« Et du coup, là, tu as Prométhée qui était en train de se faire manger le foie par son aigle de compagnie jusqu'à la fin des temps. Mais d'un coup, ya super-Heracles, donc le nom dans la vie normale est Hercule, qui débarque et qui le sauve. Enfin, il le détache quoi, chez les grecs, t'es jamais franchement sauvé. Bref, il le détache, mais pour que Zeus il ne se contredise pas, parce que tu sais comment il peut être chiant quand tout ne se passe pas comme il veut, et ben Prométhée se retrouve avec une bague magique, faite d'un morceau de ses chaînes auquel est accroché un morceau du Caucase. » Et voilà, j'amène ma figurine batman qui sauve ma figurine Green Lantern des aigles du seigneur des anneaux. Nick lève les yeux vers moi, pensif. Il attrape ma figurine Thor et me la tend. « Et lui, il fait quoi? » « Ah non, Thor il est pas pote avec Hercule et Prométhée, on avait dit qu'il était Achille hier. Il est pas dans la même histoire. » « Mh... » Il acquiesce pensivement... Qu'est-ce qu'il va me réclamer encore? J'lui ai fait un topo sur l'histoire de Prométhée, ça lui suffit pas comme histoire du soir? Ah... Nicholas... « Mais j'aime bien Thor. » Je le regarde sans rien dire. Parce que je m'en fiche qu'il aime bien Thor, c'était l'histoire de Green Lantern/Prométhée et Batman/Heraclès. Non mais oh. « Achille, il est marrant. » « Ouais, enfin il couchait avec son écuyer. » « Juliet... » Je lève la tête vers ma mère avec un sourire innocent. C'est pas moi qui ai écrit l'histoire hein, qu'est-ce que j'y peux. « Ton frère n'a que huit ans. » Nick hausse les épaules alors qu'il s'amuse à faire taper Thor sur Batman avec son marteau. Il a pas compris toute la logique chronologique de la chose. Et moi, j'ai que douze ans, mais ça m'empêche pas de savoir que les grecs étaient chelous. Enfin, maman me reprend sans lever les yeux de son bouquin, donc c'est que ça va, j'suis pas encore allée trop loin. Alors j'me désintéresse d'elle pour revenir à mon débat avec Nick. « Mais pourquoi tu fais pas comme les vrais collectionneurs et tu sors toutes tes figurines de leurs boîtes tout le temps? » A mon tour de hausser les épaules. « C'est pas parce qu'ils sont chouettes à collectionner que c'est pas des jouets. Et puis, t'aime pas peut-être, quand je te cultive un peu? » Nick m'adresse un large sourire. Mon interprétation de l’Iliade et l'Odyssée, il kiffe. « Ya intérêt ouais, parce que demain, t'as le droit à Icare, au labyrinthe, au minotaure et à Ariane. » « Ya encore Zeus qui couche avec des gens avec qui il aurait pas du? » Il capte vite ce petit. Je lui ébouriffe les cheveux avec un clin d’œil complice alors que maman s'éclaircit la gorge. Oui, elle n'aime pas que j'initie mon frère à la perversité des grecs. Enfin, si elle veut que je lui raconte les contes de frères grimm... J'pense qu'il en sortirait plus traumatisé encore. « Bon, allez tous les deux, il est l'heure d'aller se coucher! » Je vois Nick qui se prépare à raler mais je lui adresse un regard appuyé. Pas la peine d'embêter maman alors que l'histoire est finie. Elle cale son marque-page dans son livre et se lève pour emmener Nick au lit pendant que je m'occupe de ranger mes figurines. Ma collection, elle est impressionnante. Faudrait que j'arrête de toutes les sortir quand je raconte mes histoires à mon frère. C'est pas comme si je les utilisais toutes. Sauf pour la guerre de Troie.

