close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ?
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L'premier qui l'regarde... j'le défonce à coup d'pelle
Tyler Keynes
◊ STATUT : je suis en couple, enfin pacsé. j'avais aussi deux merveilleux enfants ... ◊ TU DORS OÙ CE SOIR ? : nulle part, c'est déjà assez dur de vivre au présent. ◊ AVATAR : matt bomer. ♥ ◊ CRÉDIT : castiells (avatar).
Sujet: close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ? Lun 3 Fév - 16:19
Tyler Sage Keynes
« feat. matt bomer »
Hey l'asticot ! Tu veux un bonbon à la menthe ? Bah réponds d'abord à mes questions, c'est pour savoir si t'es fiable. Commence par me dire ton nom l'zigoto ! « Moi, c’est Tyler. Tyler comme mon grand-père. Mes parents ont choisi celui-ci pour la simple et bonne raison que le père de ma mère était un héros ou un vétéran si vous préférez. J’aime assez, je ne vais pas m’en plaindre même si son histoire ne m’intéresse pas plus que ça. J’dis pas que je ne suis pas proche de ma famille mais mon grand-père, je ne l’ai jamais connu alors … Mon deuxième prénom, c’est Sage. Ouais, je sais c’est un prénom de fille. Enfin, c’est ce qu’on dit. Peut-être que mes parents ne s’attendaient pas à un garçon ? Faudra que je leur demande un d’ces jours. Quant à mon nom de famille, bah c’est le même que celui de mon père, Keynes. J’vous raconterais bien une belle histoire sur les ancêtres de mon paternel et les générations de Keynes mais je n’en connais aucune, j’vais pas inventer. » La loose ! Ensuite, dis-moi comment les autres t'appellent. « Pour la plus part des gens, c’est Ty. Ouais, comme la bouffe. C’est le diminutif logique et c’est toujours mieux que Titi... Ma sœur adore les surnoms débiles, elle en donne à tout le monde donc je n’y ai pas échappé non-plus. Sinon, mes élèves m’appellent Monsieur ou Monsieur Keynes. Ça me plait, ça me fait me sentir supérieur, muahahah. Sinon pour mes enfants, c'est Papa et ça me rend tellement fier ! » Pauv' toi. Maintenant je veux savoir ta date de naissance, et lésine pas sur le lieu ! « Je suis né le 21 décembre 1979. J’ai mon anniversaire quelques jours avant Noël, j’vous dirais bien que c’est cool, que ça fait plus de cadeaux sous le sapin sauf que bah c’est le seul moment de l’année où j’en reçois donc c’est pas si terrible que ça finalement. Sinon, j’ai vu le jour dans la belle ville d’Austin. C’est pas trop trop loin d’ici et j’aime beaucoup cette ville même si elle ne vaut pas Pasadena. Bah oui, Aspen n'est pas là-bas. » T'es pas gâté toi. Et en plus bientôt retraité, t'es juste bon à jeter ! Bon alors, faut aussi que tu m'dises sur quoi t'es branché. « J’suis hétéro à deux cents pour cent. Quoi que non, j’suis Aspenophile ! Bah quoi ? Tu peux me dire toi qui pourrais réussir à résister à sa petite bouille d’ange ? Ouais, je sais que parfois, c’est plus un démon qu’autre chose, elle arrive même à devenir limite effrayante mais bon, on l’aime quand même. » Boooooring. C'est pas tout, dis-moi ce qu'il en est de tes relations. « Je suis pacsé avec la Forman et je suis aussi le papa de deux ... d'une merveilleuse petite fille : Lilly. Son frère, Jules, est mort le mois dernier. » Heureusement pour les autres ! Par contre ta tête ne me parle pas, redis-moi depuis quand tu es là. « J'te demande pardon ?! Heureusement pour les autres de quoi ? Que mon fils ait perdu la vie ?! Mais tu te prends pour qui ?! Ouais, c'est pas c'que tu voulais dire ... pfff. J'suis à Pasadena depuis que j'ai quatre ans, je suis parti quand j'avais dix-neuf ans et je suis revenu neuf ans plus tard. » J't'ai à l’œil, n'touche pas à mes noisettes ! Je trouverai toujours un moyen de te châtier. Tu deales quelle genre d'affaires déjà ? « J’suis prof de lettres. Tu sais la matière où tu dois lire pleiiiins de livres super passionnants. Nan, enseigner : c’est ma passion. C’est plus qu’une vocation. » Qu'est-ce que je m'ennuie ici. Parle-moi un peu de toi. « Moi, j’suis celui qui nourrit les canards, c’est trop le bien les canards ! Nan, plus sérieusement, je suis quelqu’un de gentil qui peut sembler un peu niais mais en fait pas tellement. J’aime bien rigoler et je vois la vie du bon côté. Je ne suis pas le genre de gars à déprimer parce que sa vie se barre un peu en sucette. Et étant le plus gros boulet que vous n’avez jamais vu, ça arrive souvent. Je ne suis pas réellement influençable mais quand il s’agit d’Aspen ou d’Elliot, je perds tous mes moyens. Ils ont un pouvoir sur moi, c’est impressionnant. Sauf que j’ai décidé une chose : ne plus jamais les écouter l’un à propos de l’autre, ça finira toujours mal et au final, j’en prendrai plein la gueule. Sinon, je suis loyal, je dirai bien fidèle mais Aspen viendrait me contredire avec son lance-flammes alors … En tout cas, je ne suis pas très jaloux, un peu certes mais pas trop. Me battre, c’est pas trop mon truc, j’suis plus intellectuel mais bon, j’suis pas non plus du genre à rester planter comme une asperge sans rien faire pour me défendre. BREF, JE SUIS UN GENTIL BOULET PACIFISTE. » Ça envoie du lourd... ! Une dernière avant ton bonbon à la menthe, dis-moi qui se bat pour toi. « Ils se battent tous pour moi ! Non sérieusement, je ne sais pas trop. Je dirai Ross ou Chandler ou même Léonard ? En tout cas, je ne rentre pas dans les autres teams. » Ok, tiens le voilà ton bonbon à la menthe !
Question pour un champion !
Qui de la poule ou de l’œuf est venu en premier ?
Chez vous, impossible de dîner en famille sans ?
Dans votre sac de voyage, vous avez déjà rangé ?
Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ?
Le soir, vous vous détendez devant votre émission de télé préférée ?
La dernière fois que vous avez fait l'amour, c'était ?
dis-moi ce que tu caches sous ton tablier
pseudo : Edoxe aka Marine. présence : Je passe par là tous les jours mais niveau présence rp, je dirai seulement le weekend. le secret d'alvin : Il est ALVIN! commentaire sur le forum :où l’as-tu découvert : Par Elo sur PRD si j'ai bonne mémoire ... je sais plus ! pfff, dis entre toi et moi, t'as bien une préférence parmi les admins ? bon moi j'voterais pour moi (Sheldon) et après Alvin, les quatre autres sont des proies trop faciles. On les met trop rapidement dans le lit, ils préfèrent leur vie remplie de pêchés que la science : J'aime tout le monde, pas de favoritisme! Sauf peut-être pour moi?
CODES BY CATSOON
Dernière édition par Tyler Keynes le Dim 9 Mar - 11:52, édité 2 fois
L'premier qui l'regarde... j'le défonce à coup d'pelle
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Sujet: Re: close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ? Lun 3 Fév - 16:19
- we are family -
« Tyler ? » J’arrête de déballer mon carton et je vais voir maman dans la cuisine. Elle a un gros ventre maintenant, elle dit qu’il y a un bébé dedans mais j’ai du mal à y croire parce que c’est grand un bébé quand même. « Ouiiii ? » Elle me sourit en m’ébouriffant les cheveux. « On a déballé toute la cuisine et j’aimerai nous faire des crêpes pour ce soir, tu voudrais bien aller voir les voisins pour leur demander si on pourrait leur prendre un peu de sucre ? » J’acquiesce d’un petit signe de tête. Ce n’est pas que j’ai peur mais je suis timide, j’ai que quatre ans quand même. Mais j’ai entendu maman dire à papa que ce quartier était très familiale et que tout le monde est gentil alors, je n’ai rien à craindre. Je sors de la maison et je regarde à droite puis à gauche. La maison de gauche, elle est très grande et le portail à plein de piques. Celle de droite est moins grande mais il y a une piscine et puis le jardin, il est joli. Alors moi, je vais à droite. Arrivé devant la porte, je lève la tête et fixe le bouton de la sonnette. Pourquoi ce n’est pas papa que Maman a envoyé ? Je suis trop petit moi. Je regarde tout autour et je vois que par terre, sous un arbre du jardin, il y a une épée en plastique. Je vais la chercher et je commence à jouer avec avant de me souvenir pourquoi je suis là. Le sucre. Je retourne sous le porche et pointant l’épée vers le ciel, je saute pour pouvoir appuyer sur le bouton de la sonnette. DING DONG ! Gagné ! Je souris. L’épée en main, je pose la pointe sur le sol et m’appuie dessus. Quelqu’un vient ouvrir et cherche qui a bien pu sonner. La dame va refermer la porte quand elle m’aperçoit enfin. « Tiens, bonjour toi. » Je rougis jusqu’aux oreilles, je ne suis pas très doué pour parler aux gens. « Bon… bonjour. Ma maman, elle m’a demandé de venir demander du sucre pour faire des crêpes. J’habite lààà. » Je pointe ma nouvelle maison du doigt avant de me retourner vers la dame. « Bien sûr, entre. Je vais t’en donner. » J’observe l’intérieur, c’est plutôt accueillant. Je suis la dame dans sa cuisine et lorsqu’on passe devant le salon, je ne peux m’empêcher d’y jeter un coup d’œil. Il y a un garçon comme moi devant la télé sauf qu’il a quelque chose dans les mains, c’est comme une télécommande sauf qu’il appuie sur tous les boutons en même temps. Je suis impressionné mais je n’ai pas le temps de m’attarder sinon maman ne va pas être contente. Papa, il dit que comme maman a un bébé dans le ventre, elle est plus souvent de mauvaise humeur. Et je n’aime pas du tout quand maman est de mauvaise humeur … elle m’envoie toujours jouer dans ma chambre. « Tiens, ton sucre. » Je lève les yeux vers la dame qui me tend un petit bocal. « Merci. » Rien que de penser aux crêpes que maman va faire avec, j’en ai l’eau à la bouche. « C’est mon épée ! » La voix d’un garçon se fait entendre et je me retourne un peu paniqué. « Pa…pardon, je n’atteignais pas la sonnette. Je l’ai trouvée dans le jardin. » Je la lui tends en baissant les yeux. Il s’en saisit puis me sourit. « Dis, tu veux jouer avec moi ? » me demande-t-il en agitant l’espèce de télécommande qu’il avait dans les mains tout à l’heure. Alors c’est ça ? Un jeu ? Cool ! « Euh ... je dois demander à ma maman si je peux d'abord ... » La dame me sourit. « Je vais y aller pour toi si tu veux, comme ça je me présenterai moi-même et je leur dirai que tu passes l’après-midi ici. » Je saute de joie et elle me tapote sur la tête en reprenant son bocal. Le garçon retourne dans le salon en courant. « Aller viens ! » me crie-t-il. Je le suis et il me tend une de ces espèces de télécommande. « Je m’appelle Elliot ! » Dit-il en s’asseyant sur le canapé. « Moi, c’est Tyler… mais je sais pas jouer. » Je baisse les yeux une nouvelle fois. Elliot me fait signe de venir prendre place à côté de lui. « C’est pas grave, je vais t’apprendre. Et au moins, je suis sûr de gagner ! » Il se met à rire.
