle raconte. « Il y a deux ans. » Elle ouvre la bouche, la ferme, la rouvre, mais rien ne sort. « Je vois… » Elle se tourne vers Elliot et finit par lui donner une claque qui le réveille dans un sursaut. « HEIN ! » Il est réveillé. « J’ai fait un rêve bizarre. Elle… » Il me pointe du doigt, mais il doit croire que je suis une illusion ce n’est pas possible. « … me disait que j’étais papa. Ahahah… » Et il se met à rire. De son rire nerveux. Mais trop contagieux, c’est insupportable d’avoir envie de rire quand on l’entend. Il n’est même pas drôle ! Je me pince les lèvres et secoue la main. Et oui, je suis bien là et c’était bien réel…

▣ On ne peut pas revenir en arrière ; c’est pas facile de choisir, il faut faire le bon choix. Tant qu’on ne choisit pas tout le reste est possible.

« Les dessins animés c’est bien. » Ce mec me tuera. IL ME TUERA ! Pas de ses mains, pas volontairement (quoi que, va savoir…). Mais il me tuera… d’exaspération ! Il n’y a qu’une personne pour répondre ça quand on l’engueule. Et cette personne c’est Elliot Bowman ! C’est comme… cette stupide Blanche-Neige qui rentre dans une maison – celle des nains en l’occurrence – constate avec désarroi que c’est sale, pas rangé, dans un état laborieux. Déjà, cette idiote rentre dans une maison sans y être invitée : violation de domicile. Et puis elle décide de faire le ménage. LE MÉNAGE ?! En fait, ce que l’histoire ne dit pas c’est qu’elle n’est pas princesse mais femme de ménage. Et bien, tout comme Blanche-Neige est la seule personne au monde à se dire "et si je faisais le ménage de cette maison dans laquelle je n’ai jamais mis les pieds et où l’on ne m’a pas invité ?!" ; Elliot lui ne retient que "les dessins animés c’est bien". Je me passe la main sur le front. Inspire et expire profondément Madeline, tout va bien aller. Et puis tout va tellement bien aller que je ne sais pas pourquoi j’ai tout d’un coup balancé : « Elliot je suis enceinte. Enfin j’étais enceinte il y a deux ans et de toi… » C’est… totalement à l’encontre de TOUS mes plans ! Et dieu sait que j’en ai fait des plans ! Mais dans aucun, je dis bien AUCUN, je n’annonçais à Elliot qu’il m’avait mise enceinte. J’étais même prête à raconter à Luke que son père avait été dévoré par Godzilla pour ne jamais avouer la vérité. Cette terrible vérité. J’ai été faible. L’alcool m’a rendu faible. L’alcool est mon ennemi. Il m’a fait flanché, il m’a fait coucher avec Elliot, il m’a fait tomber enceinte. Enfin, Elliot est un peu plus responsable que l’alcool pour cette dernière partie. Comment… comment ai-je pu me laisser berner aussi facilement par son grand sourire et ses airs benêts ? De toute façon, je peux toujours essayer de me blâmer, de le blâmer lui, de blâmer l’alcool… ça ne me rendra jamais mes sourires. Tout comme ça n’annulera jamais cette soirée. Enfin quoi qu’à y penser maintenant, je ne voudrais pas l’annuler. Pas parce que j’ai eu une aventure avec Elliot – le dire comme ça est vraiment traumatisant – mais parce que j’ai eu Luke. Mon trésor, mon bébé, l’amour de ma vie. Et même s’il ressemble beaucoup trop à son… beaucoup trop à Elliot… et bien je l’aime de toute mon âme. Parce que c’est mon fils, et que c’est le plus beau cadeau que l’on aurait pu m’offrir.