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Elle soupire d'un air désespéré en fouillant dans mes tiroirs. « Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça? » Je lève la tête de mon comics pour regarder ma mère d'un air perdu. « Tu es... gothique? » La question, un peu hésitante, m'arrache un léger rire. Moi? Gothique? Nope. Je lui adresse un mouvement de tête pour la rassurer. « Pourquoi tu dis ça? » Elle sort un tas de hauts de mon armoire avec un air un brin blasé. Hein? Qu'est-ce qu'ils ont de gothique mes tee-shirts? Voyant que je ne comprends pas où elle veut en venir elle lève les yeux au ciel. Elle me montre les vêtements qu'elle porte avant de désigner ceux qu'elle tient dans sa main, comme si je devais noter une différence. Hum. C'est pas les mêmes, c'est sûr, mais enfin, personne ne s'habille comme sa mère, si? « Noir. » Elle le dit comme si c'était un indice mais de toute évidence, c'est la réponse. J'écarquille les yeux face à cette révélation, avant de hausser les épaules. « Ya pas que les gothiques qui portent du noir... » C'est vrai que comparé à ma mère, j'ai un dressing un brin sinistre. Faut dire qu'elle, elle a pas quitté sa phase hippie. La maison, c'est un ensemble de couleurs toutes plus folles les unes que les autres. Rien qu'à voir ma chambre, on comprends que c'est pas moi qui l'ai décorée à l'origine. Même si peindre mes murs en noir ne me viendrait sûrement pas à l'esprit. Ce serait VRAIMENT sinistre. « Mais comment ça se fait que tu n'aimes pas les couleurs? » Avec ma mère, on a un peu l'impression que c'est là une affaire d’État. Il faut le dire, les couleurs, c'est sa vie. « Ah mais non, mais j'aime les couleurs! J'ai des vêtements de couleur! » « Oui, ceux que je t'offre et que tu ne portes pas... » Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle me fait comme cirque là? Bon, elle a un peu raison... Je regarde vite fait dans ma chambre pour tenter de trouver une preuve contraire. « Non! Regarde ma tenue de Roller! » « C'est la même tenue pour toute l'équipe, c'est pas comme si tu avais le choix... Tu ne vas tout de même pas me faire croire que tu aimes le rose! » Oui, parce que ma tenue de roller derby, elle est vachement rose pour quelqu'un qui ne met jamais de couleurs. « Mamounette, c'est pas parce que je ne mets pas de couleurs que je ne les aime pas! Va plutôt enquiquiner Nick parce qu'il ne met que des joggings. Là, c'est une vraie faute de goût. » Je lis dans son regard qu'elle approuve pleinement. Elle lâche un long soupir désespéré. Ça doit être dur d'être une ancienne mannequin et d'avoir des gosses avec si peu de goûts vestimentaires. Elle repose mes tee-shirt dans mon étagère, abandonnant la lutte. « Tiens, avant de partir, passe-moi mes rollers, faut que je les nettoie. » Elle lève encore une fois les yeux au ciel. « Des fois, je me demande si je n'ai pas deux garçon... » « Tut tut maman, pas de considération sexiste. Le roller derby c'est un truc de filles à ce qu'il paraît de toute façon. Et puis t'as qu'à mettre Nick à la danse si tu veux. Et tu sais bien que tu n'aurais pas à acheter des tampons tous les mois si tu n'avais que des garçons. » Si elle lève les yeux au ciel, mon clin d’œil lui arrache un sourire amusé. Mais oui maman, j'suis la meilleure des filles, toi-même tu sais.

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J'suis en train d'enlever mes rollers alors que Janice est venue me rejoindre en vestiaires. Janice, c'est la seule personne au monde que je trouve bavarde. Il paraît que c'est incroyable parce que je suis celle qui parle tellement, personne ne peut être plus bavard que moi selon ma famille et... Et tout le monde en fait. Il paraît que quand je commence à parler, je ne m'arrête pas. Il paraît que je monologue beaucoup, à la moindre occasion. Je sais pas, moi j'ai pas l'impression d'en dire trop. Quoi que des fois un peu. Des fois, je raconte ma vie quand je devrais pas, et les gens se moquent de moi. Enfin, je me moque aussi de moi-même, donc c'est pas bien grave. Bref. Janice a l'épaule posée contre le casier du bout de la rangée et elle me regarde, moi qui suis en sueur, qui manque de me péter la gueule alors que je suis en équilibre sur un roller, à essayer de défaire les attache de l'autre. « Ya un