« Tyleeerr ! » Je relève brusquement la tête, mon siège bascule en arrière et dans un énorme fracas, je m’étale comme une merde sur le sol. Vicky débarque dans ma chambre et sans se préoccuper de savoir si je vais bien ou non, elle me saute dessus. Toujours par terre, je grogne. « T’es lourde ! » Ma petite sœur se redresse, posant ses deux petites mains sur mon torse, puis me tire la langue. « C’est pas vrai d’abord ! » Je soupire. « Qu’est-ce que tu veux ? » Elle penche la tête sur le côté et réalise qu’elle a oublié. Je me mets à rire alors qu’elle cherche ce pour quoi elle est là. J’en profite pour la pousser et me relever. « Je sais pluuus ! Mais viens jouer avec moi ! » Elle s’agrippe à ma jambe et me fais son regard de chien battu. « Désolé Puce mais je dois aller retrouver Elliot. » Elle semble horriblement déçue mais me lâche tout de même. Elle sait que rien ne peut se mettre entre un « rendez-vous » entre Mario et Luigi. La tête baissée, elle quitte ma chambre en trainant son doudou derrière elle. Je me rachèterai. En attendant, j’attrape ma veste, enfile mes baskets et je m’en vais chez mon voisin préféré. Je ne prends même pas la peine de sonner après tout, j’y viens si souvent depuis des années, que je fais presque parti de la famille maintenant. En fait, on pourrait presque dire que les Bowman et les Keynes sont une seule et grande famille. Nos parents s’entendent à merveille, Wendy et Vicky sont amies et Elliot, bah c’est mon Mario ! Je monte à l’étage et retrouve Elliot dans son antre. « T’es en retard. » me lâche-t-il avant de sauter sur ses jambes. Euh … pourquoi est-ce qu’il semble prêt à partir ? On va où ? « Tu te souviens l’autre jour quand tu m’as embarqué dans ce plan drague minable avec les jumelles ? » J’acquiesce d’un signe de tête un peu inquiet. « Tu m’es redevable, alors comme Wendy est malade et que les parents ne veulent pas qu’elle reste toute seule à la maison dans cet état. Aujourd’hui, tu seras nounou Tyler ! » J’écarquille les yeux. Oh non, pas ça ! Je vais ouvrir la bouche mais il ne me laisse pas le temps d’en placer une. « Nop ! Tu ne discutes pas ! » « Mais … ! » « Ah ! » Elliot lève le doigt de son air sérieux et se dirige vers la porte de sa chambre sans me tourner le dos. Il a peur que je l’attrape et le ligote sur son lit ? Quoi qu’en voilà une idée intéressante ! M’ouais non. Il a raison, je lui suis redevable, même si j’aurai préféré qu’il me demande de l’aide avec les filles plutôt que de jouer la nounou. « J’te hais. » Il me fait un immense sourire puis déguerpi en vitesse. Je soupire en me laissant tomber sur son lit. « Elliot ? » La voix cassée de Wendy me parvient et je n’ai pas le choix que d’aller la voir. Je pousse la porte et passe la tête dans sa chambre. « Tyler ? Il est où Elliot. » Hm, très bonne question. Je me rends compte que je ne lui ai même pas demandé où est-ce qu’il allait. « Il vient de sortir, il m’a appelé pour m’occuper de toi pendant qu’il est pas là. Je peux entrer ? » Elle hoche la tête, je passe alors la porte puis je viens m’assoir sur le bord de son lit. « Tu ne devrais pas dormir un peu ? » Elle baisse les yeux. « Je n’y arrive pas. » Elle semble bien malade, ça me fait un peu de peine surtout que la semaine dernière, c’était Vicky qui était dans cet état-là. Elle a dû lui refiler ses microbes. Je me lève et m’approche un peu plus de Wendy. « Redresse-toi, on va essayer quelque chose. » Elle s’exécute en me regardant intriguée. Je retire mes chaussures et grimpe sur son lit. Je me place derrière elle m’adossant contre le mur puis lui fait signe de s’allonger contre moi. Elle semble perplexe. « Quand Vicky est malade et qu’elle n’arrive pas à dormir, je me mets derrière elle comme ça pour la surélever, ça lui permet de mieux respirer et elle s’endort comme un bébé. Tu veux bien essayer ? » Elle acquiesce d’un petit signe de tête avant de coller son dos contre mon torse et sa tête contre mon épaule. J’enroule mes bras autour d’elle et la serre contre moi. « Tu es bien installée ? » « Oui … mais tu n’as pas peur de tomber malade à cause de moi ? » Je l’embrasse sur le haut de la tête. « Ne t’en fais pas pour ça. » Elle sourit puis au bout de quelques minutes, s’endort profondément. Je ne tarde pas à faire de même. Ca va en tant que nounou improvisée, je ne m'en sors pas trop mal.
« VICTOIRE KEYNES ! Reviens ici tout de suite ! » Humm … c’est quoi ce raffut. J’ouvre progressivement les yeux, baillant aux corneilles. Un léger coup d’œil à mon réveil me fait grogner. Il est deux heures du matin bordel. « Ça va, ça va … pas besoin d’gueuler. » Ouah, ça va chier. Je soupire en m’extirpant de mon lit. J’enfile mon jogging ainsi qu’un tee-shirt puis je descends lentement l’escalier. Maman se tient dans l’entrée du salon alors que papa et Vicky sont tous les deux dans le couloir donnant sur toutes les pièces du rez-de-chaussée. En m’apercevant, maman m’implore du regard. Elle veut que j’intervienne … mais je ne sais même pas ce qui se passe ! « Pap- » « Oh toi, ne te mêle pas d’ça ! » Bon d’accord, ça, c’est dit. Je n’ai jamais été en très bons termes avec mon père, mais je ne pensais pas que ce serait aussi le cas de ma sœur. « Tu n’as que quatorze ans ! Tu crois vraiment que tu peux te permettre de sortir et de rentrer dans cette maison quand ça te chante ? Il est deux heures du matin bon Dieu ! Tu es ivre si ce n’est pas complètement stone ! Où étais-tu ?! » Ah oui, je comprends mieux. D’ailleurs, je ne dois vraiment pas être réveillé pour ne pas avoir remarqué l’état de Vicky. « Réponds-moi ! » Elle s’approche de papa, titubant à moitié. « Je … » BWEEERK ! Oh la vache ! Alors que j’explose de rire en descendant les quelques marches qui me séparent du sol, maman se précipite dans la cuisine pour attraper une bassine. Papa est recouvert de vomi, je ne l’ai jamais vu aussi enragé … c’est énorme ! Maman me tend la bassine et je la place devant ma sœur qui y agrippe ses mains de chaque côté. Je la prends avec moi et entreprends de la faire monter les escaliers, ce qui n’est franchement pas gagné. Je laisse aux parents le soin de tout nettoyer. Lorsque Vicky atteint enfin son lit, elle n’a plus rien à rendre et s’endort comme une masse. La première cuite de ma petite sœur. Moi qui pensais avoir tout fait, dégueuler sur mon père … c’est tellement … génial ! C’est horrible ce que je dis, mais j’suis vraiment fier de ma sœur. Ahah ! Je retourne me coucher, mon père est sous la douche et ma mère … ma mère rit discrètement en passant la serpillère dans le couloir. Cette nuit restera dans les mémoires !
- the first love is the worst -
Me voilà dans le car à attendre impatiemment d’arriver au camp. ‘Fin impatiemment, c’est beaucoup dire. Gérer des gamines de treize à quinze ans, ce n’est pas vraiment mon délire. Quand Elliot m’a dit qu’il m’avait dégoté un super job d’animateur dans une colonie de vacances pour, je cite, « jeunes filles en fleurs », j’me suis imaginé quelque chose de ouf, tu vois. Je m’attendais à être entouré de nanas d’à peu près mon âge, un peu plus jeunes mais pas trop non plus. Pas des gamines avec des boutons pleins la tronche quoi … Eh non. J’me retrouve là, à faire du baby-sitting. Quelle merde. Bon allez. De toute façon, j’suis là maintenant alors autant m’amuser hein. Je descends du car en affichant un grand sourire, peut-être un peu forcé mais qui dit à moitié forcé, dit à moitié sincère, non ? Je m’étire rapidement avant de prendre mon sac dans le coffre latéral et de le jeter sur mon dos. Lorsque je passe de l’autre côté de l’autocar, je découvre une horde de filles qui écoutent silencieusement le speech de la directrice. J’avais espéré qu’Elliott se paye ma tête mais non. Ce sont bel et bien des gamines. Je soupire en suivant les autres animateurs. On est quatre au total dont deux nanas. Cool hein ? Ouais sauf que l’une à la bague au doigt et l’autre est venue avec son mec. Ouais, ça va être sensass !
Une colonie pour filles, mais qui a inventé ça ? Non sérieusement, on est plus au dix-huitième siècle non plus, la mixité ils ne connaissent pas ? Bah non, faut croire. J’avance en même temps que les autres pions lorsque notre boss nous mentionne. Elle nous présente comme, je cite, « des animateurs charmants, qui prendront soin de vous pendant tout votre séjour ». Bah voyons ! Je soupire discrètement essayant de garder un quelconque sourire sur mon visage. Une fois les dernières règles du camp rappelées, la directrice nous laisse assigner les bungalows aux filles, c’est assez rapide. Faut dire que pendant tout le trajet en autocar, elles ont eu le temps de faire connaissance et de former des petits groupes. Tant mieux, au moins comme ça, il y a moins de risque qu’elles fassent des histoires … quoi que rien n’est sûr, ce sont des filles. Alors que je sors d’un des bungalows après avoir aidé quelques filles avec leurs valises, deux autres s’approchent de moi. Je soupire intérieurement … quoi encore ? Aller souris, sois gentil. « Salut les filles. Moi c’est Tyler, je- » « Tu es un Dieu grec … » Ah euh … ok ? Je m’y attendais pas à celle-là. Je ris amusé en passant ma main sur la nuque, alors que sa copine la tire un peu en arrière. « Excuse ma meilleure amie mais, bon faut dire ce qui est ! T’es beau comme un dieu. » Eh bah dis donc, elles n’ont pas froid aux yeux c’est deux-là. Je souris. Elles ont quelque chose de différent des autres filles mais je ne saurai dire quoi. « Euh … Merci. Vous vous appelez comment ? » « Tu peux m’appeler comme tu veux mon chou. » Hum, peut-être pas si différentes des autres que ça finalement. « Atéa ! Moi c’est Aspen Forman et celle qui bave là, c’est Atéa Neverson. » Je souris. « Bungalow quatre, c’est ça ? » Les deux filles se jettent un regard en coin histoire de se communiquer leur joie. Eh oui, j’ai retenu où elles ont été assignées. Etrange d’ailleurs, je ne sais pas d’où je sors ça. Je crois même que j'ai déjà mémorisé tous les bungalows ... « Et le tiens c’est lequel ? » Cette Aspen m’a l’air bien sûre d’elle. J’ai le sentiment qu’elle va mettre de l’animation dans cette colonie et que pour certaines, ce ne sera plus vraiment des vacances. Je souris. « Pas loin de vous les filles. » Je lui fais un clin d’œil et je la vois qui commence à rougir avec un immense sourire aux lèvres. Sa copine la traîne avec elle alors que je me dirige vers les autres animateurs.
Je marche tranquillement entre les bungalows, m’assurant qu’aucune pensionnaire ne se fasse la malle pendant la nuit. C’est pas vraiment une mission qu’on m’a attribué mais je dors peu et mal depuis quelques temps alors … Ma lampe à la main, j’éclaire le sol devant mes pieds quand j’entends des bruits de pas. Apercevant une silhouette, j’éteins la lumière et m’approche d’elle. « C’est interdit de se promener la nuit. » La petite se retourne alors et je la reconnais. « Aspen c’est ça ? » En même temps, difficile de l’oublier, elle a quand même plus de cran que toutes ses camarades réunies. J’suis sûr qu’Elliot l’a fait exprès ! M’envoyer dans un camp pour filles, juste histoire que je ne puisse jamais être tranquille. Bien joué. « Oui. » Je soupire. « T’arrives pas à dormir ? » « Non pas vraiment … » Elle ne me regarde pas, elle évite tout contact entre son regard et le mien. « Tu vas l’dire aux autres ? » Je souris. Ça serait méchant de ma part de la balancer dès la première nuit et puis bon, c’est pas un grave crime que de vouloir prendre un peu l’air. « On va dire que ça sera notre secret, si tu m’dis pourquoi tu dors pas. » Elle me sourit puis détourne la tête vers le lac. « Tu dors pas non plus. » Elle n’a pas tort et je vois bien qu’elle ne répondra pas à ma question. Toujours debout près d’elle, j’hésite. Je reste ou je bouge ? Bon aller, je bouge. « Ne tarde pas trop, d’accord. » Elle hoche la tête alors que je commence déjà à m’éloigner. Je m’arrête au bout de quelques pas avant de me retourner. « Et Aspen, te fais pas prendre en retournant à ton bungalow. » Elle sourit, je peux le voir malgré la pénombre. Cette fille est définitivement intéressante : pleine de vie le jour et limite triste la nuit. Je me demande quelles peuvent être les bagages d’une gamine de quatorze ans.
