Il y a des jours où on aimerait que le réveil ne se mette pas en marche. Que sa sonnerie stridente, insupportable, ne se face pas entendre. Et il y a même des jours, où il aurait mieux fallu rester au lit. Cette journée faisait parti de ces jours-là. Même si Aiden ne le savait pas encore. Son début était tout à fait banal. Comme à son habitude, Mary, sa douce et jolie épouse, était partie plus tôt à son cabinet. Son boulot d'avocate lui prenant toujours un temps fou. Se lever avec personne à côté de soit était devenu une habitude difficile pour le jeune professeur. Cela durait depuis quelques mois et quand il avait eu le malheur de vouloir en discuter avec elle, il s'était prit un violent « Pas maintenant, Phil', j'ai important dossier à boucler pour demain ...» . Et comme à son habitude, il l'avait regardé avec étonnement et résignation pour s'enfermer dans son mutisme et son palais intérieur.

Car oui, le jeune homme avait un palais intérieur. Où il cogitait de nombreuses heures. D'ailleurs, ce fut cette journée de trop où il décida que cette situation ne pouvait plus durer. Soit ils faisaient quelque-chose pour eux, pour leur couple, soit il n'y avait plus rien à faire. Ce qui l'avait décidé ? Le regard noisette d'Amy. Amelia Winifred Backster. Sa doctorante, sa "thésarde" comme l'ont disait dans le jargon de la fac. Le chercheur l'avait pris son sous aile, dès ses années de Master, décelant en elle, un brillante scientifique au talent fou et à l'esprit vif. Ce fut donc presque naturel pour lui quand elle lui avait demandé d'être son superviseur de thèse. Ce jour-là, le regard d'Amelia n'était pas tout à fait le même, enfin cela faisait plusieurs semaines que quelque-chose avait changé entre eux. Comme une complicité nouvelle, une envie irrépressible de la voir sourire et il avait d'ailleurs du mal à suivre toutes ses paroles quand elle le fixait de son regard malicieux. Toutes ces nouvelles sensations qui l'envahissait en présence d'une autre femme que son épouse le rendait assez perplexe et surtout très mal à l'aise. Avant de se rendre au tribunal pour retrouver Mary, il décida de faire un saut chez sa charmante petite sœur.

Rose Iris Darcy était la petite sœur rêvée. Du moins, Aiden savait qu'il pouvait toujours compter sur elle. Elle portait merveilleusement bien ces prénoms car celle-ci était ... Fleuriste de son état. Le destin voue joue des tours assez comiques parfois. Il était pas loin de 14h quand Aiden débarqua dans sa boutique dans l'espoir qu'elle fusse tranquille et ils se rendirent tout deux dans l'arrière-boutique. Les boucles blondes de Rose flottaient dans un vent printaniers et son sourire eut le don d'alléger les épaules du jeune homme. Les deux frère et sœur étaient inséparables dans leur jeunesse. De 4 ans sa cadette, ils pouvaient jouer ensembles facilement et passer tout leur temps à se chamailler, se courir après mais surtout à s'aimer. Aiden est une personne loyale de nature, prévenant et prudent alors que Rose, une tête brûlée qui fonce toujours sans vraiment réfléchir à ce qu'il attend : « C'est le sel de la vie ma face de chiot, parfois il faut lâcher prise ! » Qu'elle lui disait le plus souvent. Et cet après-midi il n'y échappa pas. La blondinette connaissait Amy, elles avaient déjà eu l'occasion de se rencontrer et elle avait vu le regard de son frère briller à chaque fois qu'ils étaient ensembles. Et puis, entre nous, elle n'avait jamais vraiment pu supporter sa femme. Ce fut donc avec tout le tact dont elle pouvait faire preuve qu'elle incita son frangin à ouvrir les yeux et de prendre sa virilité à deux mains pour avoir une sérieuse conversation avec celle qui "partageait" sa vie depuis presque 8 ans. Aiden n'était pas un homme que l'on bousculait facilement.

Pourtant, ce fut avec détermination qu'il appela Mary pour lui proposer de venir la chercher en fin de journée. Elle hésita, refusa tout d'abord pour une raison encore sortie de nulle part, mais pour la première fois depuis longtemps se retrouva face à un Aiden buté. Elle finit par céder avec une voix étrange. Cela n'alerta pas le scientifique qui se rendit à un cours qu'il devait dispenser à l'université. Il ne se doutait pas une seule seconde de ce qu'il allait se passer vers 19h en plein centre de Pasadena. A peine assis dans la voiture, il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que la phrase tomba comme un couperet : « Aiden, je veux qu'on divorce. »