mec qui semblait vouloir savoir qui était la brune maigrichonne qui tabassait tout le monde. » Je lève la tête vers elle alors que je m'occupe de mon second roller. « Du coup, je lui ai refilé ton numéro. » Elle me fait un clin d’œil alors que je lève les yeux au ciel. On dirait que c'est la mission de sa vie, de me trouver un mec. « Non, mais quand il t'appellera, t'as intérêt à faire un super effort. Parce que quand tu auras accepté un rendez-vous, tu seras tellement reconnaissante envers ta seule amie qui supporte tes compétitions de brute sur roulettes. » Je lui tire la langue, fourre mes rollers dans mon sac et passe mon plus gros pull. Parce que je me douche en rentrant chez moi, donc il ne faut pas que je prenne froid sur le trajet. J'ai d'ailleurs le droit à un regard un brin réprobateur de Janice. « Et tu éviteras ce genre de truc pour ton rendez-vous. » Elle fait un mouvement de menton pour désigner mon pull. Je le regarde, je la regarde. Non, j'vois pas le problème. « C'est le pull du commandant Shepard! Tout le monde rêve de sortir avec le commandant Shepard. » Elle lève les yeux au ciel en retenant un léger rire. Elle sait bien que je me moque d'elle. Elle ne connait même pas le commandant. Elle ne connait même pas un seul jeu vidéo. Je me demande si elle sait qui est Mario... Bon, ya des limites quand même. « Ouais, ouais, c'est ça. Commandant Shepard mon cul. C'est pas avec tes comics et tes figurines pourries que tu vas choper un mec. » « Faut arrêter de croire que tout ce que je fais dans ma vie, je le fais pour les hommes... » « Ouais, c'est ça, fais ton original. Tu feras moins la maline quand tu finiras vieille fille entourée de chats, à pas vouloir faire d'effort. » Je lui fais signe de se taire alors qu'on se dirige d'un pas commun vers la sortie. « Chérie. Je mérite le meilleur. Si faut que je me fasse chier pour un mec, c'est que c'était pas le bon. C'est tout. » Elle rale dans la barbe qu'elle n'a pas. Je sais que cette philosophie l'agace. Ce n'est même pas vraiment ma philosophie, c'est juste que voilà. J'aime ce pull, alors j'le défend. Et puis c'est pas comme si j'allais à un rendez-vous, là, dans l'immédiat. Et ce n'est pas non plus comme si j'allais cacher à un mec que je suis une grosse nerd. Si c'est l'homme de ma vie, il finira par devoir subir ça hein. Comme quoi, je prévois sur le long terme. « Non, mais allez quoi. Pour moi. Parce que celui-là, il est franchement canon. Et avant que t'aille te perdre chez les ploucs de flics pour ta formation, ce serait bien que tu rencontres un homme qui en vaut la peine! » « Un "homme"? Carrément? Tu sais que je préfère les gus de mon age hein... » « Gnagnagna, arrête de faire la maline l'inspectrice! » Allez, je sais bien qu'elle est sur les nerfs parce que je vais atrocement lui manquer quand je disparaîtrais pour devenir l'inspectrice parfaite que j'ai toujours rêvé d'être.

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Je me tourne vers lui pour le regarder. J'essaie encore de comprendre ce qui me plaît chez lui. Pas qu'il soit moche, bien au contraire. Un vrai bellâtre. Il pourrait sans aucun doute jouer le rôle de Captain America... Mais ce n'est pas comme si j'avais l'habitude de choisir mes mecs pour leur physique. Quand il m'a fait sa déclaration, j'ai accepté de lui accorder un rendez-vous plus par pitié qu'autre chose. Et aussi parce que je sentais le regard brulant de Janice dans mon dos qui semblait promettre que je mourrais dans d'atroces souffrances si j'osais le rembarrer. Je n'ai dons pas osé. On ne dirait pas comme ça, a priori, mais je tiens à ma vie. Nick serait tellement triste si je n'étais plus là pour l'emmerder. Et maman serait triste sans sa fille préférée sur qui râler à la moindre occasion. Oui, c'est pour eux que j'ai accepté. Pour ne pas être ce vide dans leur vie. Mh. Je suis trop bonne, je sais. J'ai donc accepté. Et après un tour rapide dans un restaurant chic, on a vite fini par atterrir dans mon lit. Oui, j'aime pas aller coucher chez les autres. Je sais jamais quand je dois partir, ça m'énerve. Donc bref. Ça s'est vite fait entre nous. Et pourtant ça dure. Malgré les leçons de Janice sur le fait qu'il ne faut pas coucher dès le premier soir sinon c'est pas fait pour durer... Moi, je pense que