Depuis la première nuit au camp, je passe toutes mes soirées dans un coin près du lac, là où j’ai trouvé Aspen la première fois. Elle aussi y est toujours. Elle dit même que ce sont des petits rendez-vous secrets, ça me plait assez à vrai dire. J’aime beaucoup sa compagnie. Elle est vraiment très différente des autres filles de son âge. Je l’avais déjà remarqué mais elle n’a fait que confirmer cette impression jour après jour, nuit après nuit. Ce qui est amusant, c’est qu’entre la Aspen du jour et celle de la nuit, il y a un fossé gigantesque. Quand elle est avec les autres, elle est toujours un peu fofolle, toujours agitée à trouver encore et toujours de nouvelles idées, plus farfelues les unes que les autres. Et le soir, quand elle est avec moi, elle est calme. Elle me parle beaucoup mais ce n’est pas désagréable, ce n’est pas comme si quelqu’un me parlait d’assiettes en verre pendant des heures. Ce qu’elle dit, ce qu’elle me confie, m’intéresse. Elle me parle de tout et de rien, et je me surprends un peu à faire de même. Cette connexion, cette proximité entre nous me fait peur. Si Elliot était là, je pense qu’il me dirait de faire demi-tour et de retourner me coucher … mais je ne peux pas. Je n’en ai pas envie. Atéa est venue me voir cette après-midi, elle m’a piégé et j’ai plus ou moins avoué que j’aimais bien sa copine. Je me suis fait avoir bêtement par une gamine … Aspen aussi n’est qu’une gamine … Comment est-ce que je peux m’être autant attaché à elle ? J’suis sûr que même Wendy n’y croirait pas. Après tout, je ne me suis jamais retrouvé aussi proche d’une fille. Je me suis toujours arrangé pour faire le con avant … Avec Wendy, ça ne compte pas. Elle est comme ma sœur. Mais Aspen … elle entre à peine dans l’adolescence, c’est une enfant. Et moi, j’ai dix-huit ans. Je me stoppe finalement à mi-chemin. Je ne peux pas. Je ne dois pas. C’est indéniable : elle me plait. Oh puis merde, à bat les règles ! Je reprends malgré tout la direction du lac. Elle est là, elle m’attend. En m’entendant, elle se retourne et avance d’un pas. Moi, je reste en retrait. « J’ai cru que tu ne viendrais pas … » Je baisse les yeux. « Moi aussi … » « Pourquoi t’es venu alors ? » Je soupire, je ne sais pas quoi lui dire. Je ne veux pas l’encourager mais je ne veux pas non plus lui mentir. Je … j’ai horreur de cette situation. « Parce que je savais que tu serais là et c’est mon rôle de te surveiller. » Elle lève les yeux au ciel avant de s’approcher un peu de moi. « Pourquoi tu mens ? » « J’te mens pas, tu … tu devrais aller dormir. » Putain qu’est-ce que j’ai l’air convainquant ! Sérieux Tyler mais qu’est-ce que tu fous ?! « J’ai pas envie. » Ah bah tiens, ça m’aurait étonné. « Aspen … » Je dois écraser ses espoirs, elle ne doit pas s’imaginer qu’il pourrait se passer quoi que ce soit entre nous. Certes, je l’apprécie mais non, on ne peut pas. C’est ainsi et pas autrement. « Pourquoi t’es méchant avec moi ? Pourquoi t’es si froid ? » Fais pas ça, rends pas les choses encore plus difficiles. Je pose enfin mon regard sur elle et prends un air quelque peu sévère. « Va te coucher ... C’est un ordre. » Sur ce, je fais demi-tour et prends le chemin de mon bungalow. Tyler, ne te retourne pas où j’te jure que je t’assomme ! « Tyler ! » Je suis presque rentré dans mes quartiers que j’entends sa voix. Je me retourne. Pitié laisse-moi, laisse-moi avant que je ne commette l’irréparable. Mais non, elle s’avance vers moi avec un sourire alors que je reste immobile, neutre. « Aspen je … je n’peux pas … » Elle avance encore. « Pourquoi ? Je te plais pas ? » Je soupire. « Je suis ton pion et … et t’es plus jeune que moi. » « Ça me choque pas moi. » Peut-être mais c’est pas bien. Je suis sûr qu’au fond de toi, tu le sais alors arrête. Je t’en supplie. Elle s’avance une nouvelle fois et plus que quelques centimètres nous séparent. J’ai beau lutter mon regard ne peut se détacher de son visage, de son tout mignon petit visage. Je … Non. Tyler, résiste ne … Trop tard, je ne sais pas pourquoi ni comment, mais je l’attrape par la taille et l’attire vers moi. Je relève son visage et le contemple quelques secondes avant de poser les lèvres sur les siennes. Je sais que c’est mal mais c’à n’a plus d’importance. Je … je crois que je l’aime. Elle ne me repousse pas bien au contraire, elle me rend mon baiser en plus passionné, plus fougueux. Je ne peux pas me détacher d’elle, j’aime son contact. Je la serre un peu plus contre moi, la décollant du sol. D’une main, j’ouvre la porte de mon bungalow et l’y entraine. Je ne sais plus ce que je fais, elle n’est alors plus une gamine de quatorze ans, mais la femme dont je suis en train de tomber amoureux. Je suis conscient que je fais une bêtise, mais je ne peux me résoudre à revenir en arrière. Je la veux tellement. Les autres n’ont plus d’importance, la seule qui en a, c’est elle. Mes mains glissent le long de son corps alors que je l’embrasse dans le cou, elles s’arrêtent sur sa chemise que je déboutonne aisément. Puis soudain, j’ai comme une prise de conscience : elle n’a que quatorze ans. Je la regarde avec un air relativement sérieux. « T’es sûre ? » « Plus que sûre. » Elle n’a pas une seule hésitation et je lui fais confiance. J’espère vraiment qu’elle ne regrettera pas tout ça demain matin … Son regard insiste pour m’assurer qu’elle sait ce qu’elle fait. Je souris avant de l’embrasser langoureusement et de défaire un par un, les boutons de son jeans …
Ce matin, en me réveillant et en la trouvant collée à moi, je suis tout à fait calme. Je ne regrette absolument rien, je ne me sens pas coupable non plus. Je suis simplement calme et heureux qu’elle ait voulu partager cette expérience avec moi. « T’as bien dormi ? » « Peu et toi ? » Ce n’est pas surprenant. Je n’ai pas beaucoup dormi non-plus, je ne pouvais m’empêcher de penser à elle et à la fin de l’été. Sans parler de la petite voix d’Elliot dans ma tête qui me traitait d’abrutit, de pervers et de faible petit boulet. « Pareil, t’es belle quand tu dors. » Elle rougit et je ne peux m’empêcher de sourire. Elle est tellement mignonne. « Arrête je dois être moche, j’ressemble plus à rien. » Je ris. « C’est pas drôle, je dois faire peur. » « Faux. T’es belle. » Et c’est très vrai. Je la vois qui ne sait pas quoi dire. Je l’embrasse sur le nez. « Tu sais que … j’vais devoir y aller … fin … j’veux pas que … » « Je sais. » Je souris. C’est vrai que même si j’assume entièrement mes actes, se pointer ensemble devant tout le monde ne serait pas une bonne idée. Je pourrais même me faire arrêter en fait … Ouais, non. Très mauvaise idée. On se lève tous les deux et Aspen se retourne vers moi en tenant mon tee-shirt. « Tu … tu crois que j’peux le garder ? » Je souris. « Si tu le montres pas à tout l’monde … » Elle trépigne de joie et m’embrasse tendrement. Je la regarde se mordiller la lèvre alors que je m’habille tranquillement. « Et si c’était mon intention ? » Je baisse les yeux. Hier soir, c’était génial sauf que maintenant … maintenant, ce n’est plus un rêve, c’est la réalité. Et dans cette réalité, il n’y a pas de place pour un « nous » devant les autres. « Tu sais bien que … » Elle acquiesce d’un signe de tête. « Tu peux pas et j’vais te mettre en retard. » J’ouvre la porte du bungalow puis jette un coup d’œil dehors. Tout est encore bien calme et le camp semble encore endormi. Je souris. « La voie est libre. » Aspen sort rapidement mais je l’attrape par le bras. « T’as oublié ça. » Je la tire alors contre moi l’embrassant tendrement sur les lèvres. Ne crois pas que j’ai honte de toi parce que c’est faux. C’est un peu le message que je voulais faire passer. Je ne sais pas, je pense qu’à sa place, j’aurai douté pendant au moins quelques secondes. Mais quelques secondes, c’est déjà plus que pas du tout. Désorientée, je la regarde retrouver son chemin vers son bungalow.
VRRRR VRRRR VRRRR VRRRR … Je grogne en me retournant dans mon lit. Péniblement, j’ouvre les yeux. Mon réveil affiche quatre heures. Du matin. Mais qui est-ce qui peut m’appeler à une heure pareille ? J’attrape mon portable qui continue de vibrer. Elliott ? Eh merde. Je suis arrivé hier à Bloomington et je ne l’ai pas vraiment prévenu. Enfin, disons que j’en ai parlé vite fait avec lui mais ça ne va pas vraiment plus loin. Oh mon dieu, il va me tuer ! Le pire, c’est que j’ai prévenu Wendy ! Je suis un homme mort. « Al- » « TOI !! T’es sérieux ? Tu pars comme ça ? Même pas tu viens m’en parler ? C’est Wendy qui me l’a dit ! Elle vient de me réveiller pour me l’annoncer, s’te plait ! Et lui en veut pas, elle a bien fait ! Nan mais t’es pas bien dans ta tête toi ?! Grrr ... Tyler ! Pour cette gamine en plus ? Et tu laisses tomber le droit, non mais t’es fou ?! … » Je soupire. Et il s’étonne que je ne lui ai rien dit ? Vraiment. « Elliot- » « Non, tu te tais et tu m’écoutes. Tu sais déjà ce que je pense de tout ça mais je vais te le redire encore une fois parce qu’apparemment ce n’est pas bien rentré dans ta caboche… ELLE A QUATORZE ANS !! » Il crie tellement fort que je dois écarter le téléphone de mon oreille. Mais bordel, il est quatre heures du mat … QUATRE HEURES ! Je baille avant de me rallonger dans mon lit. Je pose le téléphone sur l’oreiller à côté de moi et je laisse Elliot parler. Il va bien finir par se rendre compte qu’il parle tout seul. Moi ? Je vais finir ma nuit. On verra ça demain matin.
Je me fais réveiller par le soleil, bon ce n’est pas très agréable mais c’est toujours mieux d’ouvrir les yeux à cause de son meilleur ami qui vous pète une durite au téléphone. D’ailleurs, je jette un coup d’œil à mon portable et … surprise ! Il n’a pas encore raccroché. Ce mec m’épatera toujours. J’essaye de ne pas faire de bruit histoire de pouvoir aller aux toilettes avant d’avoir à subir son speech. Mais non. Je fais tomber une bouteille de bière qui trainait par terre. « GOTCHA !! » Eh merde. « Tu me laisses aller pisser ou bien ? » « Non ! Tu mérites de t’uriner dessus comme un animal ! Ouais ! Comme un chimpanzé femelle ! » Gné ? Qu'est-ce qu'il raconte encore ? Je soupire, tout en allant aux toilettes. Ah Elliot, j’te jure ! Je reviens peu de temps après, attrape le téléphone et le colle contre ma joue. « Bon, et si tu me laissais parler cette fois-ci ? T’façon, tu n’as pas le choix alors tu te tais et tu écoutes. » Il ne répond rien. Est-ce qu’il est déjà en train de se taire et d’écouter ou bien … Oh peu importe ! « Ouais, je sais qu’elle n’a que quatorze ans et que j’en ai quatre de plus. Oui, je sais qu’on pourrait me qualifier de pédophile et me foutre en taule. Et oui, je sais que ce n’est pas raisonnable à son âge de devoir cacher une relation. Mais je … je ne peux pas me passer d’elle, Elliot ! Je sais que ce n’est pas bien et que si j’étais un tant soit peu sensé je la quitterai pour qu’elle refasse sa vie. Mais toi-même tu l’as dit ! Je suis fou ! » Je l’entends rire à l’autre bout du fil. « Tu oses vraiment utiliser cet argument … MON argument pour me rallier à ta cause ? Raté ! » Je ris aussi. J’aurai essayé. M’enfin. « Et ouais, j’arrête le droit mais ça, j’le fais vraiment pour moi. T’façon, j’suis sûr que ça ne te surprend pas, le nombre de fois où je t’ai dit que j’en avais marre et que je voulais laisser tomber. Bah au moins, là : c’est fait. » Je l’entends soupirer. Sur ce coup-là, je sais qu’il me soutient. Mon père n’aurait pas voulu que j’étudie autre chose que le droit à Pasadena. Pourquoi ? Je n’ai pas trop bien compris, m’enfin … Il m’en veut pas trop c’est déjà ça. « Ouais, bah j’campe sur mes positions. Tu dois mettre fin à votre relation. Ça dure depuis quoi ? Six mois ? C’est déjà trop. Elle a besoin de stabilité, et tu es peut-être calme depuis que tu es avec elle mais avec les nanas, t’as jamais été stable … » « Justement, ça prouve pas qu’avec elle, c’est différent ? » Il soupire. Encore. « Si mais dis-toi une chose. Si vous êtes vraiment fait l’un pour l’autre, alors vous vous retrouverez sauf que bah, elle sera majeure et ça sera légal ! Et puis, pense à elle ! Est-ce qu’elle ne serait pas mieux avec un mec de son âge ? Elle a besoin d’gagner de l’expérience par elle-même et pour ça, il faut que tu la laisses … Peut-être que dans dix ans, tu me prouveras que j’avais tort, que vous étiez fait l’un pour l’autre et qu’à cause de toi et donc de moi, elle est devenue différente mais pour le savoir, encore faudrait-il que tu lâches prise … » Oh putain, il m’a eu ! Voilà que maintenant, je me demande s’il n’a pas raison. Mais merde ! Je ne veux que son bonheur, je veux qu’elle soit heureuse. Et si Elliot a raison alors pour ça faut que je la blesse … Non. Je ne peux pas. Je ne pourrais supporter de la voir souffrir à cause de moi. Mais peut-être qu’il le faut ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Ah ! Bon sang, Elliot ! « Tyler ? Ty, t’es là ? » Je ne réponds pas. Je raccroche même. J’ai besoin de penser par moi-même.