Je soupire, je m’impatiente. Pourquoi cet idiot s’est-il évanoui ? Et pire ! Pourquoi est-ce que ça m’a inquiété ? Je ne devrai pas m’inquiéter ! Ce n’est qu’Elliot Bowman après tout. Ce stupide idiot qui m’a empêché de dormir un dimanche matin. Et sérieusement, qu’a-t-il avalé ce matin pour croire qu’on était un jour de semaine et qu’il bossait ? Et depuis quand s’inquiète-t-il d’arriver à l’heure au boulot ? Lui qui, s’il le pouvait, passerait sa vie à jouer à ses jeux vidéo. C’est probablement à cause de ça qu’il a perdu la tête. Ses neurones ont totalement grillés, et paf, plus d’Elliot ! J’espère que ce n’est pas héréditaire. Luke ne doit pas finir comme ça ! Oh non. Certainement pas ! De toute façon, c’est décidé. Je ne vais prendre aucun risque, et je vais lui interdire les jeux vidéo ! Quoi que… non, c’est trop radical. En plus je connais mon frère, il l’autorisera à y jouer quand il l’aura avec lui. Non, hm… je l’autoriserai à y jouer mais avec des horaires seulement. Comme ça, il n’en perdra pas la tête ! Et je l’occuperai à autre chose. Des jeux ludiques, pédagogiques. Pas d’ordinateur. Il ne finira pas comme Elliot ! Intellectuellement parlant, je veux dire. Parce qu’au niveau du physique, il est clair que de ce côté-là, je n’y peux rien. Je me demande ce que Luke tient de moi ? Probablement rien… Mon sourire peut être ? Même là je ne suis pas sure. Je n’en sais rien. Aaaaaah, mon fils ressemble plus à son imbécile de pè… Oh… mon… dieu… C’est encore pire de le dire. De presque le dire. Non, je ne peux pas. Elliot n’est pas son… il ne l’est pas ! Et puis s’il l’était il aurait tenu le choc et ne se serait pas évanoui !!! … Je sais que c’est une pitoyable excuse. Mais c’est tout ce que j’ai.

Bon sang, mais n’est-elle pas infirmière ?! Alors pourquoi diable ne le réveille-t-elle pas ? Et pourquoi diable je me mets dans de tels états ? Hé Madeline, ce n’est qu’Elliot ! Oui mais… Oui mais quoi, hein ? Oui mais rien du tout, ouais ! Alors tu te ressaisis, et tu es une femme forte, indépendante, sûre de toi. Rien ne t’arrête ! WAOW. Je ne rêve pas, cette infirmière vient juste de claquer Elliot ? Si elle savait le nombre de fois que j’en ai rêvé, de faire ça. Mais je ne peux pas. Il va encore hurler à qui veut l’entendre que je le martyrise. Je ne suis pas méchante. C’est lui qui fait ressortir mon mauvais côté ! Il a ce super pouvoir bizarre qui fait qu’à son contact, je deviens une boule de nerfs. Il est ma kryptonite à moi. Et je deviens Lex Luthor. Théo je te déteste de m’avoir saoulé avec ta saga Superman ! J’trouve ça très nul, et le pire maintenant c’est que je comprends presque de quoi je parle. Oui c’est bien ça le pire. J’espère que jamais je ne comprendrai de quoi parle Elliot quand il parle de ses jeux. Sinon, c’est que je suis bonne à jeter.