voir comment un mec se comporte au lit, c'est avoir une bonne idée de qui il est. Oui. Et c'est pas parce que je n'ai pas couché avec beaucoup de mec que je suis pas bien placée pour en parler. C'est pas ma faute si je me suis mise en couple durable avec Jackson dès mes vingt-et-un ans. Déjà deux ans. Je soupire et il me regarde d'un air surpris. Je lui fais signe que ce n'est rien, je suis juste perdue dans mes pensées. « Au fait, Juliet, ça te dirait qu'on se marie un jour? » Je le regarde sans pouvoir retenir une légère grimace. Pourquoi? Pourquoi maintenant? C'était pourtant bien, notre relation, non? « Un problème? » Je soupire à nouveau et hausse les épaules. « J'suis pas vraiment "pro-mariage"... Pas que je ne veuille pas de relation qui dure, mais l'idée de m'enchaîner, ça ne m'enchante pas. Je préfère rester avec quelqu'un parce que j'en ai envie et pas seulement parce que ça me ferait chier de divorcer. J'veux pas me sentir forcée. Sinon, c'est un peu triste. J'suis bien avec toi, j'suis bien en couple comme on est... Mais c'est juste... » Je m'interromps sans savoir trop comment bien expliquer tout ça. Je plante mes yeux dans les siens, un brin gênée. Mais il me sourit comme si de rien n'était. Quoi? Il s'en fiche? Il me parle de mariage et il est content que je l'envoie chier. Il se redresse pour venir me déposer un baiser sur les lèvres. « Tu sais, je vais pas bouder parce que tu n'as pas une bonne opinion du mariage. Au mieux, tu changeras d'avis un jour, au mieux, on sera comme un couple marié sans mariage, ça ne change pas grand chose. » Mais je veux pas être un couple marié moi. Enfin, s'il comprend accepte, tout va bien. Déstresse Juliet. « Tu sais, c'est juste que je suis bien avec toi aujourd'hui, j'ai pas envie de me demander ce qu'il en sera demain. Et puis je profite de ce que j'ai tant que je l'ai. On sait jamais ce qui peut arriver, il ne faut pas trop présumer de l'avenir... » Il me regarde d'un air bizarre. Mais non, je ne sous-entends pas que je vais le quitter demain! « Enfin, tu sais, quand on commence à parler d'avenir, ça m'ennuie. J'aime pas l'avenir. J'aime pas faire des plans sur la comète. » Autant éviter de lui avouer pour le moment que c'est pour ça que l'idée d'avoir un gosse m'a toujours donné envie de gerber. Non, je n'aime pas penser au futur. Laissez-moi vivre ma vie au moment où je la vie. C'est pas si dur à comprendre quand même, non?

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Je dépose une tasse de café sur le bureau de mon coéquipier. Il n'est pas là? Enfin, c'est pas grave. Il a des choses à faire hein. C'est ça d'être policier, on est occupé. Je viens d'arriver ici, mais je sens que je vais m'y plaire. Les gens sont cools. Jackson a dit que je m'y ferais très vite parce que de toute façon j'aime tout le monde. C'est totalement faux. Je n'aime pas tout le monde. Je n'ai aucune pitié pour les criminels. Tout à fait. Juliet, l'impitoyable, qu'ils pourraient m'appeler, les mécréants. Alors, oui, c'est vrai que j'apprécie plutôt pas mal mes collègues déjà. Même si mon coéquipier semble me prendre pour une gamine qui découvre le métier. Il paraît que c'est la faute de ma tête de bébé et qu'on me prendra toujours pour une gosse. Ça c'est Nick qui le dit. Et il a pas franchement tort, les gens croient souvent que je suis sa petite sœur. Alors que j'ai quatre ans de plus! C'est inadmissible! Je mettrais en prison tous ceux qui font l'erreur si je pouvais! Mais c'est pas comme si notre cher pays avait les moyens d'accueillir en détention des gens simplement parce qu'ils sont stupides. Alors j'ai vite renoncé à l'idée. Je m'y fais à cette tête de bébé. Je suis douée, mais il faut que je le prouve deux fois plus que les autres, c'est tout. C'est pas pour autant que je vais baisser les bras. Quand j'aurais prouvé ma valeur, ils seront obligés d'admettre que c'est moi le Batman de Pasadena. En moins riche. Bon, puisque c'est comme ça, je vais siroter mon café en remplissant la paperasse pour le dossier qu'on a clos ce matin. Au moins, notre supérieur verra que les papiers, je les remplis à merveille. Et oui, je suis douée partout. C'est comme ça quand on aime son métier. Qui aurait pu croire que je serais la parfaite flic. Inspectrice en fait, je préfère. Je ne