Je sais qu’Elliot a raison. Je sais que j’ai fait une grosse erreur. Je sais ce que j’ai à faire. Pourtant, je n’en ai pas envie. Je la veux elle, à mes côtés, pour toujours. Pourquoi est-ce que ça sonne si mal ? Pourquoi est-ce que je me sens si … coupable ? Pas coupable d’éprouver ce que je ressens pour elle mais de savoir ce que je vais lui faire. Ça me semble si cruel, si … faux. J’ai besoin d’elle. Et pourtant … et pourtant, je m’apprête à écouter Elliot. Quand je repense au nombre de fois où je me suis engueulé avec Aspen à cause d’Atéa et que moi, je me laisse aussi facilement « dirigé » par Elliot. Je me sens faible. Debout, face à la fenêtre, je regarde au travers. Je sais qu’elle ne va pas tarder à arriver et ça me fait peur. Je lui ai dit qu’il fallait qu’on parle mais je suis sûr qu’elle ne se doute de rien. On était … on est si bien ensemble. Comment pourrait-elle savoir ce qu’il se passe dans ma tête ? La porte d’entrée s’ouvre et Aspen lance un grand : « Tyler c’est moiiii. » Elle semble heureuse. Heureuse d’être là, heureuse de pouvoir presque appeler cet appartement sa deuxième maison, heureuse de sa vie … « Tyler ? » Je ne réponds rien. A vrai dire, les mots me manquent. Je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment me comporter avec elle. J’aimerais mieux qu’elle pense que je ne suis pas là et qu’elle revienne un autre jour. Demain. Ou après-demain. Remettre l’inévitable à plus tard … c’est pathétique. « Tyl … Ah bah t’es là. Tu te cachais ? » Je me retourne pour lui faire face mais je reste impassible. Je n’arrive pas à sourire ou à paraitre triste, j’ai juste l’impression d’être un légume … que ma vie s’envole à chaque pas qu’elle fait de plus vers moi. Elle essaye de m’embrasser mais je l’évite et elle se retrouve à me faire la bise. « Tyler … » Elle s’approche un peu plus cette fois, essayant de me prendre dans ses bras, je la laisse faire mais me détache rapidement de son étreinte. C’est trop dur, trop douloureux. J’ai juste envie de craquer, de la prendre dans mes bras et de l’embrasser. Mais non. Je dois le faire. Pour elle. « Tyler … parle-moi … qu’est-ce qu’il y a … » Aspen arrête. Arrête de prononcer mon prénom avec cette intonation-là. Mon cœur bat à cent à l’heure et j’ai mal. Tellement mal. La voir comme ça me rend dingue mais pour la première fois, je n’y peux rien. Je ne peux rien faire pour la soulager. Je ne peux pas la serrer contre moi ou lui dire que tout ira bien … parce que non. Tout n’ira pas bien. « Tyler ! Tyler ! Merde mais regarde-moi … » Je ne peux pas la regarder. Je ne peux pas. Mon regard dirigé vers le sol, j’ai l’impression d’être un gamin de quatre ans qui a fait une connerie … « Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je … Je comprends pas … t’as dit que tu voulais me parler et je ... » S’agrippant à mon bras et me secouant dans tous les sens, je finis par poser mes yeux sur elle. Elle est paniquée, à la limite de l’hystérie mais le pire, c’est de voir qu’elle a compris. Elle … Elle sait. « Non me dis pas … Non t’as pas l’droit … » Je me sens faible de lui faire vivre tout ça, de ne pas être capable de lui dire simplement qu’elle et moi, c’est terminé, plutôt que de la mettre dans un état pareil. Elle ne devrait pas avoir à deviner. Je … « Tyler, je t’en prie parle-moi … » Elle tremble, je peux le voir et le sentir. Elle … Abrège ses souffrances. Aller Tyler … Fais-le ! Fais-le !! « Tyler … je … » Tyler ! « Je te quitte Aspen. » Voilà. C’est dit. Pourtant … pourtant, c’est encore pire. Je n’ai jamais vécu ça. Je n’ai jamais regretté d’avoir prononcé ces trois mots. Mais ça … c’était avant. Avant Aspen. J’essaye de garder le cap, de ne pas faiblir maintenant mais c’est dur. Tellement dur. La voir dans cet état, non … je ne peux pas. « Tyler… si … si ... c’est une blague elle n’est pas drôle. » Une partie de moi rêve de lui dire que ce n’est qu’une blague de mauvais goût, que je ne suis pas sérieux. Mais la petite voix d’Elliot dans ma tête me rappelle à l’ordre. Je dois la laisser … « Tyler non… » ... vivre sa vie. Elle m’attrape les bras et prenant mon courage à deux mains, je plonge mon regard dans le sien. « Toi et moi c’est fini … » Je vois l’horreur qu’elle est en train de vivre à travers ses yeux. Mais non. Non. Je ne ferai rien … Tyler, résiste. « Je … T’as pas l’droit, t’avais promis ! Tu as dit que tu m’aimais … Je … Je … Qu’est-ce que j’ai fait … » Si tu le sais alors pourquoi est-ce que tu me crois ?! Dis-moi que je fais une bêtise ! Dis-moi que tu ne me crois pas ! Dis-moi n’importe quoi … Je t’aime Aspen … je t’aime. « Tyler … je t’en prie, dis-moi … regarde-moi … » C’est trop dur, je détourne le regard. Elle pleure. Elle souffre et tout est de ma faute. J’entends déjà Elliot me sortir : si tu avais su te tenir, tu n’en serais pas là aujourd’hui … et elle serait heureuse. Je sais … je sais. Je me retourne posant mon front contre la vitre. « Tyler … je t’aime … pourquoi ? Pourquoi tu m’fais ça … t’avais promis … » Je n’en peux plus. J’y arriverai pas. Des larmes commencent à couler le long de mes joues. Il ne faut pas qu’elle me voit. Inspirant un bon coup, je l’achève. « Aspen … Va-t’en. » … en m’achevant par la même occasion. Je n’ai pas la force de la regarder, je suis lâche. Je me sens ridicule. Mais merde à la fin ! « Tyler… » Je sens le bout de ses doigts me toucher le dos mais je ne bouge pas. Je ne dis rien. Je me contente de retenir mes larmes tant bien que mal dans le plus grand silence. Son contact finit par disparaitre tandis que le son de ses pas sur le parquet s’éloigne peu à peu. Soudain, un vase s’éclate contre le mur juste à côté de moi suivit d’un énorme claquement de porte. J’aurai aimé qu’elle me touche … à cet instant présent, je n’ai qu’une envie : en finir. Je me retourne pour voir l’appartement complètement vide. Mes genoux me lâchent et je m’effondre sur le sol. Je ne tiens plus et j’explose en sanglots. Je n’ai jamais … jamais pleuré comme ça. Jamais. Aspen … je t’aime. Je t’aimerai toujours. Déteste-moi, vas-y. Après tout, je me déteste déjà moi-même. Une personne de plus ou de moins. Oh mon dieu ... qu'est-ce que j'ai fait ...
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Dernière édition par Tyler Keynes le Lun 3 Fév - 18:22, édité 2 fois
L'premier qui l'regarde... j'le défonce à coup d'pelle
Tyler Keynes
◊ STATUT : je suis en couple, enfin pacsé. j'avais aussi deux merveilleux enfants ... ◊ TU DORS OÙ CE SOIR ? : nulle part, c'est déjà assez dur de vivre au présent. ◊ AVATAR : matt bomer. ♥ ◊ CRÉDIT : castiells (avatar).
Sujet: Re: close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ? Lun 3 Fév - 16:20
- new town, new people -
C’est une journée comme une autre, Aspen me déteste, je me déteste et tout le monde ne cesse de me répéter que j’ai fait ce qu’il fallait … Ouais, peut-être. Vautré dans mon canapé devant la télé, j’attends simplement que le temps passe. Les weekends sont ce qu’il y a de pire car je n’ai plus rien pour m’occuper l’esprit. Pendant la semaine, au moins, j’ai mes cours alors j’arrive toujours à trouver quelque chose à faire mais du vendredi soir au lundi matin … c’est juste l’horreur. On frappe à la porte, je tourne la tête vers l’entrée. J’ai tellement la flemme de lever mon derrière pour aller ouvrir. Je me dis qu’après tout, si je ne fais pas de bruit, la personne s’en ira peut-être. Mais non, on continue de tambouriner sur ma porte. Je soupire. « Bon Tyler, c’est quand tu veux ! » Ah ! Je fais un bond en dehors de mon canapé et me précipite pour ouvrir. « Vicky ! » Elle secoue la tête. « J’ai cru que tu ne m’ouvrirais jamais ! » J’hausse les épaules presque désolé puis je la regarde … elle, puis sa valise. Elle, puis sa valise. What ? « Mais qu’est-ce que tu fais là au juste ? » Elle soupire et me pousse pour pouvoir entrer dans l’appartement, laissant sa valise dans le corridor, je la prends et la dépose à l’intérieure avant de fermer la porte. « Je me suis tirée. J’en pouvais plus de papa et de ses règles à la con ! » J’écarquille les yeux alors que je la regarde s’enfoncer dans le canapé. MON canapé. L’amour de ma vie depuis ces dernières semaines … j’en suis presque jaloux. Hm … qu’est-ce que je raconte comme merde moi encore … « Et donc tu t’es dit que puisque t’as seulement quinze ans et que tu ne peux pas vivre par toi-même, t’allais venir squatter ici ? » Un immense sourire se dessine sur ses lèvres, et moi … moi je lève les yeux au ciel. J’adore ma sœur mais je ne me sens pas capable d’être l’adulte responsable qui veillera sur elle. « Tu pouvais pas aller trouver Elliot ? Il était moins loin. » Elle fait mine de faire la moue. Bon ok, j’ai compris. Je viens m’assoir à côté d’elle. « Qu’est-ce qui s’est passé encore ? » « Papa m’a surpris en train d’embrasser une fille. Et ça ne lui a pas plu du tout. » Je me mets à rire et elle me frappe. « Mais arrête ! C’est pas drôle ! Il a pensé que c’était encore une façon de le faire devenir chèvre mais ce n’est même pas le cas ! » « Alors quoi, tu es lesbienne maintenant ? » que je lui demande en continuant de me marrer. Elle attrape un coussin et me le balance au visage. « Titi ! Arrête de rire ! Tu sais très bien que je préfère les mecs ! Mais j’aime bien les filles aussi. » Elle me dit ça timidement, en rougissant et je trouve ça presque mignon. Je l’attrape dans mes bras quand mon téléphone se met à sonner. « C’est maman. » « Lui dis pas que je suis là ! » Je soupire. J’attrape mon portable et décroche. « Allô ? » « Dis-moi qu’elle est avec toi ?! Je t’en supplie, dis-moi que Vicky est là ! On l’a cherchée absolument partout, elle est introuvable … » Je regarde ma petite sœur et elle me fait tous les signes qui existent pour me demander de ne rien dire, seulement entendre maman dans cet état me fait de la peine. Je ferme les yeux et inspire profondément. « Elle est avec moi. » Vicky se lève et grogne, je vois bien qu’elle rêve de m’étrangler mais à la place, elle se reprend et tourne en rond dans la pièce. « Dieu soit loué. » « Ça vous dérangerait, papa et toi, qu’elle reste quelques jours avec moi à Bloomington ? Je pense qu’une petite pause entre elle et papa ne ferait pas de mal. » Tout d’un coup, les yeux de Vicky se mettent à briller et elle revient se mettre sur le canapé pour coller son oreille près du téléphone dans l’espoir d’entendre une réponse positive. « Je vais me débrouiller pour faire entendre raison à votre père mais s’il arrive quoi que ce soit à ta sœur, tu seras entièrement responsable, tu m’entends ? » Alors que Vicky ne peut pas s’empêcher de lâcher un immense « YEEESSSS », j’entends ma mère soupirer. « Oui maman, merci. » Elle nous embrasse puis raccroche alors que ma petite sœur me saute au cou. « T’es pas si nul que ça comme grand frère en fait ! » Ah bah merci !