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH » AH MAIS EST-IL FOU ???? J’ai sursauté moi ! PIRE ! J’ai eu peur !! J’ai fait un bond, j’ai poussé un cri d’exclamation et j’ai porté ma main sur ma poitrine tant mon cœur s’est emballé. J’ai failli mourir ! Je suis beaucoup trop jeune pour mourir ! Et je ne mérite pas de mourir comme ça surtout !! Il mérite une seconde baffe ! « HEIN ! » Je soufflerai bien cette idée à l’infirmière, mais elle m’agace avec ses airs "moi à votre âge". Oui il y a des airs pour ça. Et puis elle se permet de me dire comment agir. Merci, je sais ce que je fais ! Et puis, de toute façon, même quand je ne sais pas ce que je fais, je sais ce que je fais ! Et ce n’est pas elle qui va venir m’apprendre la vie ! Et puis, hein, est-ce ma faute si j’ai toujours été maladroite pour annoncer de grosses nouvelles dans le genre ? Je ne suis pas douée, c’est tout. Et Elliot a un cœur de poulette. Un pétard explose, et paf ! Il meurt. « J’ai fait un rêve bizarre. Elle… » Moi ? Oui ? On dirait qu’il voit un mirage quand il me regarde. « … me disait que j’étais papa. Ahahah… » Je le regarde, perplexe. Pourquoi rit-il ? Pourquoi doit-il toujours rire quand il ne faut pas ?? Je regarde l’infirmière, puis à nouveau Elliot. Je ne sais même pas quoi dire. J’ai envie d’hurler "hé oh pauvre cloche, je suis vraiment là, je t’ai vraiment dit que tu es papa, c’est vraiment ton fils là-bas et bouge-toi nom de dieu !" !!! Mais si je fais ça, l’infirmière va me virer et me forcer à partir. « On est où ? » Je lève les yeux au ciel. Ne me dites pas qu’en plus de la stupidité, il a l’Alzheimer ? Luke, mon chéri, tu es trèèèès mal barré. Heureusement que je ré-hausse le niveau ! Et Théo m’entendrait, il serait probablement déjà en train de se rouler par terre, en riant. « Merde ! Je suis en retard pour la réunion c’est ça ? Oh non ! Mais euh… Attendez une minute… » Et voilà qu’il recommence avec ça. Mais qu’est-ce qu’il fait ? Il cherche quoi au juste sous sa couette ? Je te rassure Elliot, je ne t’ai pas encore attaqué. Tu n’as aucuns dommages collatéraux. Pas encore. Et l’infirmière qui lui dit qu’il est à l’hôpital. Parce qu’elle est encore là, elle ? « Votre femme est là… » Ouais bah il est temps qu’elle dégage, aller ! « Quoi ? Vous avez ramené ma console ? » Je pose ma main sur mon front et secoue la tête. C’est pourtant évident qu’il ne faut pas utiliser des mots compliqués avec Elliot ! Surtout quand il est dans une situation aussi… je ne sais pas, troublante pour lui. « J’suis pas sa femme. » Et puis quoi encore ?! On aura tout vu dans cet hôpital.

« J’ai faim, vous auriez pas une pomme. J’en ai encore pour longtemps ? J’ai du travail et la sorcière blanche n’aime pas attendre. » J’ouvre de grands yeux. La sorcière blanche ? IL PARLE DE MOI LÀ ?! On respire, on respire. Ah bah la voilà qui s’en va. Je la salue sans qu’elle me voie, puisqu’elle me tourne le dos, et pousse la porte derrière elle. Au passage, j’en profite pour jeter un œil à Luke. Il est sage, il est tranquille, il raconte une histoire à un vieil homme qui l’écoute attentivement. Tout est sous contrôle. Et ses histoires durent tellement longtemps, j’ai le temps d’assassiner Elliot puis de le ramener à la vie. Je me rapproche du bout son lit et m’appuie contre la rambarde. « Mads je… euh… Je suis désolé si j’suis en retard pour la réunion, je sais pas c’que je fais là. Non mais j’ai tout arrangé. L’dossier est quasi fini. Il manque deux, trois trucs, des broutilles mais dans l’ensemble ça sera fini dans pas longtemps. » « Mais c’est pas vrai ! » Je secoue les mains dans le vide