suis pas parfaite à faire la circulation et coller des amendes. Il en faut, mais ce n'est pas pas le rôle d'une super-héroïne. J'ai toujours voulu lutter contre le crime, pas contre les petits délits sans intérêt. « Alors, on se morfond toute seule après l'arrestation de ce matin? » La voix me sort de mes pensées avec un sursaut et je lève la tête pour rencontrer un sourire de charmeur. Je hausse un sourcil, un brin surprise. Mais qu'est-ce qu'il fout ici. « Qu'est-ce que vous faites ici? » Je regarde autour de moi, mais j'ai l'air d'être la seule à remarquer ce mec qui n'est pas en uniforme et qui squatte notre chez-nous. Oui, chez nous, chez les flics. Chez ceux qui sont payés pour faire respecter l'ordre et qui avons un badge. « Je vous avais dit qu'on se reverrait. » Il me décoche un clin d’œil. Ah oui, c'est vrai qu'il se prend pour un super médium. « Ça ne requérait pas vraiment de dons de me trouver à mon boulot... » Ouais, j'veux dire, une fois qu'on sait que je suis flic, on peut facilement me suivre à la trace. Je suis la majorité de mon temps au poste. Jusqu'à ce que les autres se rendent compte que j'ai plus de 21 ans, que je suis majeure et vaccinée et que je peux aller sur le terrain. « Et en parlant de don, vous ne me semblez pas si doué que ça hein... Je n'ai pas de chats. » Oui, je nourris celui de notre nouveau voisin qui a du s'échapper en vacances, mais ça ne compte pas du tout. Si c'est un médium, il doit bien lire dans ma vie et pas sur cette satanée odeur de chat qui me colle au jean. En même temps, mister Kitty adore se coller contre les jambes des gens. Un vrai pot de colle. « Zut, il devait y avoir des perturbations à cause de la serveuse. Les problèmes qu'elle s'invente elle, si vous saviez... » Pourquoi il me parle de la serveuse? S'il a essayé de se la faire et qu'elle l'a jeté, c'est pas mon problème. Pourquoi je présume ça? Non, mais vous l'avez vu? Un vrai dragueur de première. J'suis pas médium, mais je le sens à quinze mètres. Il a osé me dire que vu ma silhouette, je devais travailler dans la mode... Franchement? « Bon, à part le chat... » « O'HARA! » Tiens! Mon cher coéquipier vient me sauver d'une séance de tarot? « Qu'est-ce que vous foutez ici? C'est pas autorisé aux civils! » Celui qui s'est présenté ce matin comme s'appelant Jeff présente un badge de visiter à Lassiter. « Désolé Lassie, mais j'ai été convoqué ici par une force supérieure. » Il fait un signe de menton pour désigner la porte du boss. Vraiment? « Bon, Jeff? On y va? » Et c'est qui cet autre civil inconnu? Et voilà que les deux ahuris rentrent dans le bureau de MON chef? Pincez-moi, je rêve? Vu le soupir de Lassiter, je suppose que je ne rêve pas et que j'ai plutôt intérêt à m'habituer. Il ne dit rien et va prendre le café que j'ai posé sur son bureau pour se changer les idées. Une tête réapparaît dans l'encadrure de la porte. « Au fait, inspecteur Reed. Moi, c'est Jeff O'Hara, médium en chef de la police de Pasadena. Ce sera un plaisir de travailler avec vous. »

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Je m'entendais bien avec madame Dawson. Mais que voulez-vous, le temps passe, et c'est la vie. Oui, je sais, je fais des crises quand on me parle d'avenir, mais quand je vois une vieille personne mourir, ça ne me bouleverse pas. Ouais, bon, c'est vrai que si la mort me traumatisait, je serais mal barrée dans mon boulot. Même si bon, à Pasadena, c'est moins meurtrier qu'à Austin. Il faut avouer qu'il ya moins de monde aussi. Enfin, c'est pas bien grave. Au revoir, madame Dawson et bonjour notre nouvelle voisine! Jackson m'a dit que j'étais pas bien dans ma tête à être tellement ravie d'accueillir quelqu'un de nouveau dans l'immeuble. Je me suis contentée de hausser les épaules. Et puis quand je lui apporté le gateau de bienvenue, je l'ai trouvée adorable. Elle a ce genre de visage qui fait qu'elle pourrait être l'héroïne d'un super film. Elle m'a dit s'appeler Mad. Je suppose que c'est un surnom, mais avouez tout de même que c'est un peu un super nom d'héroïne. Je l'imagine bien, dans le désert, avec un bazooka sur le dos, après que la terre ai été ravagée, à sauver le monde. Non? Bon... Ok... Toujours est-il que j'ai envie de parler à quelqu'un est qu'elle, elle me plaît bien. Et puis, elle a