Concentré, j’écoute le professeur avec attention. Etrangement, je me sens relativement léger. Avoir Vicky à la maison ces derniers jours m’a vraiment fait du bien. Avec elle, pas le temps de s’ennuyer et puis qu’est-ce qu’elle est vivante ! Je comprends pourquoi le courant ne passe pas entre elle et papa. Elle est trop impulsive et énergique alors que notre père préfère les gens posés et réfléchis. Bon j’dis ça mais, il ne m’aime pas trop non plus. Enfin si, mais à sa façon et ce n’est pas très chaleureux. Malgré tout, j’étais heureux de déposer Vicky à la gare ce matin. J’adore ma sœur mais actuellement n’est pas le moment. Elle a le même âge qu’Aspen et elle ne cesse de me rappeler mes conneries passées … même si dans le fond, elle n’en a même pas eu connaissance. Le cours passe un peu trop vite à mon goût … non, je ne suis pas fou, j’aime juste réellement ce que je fais. La littérature, c’est un véritable régal. M’enfin bon, je sors de l’amphi et me dirige vers la bibliothèque. C’est là que j’aperçois Vicky avec sa valise. Non … pas encore ? Je soupire en m’approchant d’elle. « Tu te fous de moi là ? » Elle me regarde avec de grands yeux comme si elle ne comprenait pas où je voulais en venir. « Laisse-moi deviner, tu es arrivée sur le quai au moment où le train partait ? » Victoire me sourit en hochant la tête, assez fière d’elle. « Tu peux me filer les clés de l’appartement ? » Elle me prend vraiment pour un con … « Non. » Je n’ajoute rien de plus et entre dans la bibliothèque. Ma sœur ne me suit pas tout de suite et je pense m’être débarrassé d’elle mais j’ai tort. Au moment où j’installe mes affaires à côté d’une jeune femme blonde, je sens qu’on m’attrape le bras. « T’es sérieux là ? » Je me retourne vers ma sœur, arborant un air dur. « Oui. Tu crois quoi ? Que tu vas pouvoir vivre avec moi ? Qu’on sera heureux et tout le tralala ? Et puis quoi encore … » Elle ouvre la bouche choquée. Je sais que je sur-réagis un petit peu mais avec Vicky, si on n'agit pas comme ça, elle ne comprends pas ... « Arrête de fuir, Vicky. Rentre chez toi. » « Mais Tyler … » Je secoue la tête. « Ça suffit, c’est terminé. Retourne à la gare et change ton billet. » que je lui lance en lui tendant un peu d’argent. Ses yeux brillent … oh non, ne pleures pas. « T’es vraiment qu’un sale con ! » cri-t-elle alors que jusque-là on s’arrangeait pour être discrets. Nice … Elle attrape l’argent que je lui tends et s’en va avec sa valise sur ses talons. Je soupire. Lorsque je regarde autour de moi, toute la bibliothèque m’observe … génial ! Je m’assois et prends ma tête entre mes mains. Je relève la tête quand un murmure me parvient. « Pas très sensible dis donc. » Pardon ? Je regarde ma voisine, la jolie blonde de tout à l’heure. De quoi elle se mêle, elle ? Sentant le poids de mon regard, elle se tourne vers moi. « Désolée, j’me mêle de ce qui ne me regarde pas mais bon, t’aurais pu la larguer plus gentiment. La pauvre gamine … d’ailleurs, tu fais dans le détournement de mineurs ? » Mais c’est qui celle-là ?! J’écarquille les yeux. Et puis c’est quoi cette histoire ? « Euh … c’était ma sœur. » Elle ouvre la bouche mais ne dis pas un mot, non pire … elle explose de rire. Non mais sérieusement, c’est quoi c’te nana … Heureusement qu’elle sait rire en silence, j’ai déjà assez attiré l’attention comme ça. Elle finit par se calmer et avec un grand sourire, elle me tend la main. « Autant pour moi. Je m’appelle Ellie. Et toi, c’est Tyler, c’est ça ? » Eh beh, elle a vraiment tout écouté … Je lui souris à mon tour et serre sa main. « Oui, c’est bien ça. » Ellie retourne à ses cours et je sors les miens quand une idée me traverse l’esprit. « Oh et va pas penser que j’suis un monstre avec ma sœur … elle a fugué, je l’ai hébergée quelques jours et ce matin, je l’ai déposée à la gare avec une heure d’avance et elle m’a fait le coup du train qui lui est passé sous le nez … » La jolie blonde me fait un clin d’œil mais ne répond rien. Hm … ok ? Bizarre cette fille mais je l’aime bien.
Allongé sur le lit, je regarde le plafond de ma chambre d’étudiant. Le sommeil ne vient pas et je ne saurais dire si cela est dû au fait que je n’arrive pas à me sortir Aspen de la tête ou bien au fait que la soirée organisée au fond du couloir bat son plein. M’ouais, c’est sans doute les deux. Je soupire lentement avant de me redresser. J’étais pourtant bien aussi dans mon appartement en centre-ville. Pourquoi a-t-il fallu que j’écoute Ellie ? Un jour, mes meilleurs amis causeront ma perte. Je m’assois sur le bord de mon lit. J’allume la lumière et attrape l’un des bouquins de la pile à côté de ma table de chevet. J’ai cinq livres à lire pour la semaine prochaine dans des langues différentes … qui a dit qu’être étudiant en lettres était facile ? Hm … moi, j’crois. Je soupire une nouvelle fois. Lorsque la porte de la chambre s’ouvre, je m’attends à voir débarquer un mec plutôt grand, les cheveux bruns et … complètement bourré. Mais pas du tout. « Désolée, désolée, désolée. » Je penche la tête sur le côté en regardant la jeune femme refermer la porte derrière elle. Elle se précipite vers ma lampe de chevet et l’éteint. « Qu’est-ce qu/ » Elle plaque sa main sur ma bouche. « Chut ! S’il m’entend, j’suis fichue. » Ah d’accord, elle fuit un mec. Je m’assois sur mon lit et elle vient s’installer à côté de moi. Hm … je n’ai pas du tout l’impression qu’elle viole mon intimité. Non, non. Ce n’est pas comme si c’était ma chambre, mon lit ou que j’étais en caleçon. Non, non. « Je m’appelle Emilia, au fait. » Ah ? Cool. J’me sens mais blasé un truc de malade. Non mais sérieusement, je suis seul avec une superbe nana dans une chambre et je n’en ai strictement rien à faire … Si Elliot voyait ça. « Tyler. » Je ne comprends pas pourquoi on chuchote. Ce n’est pas comme si le gars qui la cherche avait de super oreilles. Non mais c’est vrai, les chambres sont quand même assez bien insonorisées. « Je suis vraiment désolée de débarquer comme ça mais je n'savais pas où aller. Il campe devant ma chambre et la tienne est la seule du couloir qui n’est pas fermée à clé. » Normal. Si je la verrouille, Logan serait capable de dormir dehors. Je soupire. « Tu peux rester là si tu veux, mais moi, j’suis crevé alors bonne nuit. » J’ai rien contre elle mais je n’sais pas, j’dois être de mauvaise humeur. Je me faufile sous la couette et pose ma tête sur l’oreiller. Elle ne me répond rien. Tant mieux. Je n’ai pas envie de papoter. Je l’entends enlever ses chaussures puis … puis plus rien. Je m’endors comme une masse.
Lorsque j’ouvre finalement les yeux, je tiens la jeune femme de la veille dans mes bras. Ah … elle s’est donc endormie à côté de moi. J’essaye de me dégager sans la réveiller … mais soyons honnête, je n’ai jamais été doué pour ça. Elle ouvre les yeux, me regarde et hurle. Pris de panique, j’hurle aussi, tombant du lit par la même occasion. Mais … POURQUOI ?! Emilia explose de rire et finalement moi aussi. Tiens d’ailleurs, l’absence de grognements me fait réaliser que Logan n’est pas rentré cette nuit. J’me demande où c’est qu’il a bien pu finir encore. Bref. « Ça te dérange si je t’abandonne pour prendre une douche ? » Elle secoue la tête en me dévisageant de haut en bas à plusieurs reprises. Ah oui, j’suis toujours en calebut … Oh merde ! L’érection du matin ! Aaaaaaaaaaaaah ! J’attrape mon oreiller que je place devant mon entre-jambes et Emilia éclate de rire. « Arrête, c’est pas drôle. » Elle me tire la langue. « T’es pudique, c’est mignon. » Gêné, je ne sais pas quoi dire. Je recule, pas par pas, en direction de la salle de bain pendant que la jolie blonde continue de se marrer. En fermant la porte, je lui balance mon oreiller dessus. J’entends son rire à travers la paroi peu épaisse qui sépare la douche et la chambre ce qui me fait sourire. Plutôt intéressante finalement. « Tyler ?? » La voix d’Emilia me parvient alors que je sors de la douche. J’attrape une serviette et sors de la salle de bain. Logan est rentré et il est planté comme un con devant la porte, la bouche ouverte prête à gober des mouches. « Mh ? » Emilia se retourne vers moi en faisant des signes discrets que je ne suis pas convaincu de comprendre … « Vous vous connaissez tous les deux ? » demande Logan surpris. « Non parce que j’ai dormi d’vant la porte de sa chambre et là, elle est là alors qu’elle n’est pas rentrée cette nuit alors … » La blondinette me regarde avec insistance. Oh … OH ! Ca y est, j’ai compris. Le gars qu’elle cherchait à fuir hier soir, c’était Logan. Je ne peux pas m’empêcher de laisser échapper un petit rire amusé. « Ah euh oui. Hm Emilia, je te présente Logan, mon pote de chambrée. Et Logan, voici Emilia, hm ... » « … sa copine ! » Hein ? Ma quoi ?! Logan ouvre de grands yeux. « Sérieux ? » Il a l’air surpris mais pas tant que ça … t’façon, son visage est indescriptible. J’hoche la tête en souriant. Je passe ma main dans le dos d’Emilia, l’embrasse sur les lèvres puis tourne la tête vers Logan avec un regard triomphant, juste pour l’emmerder. « Je m’habille et on y va ? » Emilia acquiesce d’un signe de tête, elle est aussi rouge qu’une écrevisse, j’trouve ça mignon. J’attrape un caleçon, une chemise et un jean dans mon armoire puis je pars me préparer dans la salle de bain. J’arrange rapidement mes cheveux puis me voilà prêt. Je retourne dans la chambre où je trouve Logan affalé sur son lit et Emilia assise sur une chaise pour lasser ses bottes. J’avance vers elle, lui souris puis attrape sa main avant de la tirer avec moi hors de la chambre.
Je n’aurais jamais pensé que je finirais par en pincer pour cette fille. Cette jolie blonde que j’ai rencontrée alors qu’elle fuyait mon colocataire. Et pourtant. Me voilà trois ans plus tard, une bague de fiançailles dans la poche. Qu’est-ce que je me sens bête à sourire comme ça. On dirait Elliot. Habituellement, j’aurais soupiré mais pas ce soir, je suis trop … nerveux ou heureux … ou les deux à la fois, je ne sais pas. Et si elle disait non ? Ah ouais, j’serai plus heureux du tout. Assis sur le canapé, je caresse la tête d’Emilia qu’elle a posée sur mes cuisses avant de s’endormir comme un bébé. Je me sens bien. Je ne m’étais pas senti aussi bien depuis … non. Ce n’est pas le moment de devenir nostalgique. Projette-toi dans le futur et non dans le passé. Aspen, c’est … c’est de l’histoire ancienne. J’inspire profondément avant de commencer à chatouiller l’oreille de la jeune femme dans l’intention de la réveiller. Après tout, qu’est-ce que j’attends ? J’ai eu le consentement de son père et de ma grande famille. Oui, je parle de Vicky, Elliot, Wendy et Ellie. J’dois dire que celui de Vicky a été le plus dur à obtenir. Elle n’a jamais rien eu contre Emilia mais elle n’a jamais été une grande fan des femmes que je fréquentais … enfin des femmes, c’est beaucoup dire. De mes conquêtes à l’époque du lycée, ce n’est pas comme si depuis Aspen j’avais eu beaucoup de femmes dans ma vie … Juste une en fait. Aller Tyler ! C’est le moment. Lance-toi. Emilia ne tarde pas à ouvrir les yeux, son regard se posant sur la table basse où j’ai préalablement déposé la fameuse petite boîte. Elle se redresse et me regarde avec de grands yeux. Je lui souris, repoussant sa mèche rebelle derrière son oreille. Bizarrement, quand je vois comment elle me regarde, toutes mes inquiétudes s’envolent. Elle m’aime, je le sais. Elle attrape le petit coffret sur la table et, se mettant en tailleurs face à moi sur le canapé, elle l’ouvre tout doucement. « Ty ? » Un immense sourire s’affiche sur son visage. « Emilia, me ferais-tu l’honneur de devenir ma femme ? » Elle se jette à mon cou. « Oui ! Oui, oui, oui ! Je veux ! » Elle se recule et je l’embrasse passionnément. J’attrape la bague dans sa boîte, puis sa main gauche et enfin, je lui passe l’anneau au doigt. « Oh mon dieu, Tyler ! Elle est magnifique ! » Emilia balance la boite sur le tapis et vient écraser ses lèvres sur les miennes. Elle a dit oui. Intérieurement, je souris à la Elliot. Je souris comment un enfant qui vient d’ouvrir tous ses cadeaux à Noël et qui est tellement heureux qu’il ne sait pas avec lequel jouer. Oh oui, je suis heureux. Elle est parfaite. « Je t’aime. » Mon cœur bat la chamade, je l’embrasse encore et encore, descendant dans son cou, baladant mes mains sur son corps. Ce corps qui m’appartient désormais.