devant mon visage. Et paf ! Je les repose brusquement sur le bord du lit. « On est dimanche andouille !!! » Aah peu importe. Il est indécrottable. Si ça le chante d’aller bosser un dimanche, qu’il y aille. Ça changera de d’habitude quand il joue avec ses crayons. « T’aurais pas vu mes vêtements ? » Mes yeux s’ouvrent en grand. « Quoi ? » Attends… est-il en train de dire qu’il est… nooon, il ne peut pas être nu là-dessous ? Oh non. Mads, ce n’est certes pas le moment pour avoir des flash de votre soirée d’il y a DEUX ANS. En deux ans on a largement le temps de supprimer ces images ! Alors Elliot qui sort de la douche, c’est bien beau, mais tu oublies ! Et tu te concentres sur l’essentiel : son pantalon ! Son pantalon. Pantalon. « Tu sais que dans mon rêve tu étais un dragon. » Je m’arrête net. Un quoi ? Oh bon sang. Je me retourne, je fulmine. Et puis… y en a marre ! « TROP C’EST TROP !! TU ME SAAAAOOOOUUUULES !!!!! » Je ne sais pas, j’ai dû mettre mon cerveau en mode off parce que je me suis avancée et que je lui ai décollé une baffe comme il n’en a surement jamais eu ! J’ai même pu voir la trace de mes doigts. Sauf qu’après coup – c’est le cas de le dire – j’ai une réaction stupide. « Oh mon dieu ! » Et je porte mes mains à ma bouche. Et je me sens vraiment mal en plus. « C’est pas… c’est partit tout seul ! Je voulais pas te… mais tu m’énerves, tu comprends ça ?! Tu me rends dingue ! J’pensais pas que j’allais te… je voulais pas ! Mais c’est de ta faute aussi ! Je, quand t’es là j’en perds mes moyens. Tu vois tout ma zen attitude s’envole ! T’ES LE MAAAAAL ! » Je brasse l’air de mes mains, essayant de me calmer. Je tourne en rond, fais les cent pas. Je dois me calmer, je dois me calmer ! Je prends une grande inspiration. Puis me tourne vers lui. « Habille-toi, je vais te ramener chez toi. Je t’attends dans le couloir. Et fais vite. » Je m’éloigne, et juste avant de sortir, je le regarde. « … Désolée. » C’est peut être bien la première fois que je n’ose pas le regarder dans les yeux… Et je suis sortie, j’ai rejoint Luke.

▣ On ne peut pas revenir en arrière ; c’est pas facile de choisir, il faut faire le bon choix. Tant qu’on ne choisit pas tout le reste est possible.

A cet instant, je soupire, j’ai envie de toute foutre par terre, et d’attraper Elliot par le col de sa… chemise – ou peu importe ce que c’est – et de le secouer tellement fort que sa tête en manquera de tomber. Malheureusement pour moi, c’est interdit. Heureusement pour lui, il échappera à ça. Mais c’est dur… la tentation est terrible. Et avec l’infirmière qui vient de quitter la chambre, donc plus personne pour m’empêcher de commettre un acte répréhensible, je dois prendre sur moi pour ne pas le secouer. « Mads je… euh… Je suis désolé si j’suis en retard pour la réunion, je sais pas c’que je fais là. Non mais j’ai tout arrangé. L’dossier est quasi fini. Il manque deux, trois trucs, des broutilles mais dans l’ensemble ça sera fini dans pas longtemps. » « Mais c’est pas vrai ! » Je me demande s’il le fait exprès ou s’il est naturellement idiot ? Je penche pour le naturellement idiot. Surtout quand il sourit d’un air benêt. Et ce n’est pas parce que ça le rend craquant que ça lui donne l’air