pas l'air très à l'air pour l'instant. Alors il faut que je la mette à l'aise. Il faut qu'elle voit qu'on est gentils dans le coin et qu'elle peut avoir une super copine si elle veut : moi. C'est fou tout de même, j'suis toujours adorable avec tout le monde, j'aime tout le monde... Mais quand je regarde autour de moi, j'ai pas tant que ça d'amis. Je ne sais pas si on peut compter Jeff et Gus dans le lot ou s'ils doivent être classés comme collègues. Ils sont un peu étranges ces deux-là... Mais bizarrement, on s'y habitue assez vite. Enfin, là n'est pas les questions. J'vais pas aller leur parler, ça finirait encore en n'importe quoi. Non, il me faut une charmante demoiselle avec un joli sourire et Lily est occupée cette semaine. Donc je mets mon plus beau tablier, un peu de farine sur mes mains, sur mes fringues, sur ma tronche... Voilà. Je suis une super bonne costumière. Et c'est dans cette magnifique tenue que je vais frapper à la porte de ma plus récente voisine. J'attends un moment mais la porte fini par s'ouvrir. OUF. Elle n'aurait pas été là, j'aurais été bien ennuyée! Je lui adresse un large sourire quand elle me regarde d'un air un peu méfiant. Oui, je sais, autant de farine, ça fait peur, mais ne t'en fais pas, je ne vais pas salir ton chez-toi ma chérie!  « Salut! Juliet, ta voisine, je suis venue t'apporter du gâteau l'autre jour. » Elle acquiesce, apparemment, elle ne m'avait pas oubliée. Tant mieux! « J'étais en train d'en faire un autre là, mais j'ai pas assez de lait, alors je voulais savoir si je pouvais t'en piquer un peu... » Oui, j'vais pas lui dire que c'est de la farine qu'il me faut, sinon elle va me faire remarquer que si j'en mettais moins sur moi, j'en aurais ptêt assez pour le gâteau. Non, je ne suis pas dupe. Elle semble hésiter un moment et finit par se décaler pour me laisser entrer. « Entre, je vais te chercher ça. Tu en as besoin de combien? » « Euh... Un litre ce serait bien. Je t'en ramènerais dès que possible. » Elle hausse les épaules comme pour dire que ce n'est pas très important, mais je la reprends. « Je ne voudrais pas avoir des dettes envers mes voisins que j'aime bien. » Et puis ça me fait des bonnes excuses pour passer encore plus souvent la voir. Elle fouille dans un placard et finit par me tendre une bouteille de lait. « Tiens, ça devrait suffire. » J'acquiesce et je prends la bouteille. « Merci! Et toi alors, ça va? Tu t'installes bien? » Elle me regarde un instant sans décrocher un mot, et puis elle semble comprendre qu'elle est coincée avec moi. « Oui, oui. Ca va, ce n'est pas comme si je ne connaissais pas Pasadena. » « Je ne sais pas si tu connais le quartier, mais si tu veux qu'un jour je t'emmène au marché du coin, n'hésite pas à me dire, c'est super chouette. J'espère que tout le monde est sympa avec toi ici... » « J'ai connu pire... » Et puis elle me regarde et elle semble hésiter sur la véracité de cette information. « Je sais que  les petites vieilles qui habitent au rez-de-chaussée adoraient Miss Dawson. Le prends pas mal si elles sont insupportables. Elles sont comme ça naturellement, mais vu que tu prends la place de leur camarade de bridge, ça aggrave leur cas... Enfin, au bout d'un moment, si tu persistes dans le fait de leur sourire même quand elles font leurs vieilles peaux, elle ne savent plus te résister. » « Je n'en doute pas. » Je me demande si cette chère Mad sait répondre par plus d'une phrase. Mais ce n'est pas comme si j'allais abandonné avec elle. Juliet n'abandonne jamais. Même les plus résistants pourront vous le dire. « Sinon, je serais toute seule chez moi vendredi, donc si tu n'as rien à faire, tu pourras passer. Je pensais faire des crêpes en regardant quelques âneries à la télé. » « Je verrais, oui. » « Parfait! Je compte sur toi! Comme ça on pourra faire plus ample connaissance! N'hésite pas à me dire si tu veux que je télécharge un film en particulier. » Je me dirige aussi vite par la porte. Pas de chance que je lui laisse le temps de faire marche arrière. Quoi? Qui a dit qu'elle n'avait jamais dit oui? « Allez, j'vais finir mon gâteau sinon Jackson va râler. Tu verrais l'état de la cuisine... » Je lui jette un clin d’œil avant de disparaître. Tout cela m'a mise de bonne humeur, j'crois que je vais vraiment le faire ce gâteau.