- you can't fight your destiny -
Logan. Soit le meilleur ami que j’ai à Bloomington. Oui, je précise la ville car c’est important. C’est Elliot le meilleur des meilleurs, mon Mario. Enfin, je dis « que j’ai » … que « j’avais » plutôt. Tout comme « j’avais » une femme. Oui, j’avais. Après trois ans de mariage, elle a fini par coucher avec l’un de mes meilleurs amis. Quand je pense qu’on s’est rencontré alors qu’elle fuyait Logan … Non, mais le délire quoi ! Et puis dans mon lit … sous MON toit ! Non. NON ! Assis au bar, j’attends. J’attends qu’Elliot passe me prendre. J’ai bu … peut-être un peu trop. Et puis, je veux rentrer à Pasadena. J’ai besoin de ma sœur. Mario ne tarde pas à débarquer. En même temps, je l’attends depuis deux heures … et j’ai eu le temps d’en boire d’la vodka. « Luigi, on y va. » Il me tire par le bras et je le suis en zigzagant. Le barman nous souhaite bonne route et on sort du bar. Oh, un taxi. Ah bah non, c’est Wendy. « Allez Tyler, monte. » Elliot m’ouvre la porte arrière et je rentre dedans la tête la première m’étalant de tout mon long sur la banquette arrière. J’ai dû m’endormir car quand j’ouvre les yeux, on est déjà presque arrivé. Mon Mario est au téléphone alors je tends l’oreille. « Oui, t’en fais pas. Il est avec moi. […] Emilia, arrête. T’en as déjà assez fait comme ça. […] Ecoute, j’lui dirai que t’as appelé. […] Ouais. Bye. » Emilia … mon cœur se serre en entendant ce prénom. Les larmes me montent aux yeux et je les laisse silencieusement couler le long de mes joues. Emilia … Wendy a à peine eu le temps de garer la voiture que la portière s’ouvre et avec une de ces brutalités en plus ! Je me redresse séchant mes yeux rapidement avant que ma sœur ne m’attrape par le bras et me sorte du véhicule en force. « J’prends le relais ! » crie-t-elle avant de me tirer derrière elle. Je jette un regard désespéré à Elliot qui se contente d’hausser les épaules. Non, il ne m’aidera pas. Vicky lui fait bien trop peur. Quant à Wendy … je crois que je préfère encore finir entre les mains de ma petite sœur qu’entre celles de la sœur de mon meilleur ami. Je me laisse alors entrainer dans la maison tel un gamin qui vient de se casser la gueule dans le jardin. Arrivés dans sa chambre, Vicky me fait m’assoir sur son lit puis elle prend place à côté de moi. « Raconte-moi. Parle-moi. » Je soupire en me laissant tomber en arrière sur la couette. Faut croire que l’alcool n’était pas encore complètement sorti de mon organisme puisque je m’endors aussitôt. Oui, quand je bois, dès que je m’allonge : je dors. Lorsque je ré-ouvre les yeux, je ne suis plus sûr mais dans le lit de Vick. Je jette un coup d’œil au réveil. Il affiche dix-sept heures. Oui … mais de quel jour ? Je me redresse. Ouuuh ma tête … « Vas-y doucement. » Assise sur la chaise de bureau, Wendy me regarde tristement. Je m’assois sur le bord du lit. Ah … j’ai fini en pyjama. Bon d’accord. Enfin pyjama … vieux tee-shirt et jogging trop grand quoi. Je fais craquer ma nuque en grimaçant puis je me dresse sur mes deux jambes. Wendy se lève à son tour, posant sa main sur mon torse. « Tyler … » Elle n’a pas besoin de continuer, j’ai compris. J’entends les voix d’Elliot et Vicky en bas. Ma sœur hurle, mon Mario essaye de se faire entendre et … et quelqu’un pleure bruyamment. Je soupire passant ma main dans mes cheveux. Je sors de la pièce, Wendy me suit et je descends marche par marche l’escalier. Oh non, je ne suis pas pressé de retrouver ma femme. Je finis par arriver dans le salon. Emilia fait un pas vers moi mais Victoire s’interpose. Un regard à Elliot me suffit pour comprendre qu’il désespère. J’avance de quelques pas et pose mes mains sur les épaules de ma petite sœur. Je me penche en avant et lui murmure à l’oreille. « Vicky, ça suffit. Laisse-moi avec elle, s’il te plait. » Elle se retourne. « Mais/ » Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que Wendy la prend déjà par la main pour la traîner en dehors du salon. Elliot, quant à lui, s’installe dans le canapé. Ahah, ça m’aurait étonné. Mine de rien, je laisse apparaitre un sourire. Cependant, il disparait aussitôt que je pose mon regard sur ma femme. « Qu’est-ce que tu fais ici … ? » Elle renifle bruyamment avant de s’avancer vers moi et de me prendre le bras entre ses deux mains. Je ne sais pas ce que Vicky lui a dit mais ça a l’air de lui avoir fait de l’effet. Elle tremble. D’un coup comme dans un flash, je revois Aspen, huit ans plus tôt, dans l’exacte même position, m’implorant de ne pas la laisser … mes yeux s’embûmes mais je ne laisse rien paraitre. Impassible, le regard inexpressif. « Tyler … rentre à la maison. Je t’en supplie … rentre à la maison. » Ses derniers mots sont presque inaudibles. « Je … je suis désolée. » Elle vient se coller contre moi et mécaniquement, je passe mes bras autour d’elle. Ce n’est plus Emilia que je vois, mais Aspen. Cette fille que j’ai brisée alors qu’elle m’implorait de ne pas le faire. Cette fille que j’aimais plus que tout au monde … Je pose mon menton sur le crâne d’Emilia. Elle semble se calmer un peu même si je suis sûr qu’elle peut sentir combien je suis tendu. « C’était une bêtise … une énorme erreur … » Je la sens qui inspire profondément et qui expire tout aussi intensément. Elle décolle son corps du mien et me regarde, les yeux trempés de larmes. « Rentre à la maison, s’il te plait. » Je n’arrive pas à lui dire non. Je n’arrive pas à m’enlever l’image d’Aspen de ma tête. Je ne cesse de revivre cette soirée encore et encore. La boîte avec son nom marqué dessus … elle est ouverte. Je … je ne peux pas revivre ça. Elliot, qui nous observe, comprend instantanément. « Tyler … » Je me retourne vers mon meilleur ami et Emilia sèche ses larmes d’un revers de manche. « Ce n’est pas mini-pouce. » J’hoche la tête. Je le sais ça … je le sais bien mais … mais je n’peux pas. Je n’peux pas revivre ça. Je souris à Emilia. « Attends-moi là. » Je sors du salon à la recherche de Vicky et Wendy. Dès qu’elle me voit, ma sœur se jette sur moi. « Tu ne peux pas repartir avec elle Tyler. Elle te fait souffrir. Tu/ » Je pose mon doigt sur sa bouche. Elle n’essaye pas de me convaincre, elle vient juste se loger dans mes bras. Je la serre contre moi, Wendy est là. Elle me regarde tristement, comme plus tôt dans la chambre. Déjà alors elle savait. Après tout, quand j’ai rompu avec Aspen, elle était la seule que j’acceptais de voir. J’embrasse mes deux princesses puis retourne chercher ma … ma femme. « Viens. On rentre à la maison. » Je ne sais pas où ça va nous mener. Je n’en ai pas la moindre idée. Mais je dois essayer. Avant de partir, Elliot me prend à part. « Tu sais comme moi que quand l’image de mini-pouce aura disparue … tout ce que tu ressentiras … sera de la haine. » Je ne lui réponds pas, je fais comme s’il n’avait rien dit. Non. Il n’a rien dit.
« Ty ? » Je lâche mes affaires et mon sac puis, je vais rejoindre Emilia dans le salon. « Tu veux manger quoi ce soir ? » J’arque un sourcil. « T’as oublié que je prends le train pour Pasadena dans trois heures ? » Elle ouvre de grands yeux. Eh merde, je ne lui ai pas dit. Il n’y a pas d’autre explication possible. Non, elle n’aurait jamais oublié que je pars voir Wendy. Trois. Deux. Un. « Tu… TU QUOI ? Nan mais Tyler, tu te fous de moi ?! J’croyais que tu faisais des efforts ! Ce n’est pas ce que t’as dit au psy la semaine dernière ? Hein ?! Regarde-moi ! » Elle attrape mes joues d’une seule main et me tourne la tête. Je ne suis même pas en colère. Non, c’est pire. Je m’en fiche. Je la regarde droit dans les yeux, je vois bien que les larmes lui montent aux yeux mais je ne ressens rien. « Mais dis quelque chose bon sang ! » Sa voix se brise, elle est tellement triste que ça me fait de la peine pour elle. Tout ça c’est de sa faute après tout, elle l’a bien mérité. « Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? Que je t’aime et qu’on s’en sortira ? Mais Emilia, je n’y crois même plus ! Et je sais que toi non plus … Tu continues simplement à te voiler la face. » Elle me fusille du regard, je baisse les bras et je sais qu’elle va me maudire pour ça. Pourtant, elle ne répond rien. Elle se contente de me tourner le dos pour pleurer, elle ne veut pas que je la regarde. Je retourne dans la chambre terminer mon sac, je ne vais pas retarder mon départ. A quoi bon ? Tout a été dit et si je reste, on va s’engueuler. Et croyez-moi, on n’en a vraiment pas besoin. Sac fermé, j’attrape ma veste, mon chapeau et je retourne dans le salon. Emilia est assise sur le canapé, le regard dans le vide. Je traverse la pièce pour aller prendre mon sandwich sur la table. « Tyler … » Je me retourne. « Reste … S’il te plait reste. » Je soupire. « J’ai promis aux Bowman, je rentre dimanche soir. » Je pose ma main sur son épaule mais elle la repousse. « C’est ça … va voir ta traînée de maîtresse. » Presque inaudible. Je dis bien presque. Je ne relève pas. A quoi ça servirait ? Je sais que je ne l’ai jamais trahie contrairement à elle et pourtant j’en ai eu bien souvent l’occasion … Elle n’a pas le droit d’être jalouse, non pas après ce qu’elle a fait. Et elle s’étonne que je n’arrive pas à redonner une chance à notre couple … Eh bah tiens ! Je quitte l’appartement en fermant délicatement la porte, je sais que de tout ce qui vient de se passer, c’est ça qui la fera le plus rager.