intelligent. Et puis qu’est-ce que je raconte moi ?! « On est dimanche andouille !!! » « Mais non on peut pas être dimanche sinon j’aurais pas eu de pomme ce matin… » Je me frotte le front en soupirant. Et puis c’est quoi son délire avec ses pommes ? Quand on s’est rencontrés, il me parlait de pomme. Quand je l’ai revu au boulot à son premier jour, il m’a parlé de pomme. Et là… il parle sans cesse de pomme ! Et puis entre nous, il a une tendance très facile à tomber dans les pommes. Cœur fragile. Les pommes le rendent sensible, il devrait arrêter. Et puis j’en ai marre d’entendre parler de pommes ! Et j’en ai marre qu’il divague ainsi ! ON EST DIMANCHE BORDEL ! « OH MON DIEU ! » Et voilà, enfin… c’est remonté dans son cerveau. « J’ai raté super Sonic ! » Quoi ? QUOI ??? IL SE FOUT DE MOI ?? Il panique juste pour son stupide… Sonic ? Et c’est quoi ça d’abord ? Encore une tortue mutante qui vit dans des égouts ou je ne sais pas quoi ? Même Luke regarde des choses plus intelligentes ! Dora l’exploratrice lui apprend l’anglais. (Même si Dora je lui tordrai bien le cou…) Il ne regarde pas des extraterrestres qui passent leur vie à se battre. Parce que les Kung-Fu Rangers ça va bien deux minutes, mais ça abrutit plus qu’autre chose ! Ou je ne sais plus leur nom. Ce n’est pas important de toute façon ! Je me passe la main dans les cheveux. Je n’en peux plus d’être ici. Je veux simplement rentrer chez moi et me recoucher. Ne plus bouger. Je vais aller jeter Luke chez maman, et m’octroyer une journée de détente à ne rien faire. Ou alors je le confie à Theo. Il est toujours super content d’avoir son neveu. « T’aurais pas vu mes vêtements ? » Ses vêtements ? « Quoi ? » « Mes vêtements… Tu sais un pantalon, une chemise et un tee-shirt, un boxer apparemment. Je sais pas pourquoi ils m’ont désapé et foutu ce drap. Je me les gèle un peu là-dessous. Donc oui tu les aurais pas vu mes vêtements ? » Attends… il est réellement en train de dire qu’il est… nu ? Oh… Oui. Non. Il va très vite s’habiller pour qu’on puisse partir d’ici et que tout le monde puisse… « Tu sais que dans mon rêve tu étais un dragon. » Mais j’y crois pas il est… IL EST INSUPPORTABLE !!!! « TROP C’EST TROP !! TU ME SAAAAOOOOUUUULES !!!!! » D’ordinaire je ne suis pas violente, je le jure ! Mais c’est de sa faute ! Et puis d’ordinaire je ne couche pas avec un mec la première fois que je le rencontre pour ensuite tomber enceinte et décider d’élever seule cet enfant. C’EST DE SA FAUTE À LUI !!! A chaque fois il… il… je vais devenir foooolle ! « Oh mon dieu ! » Je l’ai frappé ! Je l’ai… frappé. Oh non ! Je ferme les yeux, secoue la tête, non, non, non. Je rouvre les yeux. Je m’en veux tellement là de succomber à la violence. Aussi facilement ! « C’est pas… c’est partit tout seul ! Je voulais pas te… mais tu m’énerves, tu comprends ça ?! Tu me rends dingue ! J’pensais pas que j’allais te… je voulais pas ! Mais c’est de ta faute aussi ! Je, quand t’es là j’en perds mes moyens. Tu vois tout ma zen attitude s’envole ! T’ES LE MAAAAAL ! » « Tu m’as piqué ma réplique… » Je pose mes mains sur mon visage, me masquant les yeux. Très bien Madeline, inspire très profondément. Tout va bien très aller. Je le regarde à nouveau et secoue la main pour lui montrer de s’activer. « Habille-toi, je vais te ramener chez toi. Je t’attends dans le couloir. Et fais vite. » Juste avant de sortir de la chambre, je lui dis : « … Désolée. »