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Je me morfonds sur le banc de ce parc à feuilleter bêtement les pages de mon comics. Non, je n'ai pas le moral au beau fixe, pour une fois. Que voulez-vous. Tous les super-héros ont leur moment de doute. Faut dire que c'est pas comme Austin ici. J'ai pas Nick, ma mère, ou même Janice pour m'emmerder. Et puis c'est plus comme avant avec Jackson. Ça c'est sûr... Mais je m'y plaît pourtant à Pasadena, c'est juste que... c'est juste que j'ai le mal du pays. Oui, je suis installée ici depuis un moment, et je trouve le moyen d'avoir le mal du pays. Ça arrive à tout le monde. « Hey! Ça va toi? » Je lève la tête et je rencontre un sourire radieux sous un regard un brin inquiet. Quoi, je fais peur toute seule, là, à me morfondre? Mon neveu m'a un jour sortit que j'avais l'air de la mère de la famille Adams quand je souriais plus. Je l'ai pas franchement mal pris. Faut dire, que c'est plutôt un compliment si on se fiche un peu du côté glauque. « Non, non, je vais bien. » Il hésite semble-t-il à me croire et finit par s'asseoir à côté de moi. « Tutt tutt. Je sens que tu me caches quelque chose, et j'aime pas ça. Ya des trucs louches qui se passent dans cette ville. C'est Ed qui l'a dit. Il s'y connait en trucs louches Ed, il a déjà voulu envahir la Terre. Tu veux envahir la Terre, c'est ça? T'es un extra-terreste? » J'affronte son regard suspicieux et nie cette accusation d'un mouvement de tête convaincu. Ça va, je crois que j'ai l'air honnête. « Bon, si c'est pas ça, qu'est-ce que tu me caches? » Je lui tends mon paquet de feuille. « C'est un truc que j'écris pour m'amuser. Mais depuis que j'ai déménagé, je n'ai plus mon neveu sous la main pour critiquer tout ce que je fais et m'inspirer pour la suite... J'suis en panne. » Il feuillette rapidement mon ébauche de comics et affiche une expression bizarre. J'arrive pas à savoir si c'est positif ou négatif... Je ne veux pas qu'il me critique, alors je vais juste ne pas lui laisser le temps de parler. Bonne technique Juliet, après, il fuira. « C'est l'histoire de Captain Akward. C'est un super-héros sans vraiment de super-pouvoir, qui sauve les gens. Je m'inspire un peu de ce que je fais en vrai pour écrire tout ça et... » « QUOI? » Son cri me fait sursauter et je le vois qui me regarde, les yeux ronds comme des soucoupes. « T'ES UNE SUPER HÉROÏNE? » Hein? « Non, non, j'aimerais bien, mais je suis juste flic, je m'inspire juste de mes enqu... » « Tu veux sauver Pasadena avec moi? » « Sauver de quoi? » « Du complot des vaches qui veulent nous faire boire des chocolats chauds? De la prochaine invasion, extraterrestre ou non? » Mh... Cela m'a l'air d'être des sujets brulants. Des sujets qui pourraient intéresser captain akward. « Voilà une ville qu'il m'a l'air en péril... » J'ai pris ma voix de super héroïne et je le vois qui me fait un large sourire avant de recommencer à feuilleter mes dessins. « Mais pourquoi il est bizarre comme ça ton super-héros? » « Parce que les gens bizarres sont les plus marrants. Et puis c'est plus intéressant à écrire qu'un bellâtre stupide. Et puis je peux pas faire un héros type Iron Man, il est trop sassy pour moi. J'trouverais jamais assez de réplique à la seconde. Captain Akward, il est comme moi. On se comprend. Je sais ce qu'il fera. » « Et moi, j'pourrais être un Captain Akward aussi? » « Bah j'en dessine qu'un, il n'a pas de sidekick parce que je trouve ça un brin réducteur pour le personnage en question mais... Il pourrait rencontrer une super-héroïne super-top et super-akward elle aussi, et ils combattraient le crime ensemble? » Il acquiesce et me rend les dessins que je range. Il m'a remis sur le droit chemin, je ne doute plus, je sais où va Captain Akward maintenant. J'suis sûre que le fils de Nick adorera. Et Nick aussi même s'il n'osera pas l'avouer. « Allez viens, on va se prendre une bière et réfléchir à comment se répartir le boulot pour protéger la ville. » J'acquiesce et je me lève. « J'te préviens tout de suite qu'il ne faut pas que  ça empiète sur mon vrai boulot hein... » « Quel boulot? » « Inspectrice. J'arrête les méchants même sous ma vraie identité. » Il a une moue pensive puis il acquiesce. Ouais, apparemment, c'est cool. « Et je m'appelle Juliet au fait. Juliet Reed. » « Tucker, Tucker Johnson. Mais tu peux m'appeler Captain Akward si tu préfères... » Il se tourne vers moi pour me serrer la main avec sérieux. Enfin, un air sérieux qui dure à peine de millièmes de seconde. « Quoi que vu que c'est nos identités secrètes, il vaut peut-être mieux pas les dévoiler aussi facilement. » « Mais du coup, notre identité secrète à tous les deux, c'est Captain Akward. » Il acquiesce avec un large sourire. C'est vrai que c'est plutôt cool. On partage la même identité. Ça nous fait une sorte de don d'ubiquité presque. « La ligue des Captains Akward... »