Ce soir, je dors à l’hôtel. D’habitude, je vais crécher chez Elliot mais là, j’ai plutôt besoin d’être seul. J’envoie un message à Wendy pour lui dire que je préfère qu’on se voit demain plutôt et je m’allonge sur le lit. J’aimerai bien dormir mais le sommeil ne vient pas. J’allume la télé, mais tout m’ennuie. Je me fais couler un bain et j’essaye de me détendre sans franc succès. J’ai besoin d’une bière. Non, de quelque chose de plus fort. Une bouteille de vodka. Oui. Une fois habillé, j’appelle le room service. Pas besoin d’attendre bien longtemps avant qu’on m’apporte ce que j’ai demandé. Effondré sur le lit, redressé par tous les coussins que je n’ai pas pris le temps d’enlever, je regarde la fameuse bouteille. J’hésite encore à l’ouvrir. J’en ai envie mais ce n’est pas mon style de boire quand tout se barre en sucette … Sauf que là, j’ai vraiment la sensation que ma vie est finie. Je suis coincé avec une femme que je n’aime plus. J’en viens même à me demander si j’ai déjà éprouvé quoi que ce soit à son égard. Ou même pour qui que ce soit. Non. J’ai déjà aimé. J’aime toujours. Fais chier ! J’ouvre cette fichue bouteille et la porte à mes lèvres. Une gorgée, deux gorgées, trois gorgées. Quatre, cinq … Ça me brule mais la douleur est agréable. Je pose la bouteille sur la table de chevet. Il ne m’en faut pas plus. Je suis bien maintenant. Pas assez bourré pour ne pas savoir ce que je fais, mais assez pour me sentir libre. Deux heures ont passé et je suis toujours étendu au même endroit. Je n’ai pas bougé d’un pouce, je me suis contenté de penser, de réfléchir, d’imaginer. Oui, j’ai imaginé comment serait ma vie si je n’avais pas écouté Elliott, si je ne l’avais pas quittée, si j’avais décidé d’être égoïste et de la garder auprès de moi, si j’avais tout fait pour que ça marche … Beaucoup trop de si. J’aimerai tellement savoir ce que serait ma vie aujourd’hui si elle était toujours à mes côtés. Est-ce que je serai plus heureux ? Est-ce que je serai différent ? Bien sûr … Elle est la femme de ma vie et je ne m’en rends compte que maintenant. Maintenant que je suis marié, qu’elle a refait sa vie et surtout qu’elle me déteste. Faire les mauvais choix a toujours été ma spécialité mais cette fois-ci, j’ai vraiment fait fort. Mais quel con. Vous croyez que … que si je l’appelle ? Non. Ça ne serait pas raisonnable. Non. Non. Non. NON ! Voilà … Il est où mon portable ? Je me lève et farfouille dans ma veste. Trouvé ! Oui, j’ai son numéro … C’est Wendy qui l’a cherché pour moi l’autre jour, en fait je l’ai un peu obligée mais elle a pas été trop difficile à convaincre. Allez ! BIP … BIP … BIP … « Allô ? »
Cette voix. Sa voix ! Je fais un bon sur mes pieds. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Mais je reste sans voix. Attendez ! Je n’avais pas dit que je ne l’appellerai pas ? J’ai encore agi sans réfléchir. Sauf que pour une fois, je ne regrette rien. Non, je suis même fier de moi. HUIT ANS ! Ca fait huit ans que j’aurai dû le faire et ce n’est qu’aujourd’hui que j’en trouve le courage ? Mais quel boulet putain ! « Allô ? » Zut ! A force de penser, bah j’ai toujours rien dit … Mais qu’est-ce que je peux dire ?! Salut c’est Ty, tu te souviens de moi ? Non mais t’es con ou quoi ? J’ouvre la bouche, la referme, la ré-ouvre, la referme, la ré-ouvre, la ref… Mais merde ! « Si c’est une blague, c’est vraiment pas drôle. » AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH MAIS C’EST ASPEN !!! DIS QUELQUE CHOSE !! « Aspen ? » Oh putain ! Ça c’est du génie ! Bien sûr que c’est elle bouffon ! « … » Oh oh ! Silence total, ce n’est pas bon ça. « NON ! S’te plait ! Ne raccroche pas, je… » Je ? Je je je ? Nan, sérieux, je quoi ? Je suis désolé de te déranger à cette heure si tardive ? Je suis à Pasadena et je pensais à toi ? Je viens m’assurer que je te hante encore la nuit ? Nan sérieusement ! Ne rien dire revient comme à lui poser cette dernière question, mais dire quelque chose signifie la faire raccrocher. Dans les deux cas, c’est la merde. Ok réfléchis et ne dis rien de stupide… « Donne-moi dix minutes ! Dix minutes, c’est tout ce que je te demande. S’il te plait, Aspi … » Je retiens ma respiration, je t’en supplie ! Dis oui ! Mon cœur bat de plus en plus vite et j’ai tellement chaud que je serai tenté de me tremper dans une baignoire de glaçons. Broooouah ! J’en ai des frissons rien que d’y penser. « Je t’en donne cinq. » Bon, ce n’est pas terrible mais c’est déjà ça. Maintenant faut que je réfléchisse, pour une fois je ne dois pas dire n’importe quoi. Et si je tentais l’honnêteté ? Après tout, je ne lui ai jamais dit la vérité. Par où commencer … « Bien. Cinq minutes. Je t’appelle parce que je pense que je te dois pas mal d’explications et/ » « Tu te fous de moi ? Ca fait huit ans Tyler ! Huit ans ! Et tu vas me les donner que maintenant ?! C’est une blague ? » « Mieux vaut tard que jamais. » Voilà ! Première phrase stupide, tu commences bien Tyler ! Et ça ne fait même pas une minute ! « Nan mais tu n’peux pas débarquer comme ça ! D’ailleurs, pourquoi j’te donnerai cinq minutes ? Est-ce que tu les mérites même ?! » Non. Non, je ne les mérite pas mais si tu ne me les accordes pas, comment je fais pour tout t’expliquer moi ? Hein ? Je fais comment ? Je soupire. « J’ai été con ok ? J’ai merdé sur toute la ligne ! Je t’ai déçue, je t’ai blessée et j’ai donné raison à Atéa. Le truc, c’est que j’ai eu tort du début à la fin ! J’ai fait l’erreur d’en parler à Elliot, j’pensais qu’il me soutiendrait. Sauf que bah, ça pas été totalement le cas et il a réussi à me monter la tête. Il disait que tu serais mieux sans moi, que tu devais trouver un gars de ton âge, que de toute façon, je finirai par te déchirer le cœur, que je n’étais pas assez stable pour toi … Et il a eu raison de moi. Parce que la seule pensée que je puisse te faire autant de mal m’était insupportable. Alors j’ai pris les devants et j’ai tout arrêté et/ » « Et tu m’as brisée de le cœur ! Comme quoi tu l’auras fait quand même ! Et puis d’abord, tu viens me dire ça comme ça, que t’as fait une erreur, mais qu’est-ce qui me prouve que ce que tu dis est vrai et que tu te payes pas ma tête encore une fois ?! » Parce que je n’ai jamais aimé personne d’autre que toi ? Parce que je donnerai n’importe quoi pour sentir ta peau sous mes doigts ? Parce que tout mon corps vibre à chaque mot que tu prononces ? Parce que tous nos souvenirs me font souffrir un peu plus chaque jour pour y avoir mis un terme ? « Tu crois vraiment que je me serais fait chier à trouver ton numéro et à t’appeler en pleine nuit en direct de Pasadena si j’me foutais de toi ? » Je ne suis pas sûr que ce que je viens dire prouve quoi que ce soit mais j’avoue que je ne sais pas comment le faire. « Attends parce que t’es à Pasadena là ? » C’est tout ce qu’elle a retenu ? Bon. « Oui, j’suis au Pearl Hotel. » Je ne l’entends plus, je suppose qu’elle se demande si elle doit raccrocher ou non. « Tes cinq minutes/ » « \sont écoulées, je sais. J’ai besoin de te voir. » « Non. » « S’il te plait Aspen. Je t’en supplie ! Ca fait huit ans. Accepte au moins de me revoir une fois ! Rien qu’une fois ! Après, si tu décides que tu ne veux plus jamais me croiser, je repartirai pour Bloomington et je m’arrangerai pour que tu n’ais plus jamais à te rappeler de moi. Juste cette fois, dis oui. J’te supplie à genoux ! » Elle ne répond pas tout de suite, elle hésite mais secrètement je prie pour qu’elle dise oui. J’ai tellement envie de plonger mes yeux dans les siens, de respirer son odeur et tout simplement de la voir. Ca fait tellement de temps après tout. « Quelle chambre ? » YES !! « 204. » Elle raccroche. Dans un sens, elle ne m’a pas dit qu’elle viendrait. Elle se moque peut-être de moi mais ça m’est égal parce que j’ai pu lui parler. J’ai pu lui dire la vérité. Si elle décide de venir, je serai comblé, sinon tant pis. Je suis déjà heureux de tout ce qui vient de se passer. Elle m’en veut mais elle a quand même accepté de m’écouter et j’en espérais pas autant de sa part, pas après tout ce que je lui ai fait.
Toc toc. Assis sur le lit, j’attendais ce moment. Le moment où Aspen frapperait à ma porte. Mon cœur bondit dans ma poitrine et je me lève. Mais pas brusquement, je suis plus calme que tout à l’heure au téléphone. J’ai eu le temps de réfléchir. Avec elle, je n’ai pas le droit à l’erreur. Un seul faux pas et je sais qu’elle s’en ira comme elle est venue et pour que moi, Tyler Keynes, je sois en mesure de ne pas raconter n’importe quoi : il faut que je sois posé et calme. J’avoue que ce n’est pas évident, parce que si je m’écoutais, je sauterais dans tous les sens en criant : c’est Aspen, c’est Aspeeeeeeen ! Sauf que bah, je ne suis plus un gamin. J’ouvre la porte et passe la tête pour vérifier que c’est bien elle. Et là, c’est le choc. Je ne sais pas pourquoi, mais j’avais encore la vision de la mini Aspen, la fille de quatorze ans dont j’étais tombé amoureux. Sauf que là, ce n’est pas une adolescente que j’ai en face de moi mais une magnifique jeune femme de vingt-deux ans. Je reste planté quelques secondes comme un abrutit à contempler sa beauté, puis je réalise qu’elle attend. J’ouvre la porte en grand et souris. « Merci d’avoir accepté de venir. Entre. » Elle regarde à l’intérieur de ma chambre d’hôtel mais reste sur le seuil. « Non, je ne veux pas entrer. Tu as dit que tu voulais me voir, je suis là. » Je soupire. J’essaye d’attraper sa main mais elle recule. J’avance vers elle, et je lui tends ma main. Elle n’a que deux choix : la saisir et entrer, ou partir. Sauf qu’elle ne part pas, elle se contente de regarder ma main. « S’il te plait. » Elle finit par céder et entre mais ma main, elle s’en fiche, elle l’ignore complètement. Bon, ok. Je referme la porte derrière moi et je regarde Forman faire le tour de la chambre. Je la vois qui s’attarde sur la bouteille de vodka quelque peu entamée sur ma table de chevet. J’espère qu’elle ne pense pas que je suis ivre … Elle tire la chaise du bureau et s’assoie. « Pourquoi tu voulais me voir ? » Parce que ça fait horriblement longtemps et que tu me manquais plus que n’importe qui ? Ouais, non. Elle n’y croirait pas. « Parce que je sais que tu as pas mal de questions et que la moindre des choses serait que j’y réponde. » Elle lève les yeux au ciel mais je sais qu’elle considère ma proposition. « Très bien ! » Elle se lève et me pointe du doigt. « Tout ce que tu m’as dit par téléphone, admettons que j’te crois. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit comme ça, y a huit ans ?! » J’avoue que celle-là, je ne m’y attendais pas vraiment. Je ne sais même pas quoi lui répondre. Je quitte la porte pour aller m’assoir sur le lit en face d’elle. « Si je te l’avais expliqué, est-ce que tu m’aurais laissé partir ? » Elle baisse les yeux. Non, elle ne l’aurait pas fait. Je le sais, elle le sait. « Tu m’aurais retenu et j’aurai cédé parce que tout ce que je voulais c’était être avec toi. » Elle se lève brusquement, pendant un instant, j’ai cru qu’elle allait partir. Je ne bouge pas, après tout, si elle veut partir, qui suis-je pour la retenir ici ? Mais non, elle se retourne vers moi, elle a l’air fatiguée et aussi très agacée ou énervée, je ne sais pas trop. « Alors pourquoi est-ce que tu m’as quitté si tu ne le voulais pas ? Pourquoi est-ce que t’as écouté ton pote là ?! POURQUOI ?! Pourquoi Tyler ? » Je me pose cette question tous les jours depuis huit ans. Je n’ai pas de réponse. Enfin, si. Mais elle n’est pas valable. Je voulais simplement être responsable pour une fois et faire ce qui était juste. Je ne me doutais pas qu’une dizaine d’années plus tard, je ressentirais encore quelque chose de fort pour ce petit bout de femme. Je pensais que je m’en remettrais que je guérirais mais ce n’est jamais arrivé. « J’ai fait une erreur, j’en suis conscient. » Elle secoue la tête puis se dirige vers la sortie, je soupire puis me lève. « Non ! J’en ai fait deux ! La première a été de te dire de partir et la seconde de ne pas essayer de te récupérer. » En sa présence, je me sens si faible, si misérable. Je lui ai fait tellement de mal par le passé, je m’en veux tellement. Si seulement je pouvais revenir en arrière. J’aimerai tout arranger. Ce n’est peut-être pas possible mais je l’aime tellement. Pourtant, je sais que ces mots ne sortiront plus de ma bouche. Non, je ne peux pas lui infliger ça, pas après tant d’années. Aspen se stoppe net. J’aimerai savoir ce qu’elle pense en ce moment mais j’ai comme le sentiment que je ne vais pas tarder à le savoir. Elle vient à moi rapidement et me frappe à la poitrine. Outch ! Elle a plus de force qu’il n’y parait … « T’as pas l’droit de me dire ça ! Tu n’as pas idée de ce que tu m’as fait subir ! Tu étais mon premier Tyler ! Mon premier amour, ma première fois … Tu étais le premier ! Et tu es parti ! Tu es parti sans même t’expliquer ! Je ne savais rien et tu m’as complètement anéantie ! J’me suis repassée nos moments en boucle cherchant ce que j’avais fait de mal ! Et puis finalement, j’ai compris ! J’ai compris qu’Atéa avait raison ! Que tu n’en avais rien à faire de moi, que tu voulais juste t’amuser, que je ne représentais strictement rien ! » C’en est trop, je lui attrape les poignets, puis plie mes genoux, je veux voir son visage qu’elle cache honteusement. « C’est faux ! Atéa n’a jamais eu raison à mon sujet ! Oui … Oui, je t’ai quitté mais pas parce que tu avais fait quelque chose de mal ou parce que je m’en foutais de toi ! Tu dis que j’ai été ton premier mais toi aussi ! Tu as été la première fille à compter autant pour moi ! Je t’ai blessée, je le sais mais après ça, je ne pouvais plus me regarder en face ! Combien de fois, j’ai été te voir à la sortie des cours caché dans ma voiture, juste pour pouvoir t’apercevoir ?! Pendant combien de temps, j’ai fait la gueule à Elliott parce que ce qu’il m’avait imposé de faire me tuait à petit feu ?! J’avais besoin de toi mais j’avais fait un choix et je ne voulais pas en rajouter une couche en te disant : pardon Aspen, je me suis trompé, viens on va cher moi. Comment est-ce que j’aurai pu faire ça ?! Et puis je savais très bien que tu ne me ferais plus confiance après ça ! C’était simplement irréparable ! Alors oui, j’ai choisis la facilité, mais je n’avais pas le choix ! » Ses mains m’échappent et elle me met son poing en plein dans la face, j’aurai pu aisément l’éviter mais je l’ai bien mérité. Avec ses petites mains, elle s’acharne sur moi, lui demander de venir était une mauvaise idée. Je ne voulais pas la blesser, et pourtant c’est ce que j’ai fait, encore une fois. Je passe mes bras autour d’elle et la serre contre moi pour la calmer. Ce n’est pas que j’en ai marre de me faire frapper mais je ne supporte pas de la voir dans cet état. « Aspen… » Elle se débat mais je finis quand même par avoir raison d’elle. « Je te demande pardon. » Je la lâche. Elle attrape la bouteille et en bois quelques gorgées. « Tu le penses vraiment ? » « Oui. » Elle me passe la vodka et je me laisse aller à boire un peu moi aussi. « Tu disais que tu m’aimais, Ty … T’avais pas le droit de me quitter comme ça. » « Je sais … et je t’aimais. Je t’aimais plus que tout. » Elle plonge son regard dans le mien. « Prouve-le. » Comment ? Je … Je lui confie la bouteille alors que je me penche vers elle et l’embrasse. Ça ne prouve strictement rien mais j’en avais simplement très envie. Je m’attendais à me faire repousser mais non, elle me rend mon baiser et se laisse aller. Elle marque quand même une pause pour pouvoir s’enfiler la moitié de ce qu’il restait de vodka avant de revenir coller ses lèvres contre les miennes.