Je tire la porte derrière moi, pour le laisser s’habiller tranquillement. Je m’en veux vraiment de l’avoir frapper. Même si… je dois quand même avouer que ça m’a totalement soulagé. Mais la violence n’est pas la solution ! Ce n’est pas moi ça. Je pousse un long soupir et m’assois à côté de Luke. « Maman ? » Il grimpe sur mes genoux et passe son bras autour de mon cou. « Pourquoi tu souris pas ? » Je pose mon front contre le sien. « C’est le monsieur il va mourir ? » J’ouvre de grands yeux. J’avoue que de penser à Elliot mort, ça me fait froid dans le dos. Je ne saurai même pas dire pourquoi… Mais non. Il est en vie, et bien vivant. « Non chéri, non. Voyons. Il ne va pas mourir. Pas tout de suite, du moins. Il s’est juste sentit mal et on l’a amené ici pour qu’il se repose. » Je lui souris pour le rassurer. Luke est d’une sensibilité incroyable. Et plus épatant encore, il devine toujours quand je vais mal. C’est ce qu’on appelle de l’empathie. Ça me sidère toujours. Et ça m’impressionne. Mais j’ai toujours peur qu’il se sente trop impliqué dans les émotions des autres, et qu’il finisse par en souffrir. « Mais alors si doit se reposer, pourquoi que t’as crié ? » Génial… Comment expliquer à mon fils sans perdre ma crédibilité que cet homme complètement… qui a perdu la tête que… oh je ne sais pas moi, moi-même je me perds. « Tu m’as entendu crier ? » « Oui, très fort. » Je soupire et ferme les yeux. « Tu sais… quand parfois je me mets à crier et à te gronder parce que tu as fait une bêtise, mais qu’en vérité je ne suis pas en colère, je suis juste inquiète ? » Je regarde Luke, nos fronts sont toujours l’un contre l’autre. « Oui… » Il n’a jamais aimé quand je hausse la voix. « Et bien c’est presque pareil… J’ai… » J’ai l’impression d’avoir du mal à respirer. Je suis en train de prendre conscience que… j’ai eu peur ? Quand l’hôpital m’a appelé. Il m’énerve. Il me rend folle. Mais j’ai eu peur pour lui… ? Mais… pourquoi ? « J’ai eu peur pour lui… » Je dis ces mots à haute voix plus pour moi-même que pour Luke. C’est tellement… étrange… que je puisse être inquiète pour… Elliot… Je repose Luke par terre devant moi et m’appuie contre mes genoux, le front contre mes mains. Il faut que je respire. Bien, d’accord. C’est totalement humain que de s’inquiéter pour quelqu’un d’autre. Ça ne veut absolument pas dire que je ressens quelque chose. C’est juste… de la compassion. De la compassion, sincèrement ? La seule compassion que je n’ai jamais ressentit, c’est pour ma famille, ou Ellie. Je ne suis pas une femme qui est submergée par les sentiments. J’ai toujours eu le bon sens de les garder pour moi. Et surtout, de ne pas céder à la panique. Même si bien souvent ça loupe de ce côté-là. « Maman, on rentre quand ? » Je me redresse et pose un baiser sur la tête de mon fils. « Maintenant trésor, on va ramener Elliot chez lui. » « Qui ? » « Le monsieur. » « Ah. » Il m’attrape par la main, et on se dirige ensembles vers la chambre que j’ai quittée quelques minutes à peine auparavant.