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« Encore!! » Et je tends mon verre à Lily qui rigole doucement. « Tu sais, je suis pas sûre que boire pour oublier soit une solution. » J'agite mon verre avec insistance pour qu'elle arrête de chipoter. « Ok, c'est bon, tu peux finir ma réserve de vins. » Et voilà, c'est un bonne amie ça! Je plonge mes lèvres dans ce délicieux vin. Lily est parfaite, et ses goûts en vin sont aussi parfaits qu'elle. « Non, mais franchement, comment il peut oser me faire une scène de jalousie? » Lily hausse les épaules. « Tu sais, les hommes et leur égo... » « Ah non, mais celui-ci tu ne le connais absolument pas. Je t'en ai jamais vraiment parlé! » Oui, on parle de pas mal de trucs avec Lily mais mon copain, ça n'en fait pas franchement partie d'habitude. Là, j'suis tellement en colère que je pourrais tout balancer. Et je vais le faire. « Parce que celui-là, la fidélité, c'est franchement pas son truc. Je t'explique même pas. » Mais je lui explique quand même. « Si on est venus à Pasadena, c'est parce qu'il voulait reprendre à zéro, certes. Mais s'il voulait reprendre à zéro c'est parce qu'il m'avait largué pour une gamine. Certes, il avait vingt-huit ans et elle vingt, ils étaient majeurs et vaccinés, mais voilà! » Lily me regarde, totalement stupéfaire. Et non, elle ne savait pas. Faut dire que je le balance pas à tout le monde. « Il est revenu comme un con huit mois plus tard. » « Et tu l'as laissé revenir comme une conne? » Je rigole doucement devant son air paumé. « Tu me connais, j'suis le genre de nana à accueillir des chiots paumés qui errent dans la rue! » Voilà, elle a l'air choquée, mais ça lui arrache un léger sourire. « Non, mais j'étais bien avec lui, avant tout ça. C'est confortable d'être en couple, t'as rien à faire, t'as quelqu'un sur qui poser tes pieds froids le soir, ya quelqu'un qui t'attends quand tu rentres le soir. Et puis franchement, il est plutôt top au lit. » Lily a perdu son air choqué et elle me regarde, pensive. Comme si j'étais très étrange, mais que ce que je racontais semblait faire sens. Mais juste vite fait. « J'suis pas franchement possessive comme fille. Il paraît que c'est parce que je suis pas amoureuse. C'est ce que me disaient mes copines à Austin... » Je hausse les épaules et ça lui arrache un rire. « Évidemment, si c'est confortable en couple, pourquoi tu te ferais chier à essayer d'être heureuse. » Je sens une pointe d'ironie dans son ton mais également une certaine approbation. « Enfin bref, on se remet ensemble, il dit vouloir tout reprendre à zéro et tout faire bien, du coup, il me fait quitter austin pour ici... Heureusement que c'est sympa dans le coin. Et au final, je suis sûre qu'il me trompe ici. Tu sais comment on dit, que ce sont les infidèles qui sont les plus jaloux. »  « Et toi tu t'en fous? » Mon haussement d'épaules semble de toute évidence signifier que oui, je m'en fous. « Mais ça me saoule d'être ouverte d'esprit quand lui ne fait aucun effort. » « En même temps, si tu lui racontes que tu fais des rêves érotiques avec d'autres hommes... » Ouais, c'est vrai que j'avais pas raconté ma vie avec mon mec à Lily, mais elle est courant du fait que Jeff a une fâcheuse tendance à squatter mes rêves. Ça la fait tellement rire en plus. La vile. Elle arrête pas de me dire que je devrais essayer de passer aux travaux pratiques plutôt que de me contenter d'en rêver.  « Ouais... J'suis honnête, que veux-tu? Et puis c'est pas comme si je pouvais faire quelque chose pour mon subconscient. Et c'est surtout pas comme si j'avais envie de lâcher Jackson pour aller fricoter avec Jeff. En plus, j'ai beau pas être exigeante pour la fidélité des autres, ça ne fait pas de moi quelqu'un de moins fidèle. C'est comme ça. » Elle finit son verre et se ressert, me présentant la bouteille. Je tends mon verre que je viens de finir. « Allez, on va finir mes bouteilles de vin pour que tu oublies. Et quand tu seras suffisamment bourrée, tu appelleras Jeff et tu oublieras totalement Jackson. Je suis sûre que ton prétendu collègue adorera un coup de téléphone à minuit. »