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Allongé de tout son corps sur le canapé du salon de Rose, Aiden avait le regard dans le vide. Cette phrase lui était arrivé en pleine poire telle un coup de massue, violent. Pas qu'il n'avait pas émis cette possibilité dans sa tête, après tout, son couple battait furieusement de l'aile, mais il pense qu'elle s'imposerait petit à petit après une longue discussion posée. Pas d'un coup, suivi d'une phrase qui lui avait arraché les oreilles. « J'ai rencontré quelqu'un ... Enfin, ce n'est pas une nouveauté, je veux dire ... Je suis tellement désolée Aiden, je ne voulais pas te faire ça, ce n'est pas de ta faute, mais je ... Ça ne peut plus continuer comme cela. ». « Tout ce baratin pour finalement comprendre qu'elle s'était joyeusement déjà envoyé en l'air avec son dernier client en date. Tu m'étonnes de tout ce temps passé au bureau ... » qu'il lâcha à sa sœur, la blondinette se trouvant dans la cuisine adjacente pour lui ramener une bouteille de Guiness. Elle effaça discrètement le sourire qui s'étirait sur ses lèvres quand elle se trouva face à lui. Les rôles étaient désormais inversés. La jolie blonde avait pour habitude de venir boire une bière chez son frère après chaque déboire sentimental. Étrangement, la situation la faisait sourire, elle ne devait pas se réjouir du malheur de son frangin, mais se retrouver à la place du consolateur lui plaisait plutôt bien. Et surtout, surtout, la situation amoureuse de sa face de chiot préférée allait enfin se mettre en mouvement. Il n'allait plus de plaindre de Mary qui faisait-ci mais ne faisait pas ça, qui n'était jamais là, ou pire, qui, quand elle était là, elle avait toujours cet air hautain sur le visage. Mary et Aiden s'étaient rencontrés alors qu'ils étaient tous deux étudiants lors d'une soirée d'une connaissance commune. Une histoire tout à fait banale. Ils étaient bien différents et pourtant quelque-chose collait entre eux durant leurs études. Pourtant, une fois la vie active arrivée, les choses se dégradaient continuellement jusqu'à cette fameuse soirée de non-retour.

« Tu sais, c'est peut-être mieux ainsi. Cet après-midi, tu me racontais à quel point les choses allaient mal. Et puis, tu me parlais de Amy ce matin, peut-être que les choses vont trouver leurs places. » lui déclara sa sœur dans un petit sourire complice. Aiden tourna alors les tête rapidement vers elle, arquant un sourcil. Elle était furieusement sérieuse quand elle parlait. Amy ? Que les choses trouvent leurs places ? Il bredouilla, tout en rougissant : « Je ... Non, mais Rosie, je ne suis même pas encore divorcé, et puis, il n'y a rien entre Amelia et moi, je te l'ai déjà dis. Je suis son responsable de thèse .. et puis, non, je ... Je ne crois pas que je l'intéresse ... » « T'es vraiment trop adorable quand tu prend les choses comme ça mon Philou, on dirait un adolescent de 16 ans ! ». Un rire cristallin s'échappa des lèvres de la blonde, ce qui fit battre en retraire son frère qui poussa un profond soupir qui voulait tout dire.

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Finalement les choses n'avaient pas changé de façon radicale. Enfin, Aiden ne vivait plus chez lui, Mary et lui avaient mis en vente leur appartement et le temps du déménagement, le jeune homme avait envahi l'appartement de sa sœur et sa chambre d'amis. Il s'y trouva même parfaitement bien et leur colocation était un vrai plaisir. Après plusieurs jours à trainer des pieds pour trouver un appartement, Rose s'en rendit rapidement compte et lui proposa de rester le temps qu'il voulait. Après tout, elle vivait seule et la compagnie de son frère lui faisait vraiment plaisir. La situation était plutôt comique et elle adorait vraiment ça. Deux adultes de plus de la trentaine, vivant en colocation, deux frère et sœur qui plus est, ce n'était pas commun. Après tout, il n'y a pas de normalité dans la vie et elle faisait toujours en sorte de la chasser. C'était presque comme avant, en famille, mis à part qu'ils n'avaient pas les parents dans leurs dos.

Le divorce fut rapide et sans bavure, et même si Mary était une avocate de renom, elle ne fit pas d'embrouille à son ex-mari et aida même à la rapidité du dossier. Leurs adieux furent néanmoins froids et très courts. Aiden était atteint par tant de distance, d'incompréhension et d'indifférence. Comme si tout ce qu'ils avaient passés ensembles n'avait pas compté. Finalement, c'était cela qui lui faisait le plus mal. Les choses doucement reprenaient un rythme de vie normal, Rose et Aiden vivaient tranquillement et le scientifique pouvait plus librement laisser ses pensées vagabonder vers les mèches chocolats de sa chère et tendre thésarde ...