Je pousse la porte, Luke sur mes talons. J’espère qu’il est habillé, je n’ai pas envie de perdre mon temps encore. Tout ce que je veux, c’est rentrer à la maison. Et pour l’instant Luke est calme, mais s’il commence à s’impatienter, il va devenir pénible. Je me passe une main dans les cheveux et inspire à fond, prête à l’affronter. On ne sait jamais quelle connerie il va encore me sortir. Je me dois d’être forte. « Elliot… OH MON DIEU ! » Mais qu’est-ce qu’il fait ??? Il saute ? IL EST EN TRAIN DE SAUTER PAR LA FENÊTRE ?!!! Mais je croyais que les fenêtres étaient sécurisées !!! « Maman pourquoi le monsieur veut sauter et pourquoi on voit ses fesses… ? » Immédiatement je pose ma main sur les yeux de mon fils. Qui bien évidemment essaye de se dégager, mais non. Tu ne regarderas pas les fesses d’Elliot ! C’est une situation de crise ! Qu’est-ce qu’il lui est encore passé par la tête pour décider de sauter ??? Il veut me tuer à coup d’angoisses ?! « Elliot… » « VADE RETRO SATANAS ! » Je me pince les lèvres. Il a totalement perdu la tête. « Luke va chercher une infirmière. Tout de suite. » Je fronce les sourcils, il s’exécute. J’attends qu’il soit sortit, et je me tourne vers Elliot. Là, il m’inquiète vraiment. Je m’avance d’un pas. « Elliot fait pas l’con. » C’est vrai que je ne suis pas très agréable avec toi, mais je… je n’ai jamais voulu te pousser au suicide ! « Pense à Luke… » Je n’arrive pas à croire que je sorte cet argument. Et pourtant… Je ne rêve que de ça, que Luke rencontre son père, qu’il apprenne à le connaître. Il mérite d’avoir son père. Quand bien même il s’agit de… d’Elliot. Qui veut se suicider. Oh je t’en prie ! « Pourquoi tu me parles de Star Wars ? » « C’EST TON FILS BORDEL ! LUKE EST TON FILS ! » Je me recule, porte ma main à mon front. Je me sens mal. Mal de le dire, de le hurler, d’enfin l’avouer vraiment. Je me mords la lèvre. Je ne me sens pas mal comme si j’allais faire un malaise, oh non… si seulement. Non là je suis au bord… du craquage. Je cligne des yeux. J’ai envie de pleurer, mais je me retiens. Oh qu’on me pardonne pour mon ignorance, mais je ne pensais pas qu’avouer à un homme qu’il est le père de son enfant était aussi éprouvant et difficile. « Euh… Fin… Tu rigolais pas ? » Je secoue la tête. Il s’est enfin décidé à rentrer dans la chambre. Le suicide n’est pas la solution ! « Faut que je m’assoies. » Il prend bien soin de s’éloigner de moi. Je baisse la tête. Je me sens fautive. C’est de ma faute s’il a essayé de sauter… « Chouette prénom en tout cas mais ça fait de moi… » Je relève la tête et le regarde. « Son père… » Je me passe la main dans les cheveux. « Je ne comprends pas, pourquoi est-ce que tu… » Je me mords les lèvres, encore. Et je secoue la tête. « Non, oublie… C’était… tout ça, une erreur… » Je me retourne et fixe le plafond quelques secondes, avant de lui faire à nouveau. « Je… Je vais appeler Wendy. Elle va te raccompagner. » Je ne peux pas partir comme ça. Comme une voleuse. Je pourrai… Mais il a le droit de savoir, d’essayer de comprendre. Je lui fais face, tant que j’en ai encore le courage. « Viens le weekend prochain, samedi, au parc… vers 15h. Si tu veux qu’on en discute. » L’infirmière fait irruption à ce moment-là dans la chambre, l’air totalement affolée. « Que se passe-t-il, le p’tit m’a dit que le monsieur sautait par la fenêtre ! » Je la regarde avec un sourire poli. « Je vais appeler quelqu’un pour le récupérer. » Je regarde une dernière fois Elliot. « Tu as ta semaine pour te reposer, ne pense pas à au boulot. » Je sens que je vais craquer, et je ne sais même pas pourquoi, ça me met dans tous mes états. Je me penche et attrape Luke que je prends dans mes bras. « On rentre trésor. » « Au revoir le monsieur qui veut sauter. » Il lui fait coucou de la main, et je sors en vitesse de la chambre. J’attrape mon téléphone et compose le numéro de Wendy. Il est tôt, mais elle comprendra. « Maman ça va ? » « Pas trop trésor… on va aller regarder un dessin animé dans le lit, d’accord ? » « Oh ouais, on peut regarder Merlin ? » Je lui souris et l’embrasse sur la joue. « Tout ce que tu veux trésor. »