Les rayons de soleil entrent dans la chambre me forçant à ouvrir les yeux. Pendant quelques secondes, je cherche à me rappeler de l’endroit où je me trouve mais les souvenirs ne mettent pas longtemps à me revenir. Aspen ! Je tourne la tête et elle est là, allongée, endormie à côté de moi. Je la regarde alors qu’elle dort encore, elle est tellement belle. Je replace une de ses mèches rebelles derrière son oreille. Je l’embrasse sur le front avant de me lever et d’aller aux toilettes. Lorsque je reviens, elle est réveillée. « Pendant un moment, j’ai cru que tu étais parti … » Je lui souris. Non, je suis bien là. Je m’assois à côté d’elle sur le lit et je l’embrasse. Puis soudain, une pensée me traverse l’esprit. Emilia ! Mon dieu, je suis marié ! Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Oh mon dieu, comment j’ai pu faire pour l’oublier celle-là ? « Tyler ? » Aspen … comment je vais faire … Je ne peux même pas lui dire que je suis en plein divorce puisque ce n’est pas vraiment vrai. Non, je ne veux plus mentir. La question maintenant est de savoir si elle écoutera mes explications ou non … « Aspen, je … Il faut que je te dise quelque chose. » Elle me regarde avec des grands yeux. Il faut croire que je suis destiné à la décevoir. « Je suis … je suis marié, mais/ » Elle bondit hors du lit. « Tu … QUOI ?! » Je crois que j’ai jamais vu quelqu’un s’habiller aussi vite. « Aspen écoute-moi, je/ » « Vous divorcez ? » Je soupire tandis qu’elle enfile ses bottes. « Non, mais/ » « Putain Tyler, t’es vraiment trop con ! J’pensais que j’pouvais te faire confiance merde ! » Elle quitte la chambre et je la poursuis en caleçon dans les couloirs. « Aspen, attends ! » « Vas te faire foutre Tyler ! » Sur ce, elle me gifle et part. EH MERDE BORDEL ! Je frappe dans le mur le plus proche et m’explose la main. Elle ne m’a même pas laissé en placer une, elle ne m’a même pas donné une chance de m’expliquer … Si elle savait … Merde !
Le weekend aura été riche en émotions et je crois que le pire est de devoir rentrer à Bloomington. J’aurai aimé avoir la chance de m’expliquer avec Aspen à propos de … de nous ? Non. Il n’y a plus de nous depuis bien longtemps … et le fait qu’elle soit partie en courant me le prouve. J’ai tout foiré. Et à plusieurs reprises, ce qui est pire. M’enfin … j’ai plus qu’à vivre avec. J’entre les clés dans la serrure mais la porte s’ouvre. Emilia me sourit avant de retourner vaquer à ses occupations. Elle n’a plus l’air de m’en vouloir. Pourtant, je peux dire que ça ne va pas durer. « Ems … » Elle relève la tête avec un sourire sur les lèvres. « J’ai fait des crêpes tout à l’heure, tu as faim ? » Je crois qu’au fond, j’espérais qu’elle serait toujours fâchée. Les choses auraient été beaucoup plus simples. Je secoue la tête, j’ai l’estomac noué. Je me débarrasse de ma veste et de mon sac, puis je m’assois au comptoir face à ma femme qui se trouve de l’autre côté : du côté cuisine. « C’est rare de te voir sans chapeau. » Ah oui. Je soupire. « J’ai dû l’oublier à l’hôtel. » Emilia fait soudainement tomber ses ustensiles dans l’évier. L’hôtel. Hésitante, elle lève les yeux vers moi comme pour confirmer la petite histoire qui s’est tournée dans sa tête. Malheureusement, je n’ai rien pour la rassurer. « Wendy … ? » demande-t-elle d’une voix très faible. Elle baisse la tête et je peux voir une larme couler le long de sa joue. Je ne comprends pas pourquoi elle pense toujours à Wendy dans ce genre de situation, il n’y a jamais rien eu entre nous ! Elle est comme ma sœur. « Non. Aspen … » Sans me regarder, elle relève la tête et la penche en arrière comme pour s’empêcher de pleurer. « Ton premier amour … j’peux pas lutter, n’est-ce pas ? » Je ne réponds rien. Il n’y a rien à répondre. A partir du moment où elle a couché avec Logan, elle n’avait déjà plus sa chance. Je n’arrivais simplement pas à me résoudre à revivre cette scène encore une fois. La scène de la rupture. La scène des adieux. J’en avais pas la force. « Et tu vas m’annoncer que tu pars avec elle … ? » Si seulement ! Mais non. « Non. Mais faut se rendre à l’évidence … notre mariage/ » « \est un échec et c’est en partie de ma faute. » Je soupire. Elle a raison. Elle a raison de ne pas s’accabler de tous les problèmes de notre couple. J’ai ma part de responsabilité dans tout ça. Après tout, si elle est partie voir Logan, c’est que quelque chose n’allait déjà plus. On ne faisait que se voiler la face, voilà tout. Emilia fait le tour du comptoir et je me lève. « Je suis désolé. » Elle s’approche de moi et je l’embrasse sur la joue tout en la prenant dans mes bras. « Moi aussi. »
Dans la chambre, je fais mon sac. Ou plutôt ma valise. Emilia arrive en souriant et pause sa main dans mon dos. « Je vous ai fait des sandwiches pour la route. Ils sont dans le frigo. » Oh, c’est trop gentil. Mario va être content. « Merci. » Je l’embrasse sur la joue puis ferme ma valise. Je suis prêt. Je la prends pour la poser dans le salon puis, regardant autour de moi, je me sens comme nostalgique. « Tu es sûr que de tout ce qu’il y a dans cet appart, tu ne veux rien ? » Je secoue la tête. « Non, je te laisse tout. T’en fais pas. » Je souris à Emilia qui est maintenant mon ex-femme. Le divorce s’est fait à l’amiable et on est resté en très bons termes. J’ai décidé de rentrer à Pasadena, quant à elle, elle reste à Bloomington avec Logan. Oui, il était temps que je parte, hein. Je ne l’ai même plus mauvaise. Je n’ai pas oublié, c’est certain mais j’ai pardonné. Enfin, si on veut. Mais de toute façon, je ne pouvais pas rester énerver contre Emilia. Elle n’était pas seulement ma femme, elle était … elle est aussi l’une de mes meilleures amies et on ne reste pas fâché contre ses vrais amis. Non. Je serai toujours là pour elle mais nous deux, c’est fini. C’était chouette mais les bonnes choses ont une fin comme on dit. Et puis, faut se dire que si on avait été fait l’un pour l’autre, eh bah on serait toujours ensemble. Bref, affaire classée. Elliot sonne et Ems va lui ouvrir. Pendant ce temps-là, j’attrape les sandwiches et les fourre dans un sac plastique. « Alors Luigi, t’es prêt ? » Je me retourne et souris. Une nouvelle vie, un nouveau départ m’attend. Je prends une dernière fois Emilia dans mes bras avant de partir. « Tu vas me manquer. » me murmure-t-elle à l’oreille. « Toi aussi. » Je souris, prends mes affaires aidé de mon Mario qu’on descend dans le taxi qui nous attend en bas de l’immeuble et nous voilà partis.
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Dernière édition par Tyler Keynes le Sam 8 Mar - 17:30, édité 7 fois
L'premier qui l'regarde... j'le défonce à coup d'pelle
Tyler Keynes
◊ STATUT : je suis en couple, enfin pacsé. j'avais aussi deux merveilleux enfants ... ◊ TU DORS OÙ CE SOIR ? : nulle part, c'est déjà assez dur de vivre au présent. ◊ AVATAR : matt bomer. ♥ ◊ CRÉDIT : castiells (avatar).
Sujet: Re: close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ? Lun 3 Fév - 16:20
- life is a bitch -
Assis à mon bureau, je corrige les copies de mes élèves en silence. Il doit bien être deux heures du matin et Aspen dort à points fermés dans notre lit derrière moi. Oui, j’ai enfin réussi à la convaincre de venir vivre avec moi. On projette même d’acheter une belle maison ! Et quelques mois plus tard, elle est tombée enceinte. Je vais être papa. J’ai encore du mal à réaliser. Quand je pense que quand je suis revenu à Pasadena, je ne m’attendais même pas à ce qu’Aspen me donne une seconde … troisième et dernière chance. Et pourtant, elle l’a fait. Je crois que je ne pourrais pas être plus heureux. La femme de ma vie attend un petit monstre, ma sœur s’est trouvée quelqu’un et vient enfin de finir ses études de droit et je suis entouré de mes meilleurs amis. La vie est belle. Vraiment belle. Qui l’aurait cru ? « Ouh … Tyler ? » Je me retourne et découvre une Aspen relativement paniquée. « Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as mal ? » Je me précipite à son chevet. « Non, je crois que … que j’ai perdu les os. » J’ouvre la bouche et reste ainsi sans bouger jusqu’à ce qu’Aspen me frappe. « Merde Tyler, c’est pas le moment de phaser ! » Pardon, pardon, pardon ! Aller, on se ressaisit. « Viens, je vais t’aider à aller jusqu’à la voiture. » Elle attrape ma main avec force et je sens mes os craquer sous sa poigne. Ouh, elle est paniquée ma jolie brune. Je souris. « Oublie pas les affaires ! » me dit-elle avec une voix à la fois excitée et apeurée. « Elles sont déjà dans le coffre de ta voiture, j’avais tout prévu au cas où. » Ouais, enfin … c’est Elliot qui a eu l’idée. Il a réussi à me faire flipper cet idiot ! Comme quoi si je n’étais pas assez rapide, je me retrouverai à la faire accoucher sur le bord de la route ou je sais plus quoi. Grrr ! Aspen installée sur le siège passager, je prends le volant. Aller go ! Direction l’hôpital.
Affalé sur le siège au chevet de ma femme, je caresse ses cheveux pendant qu’elle se repose. Oui, on a beau ne pas être mariés, Aspen est ma femme dans mon cœur. Je souris bêtement, n’arrivant pas à effacer cet air niais de mon visage. Mais je suis tellement heureux. Je suis papa ! Une infirmière entre dans la chambre avec notre petit miracle. Elle le laisse dans son espèce de berceau hospitalier et sort en me souriant. Je me lève du fauteuil dans lequel j’étais assis et me dirige vers mon fils. Je le prends délicatement dans mes bras et il se met à gigoter bras et jambes, il ne sait pas ce qu’il se passe mais il reste calme, il ne pleure pas. Je le blottis contre moi et il ouvre ses petits yeux fatigué. Oh mon dieu qu’il est mignon. Je profite de ces instants avant que toute notre tribu ne débarque. Entre Alice, Vicky, Rory ou encore Elliot … à partir du moment où ils verront notre petit Jules, je n’aurai plus l’occasion de le serrer contre moi de cette façon avant un moment. Le berçant doucement, je regarde Aspen qui se réveille tranquillement. Lorsque ses yeux se posent sur nous, ils s’illuminent et je me sens comme sur un petit nuage. « Tu veux le prendre ? » Je vois sa première hésitation mais elle finit par me tendre les bras. Je lui passe notre bébé et l’embrasse sur le front. Quand je pense qu’elle ne voulait pas d’enfant. C’est vrai que Jules est une surprise mais une bonne surprise. « Je t’aime. » Elle me sourit. J’aime son sourire, il est si beau, si vrai … si heureux.
« Tu pourrais emmener Lily à la crèche ? Je vais rester à la maison avec Jules. » Je relève la tête du journal. Aspen tiens Lily dans ses bras. « Oui, pas de soucis. Tu me préviendras quand le médecin sera passé ? » Elle hoche la tête tout en posant notre petite bouille d’ange dans sa chaise haute. Je pose le journal, finis ma tasse de café d’une traite et me lève. « Je vais me laver. » J’embrasse Aspen puis Lily avant de sortir de la cuisine et de me diriger vers la salle de bain. Je suis stoppé avant d’avoir pu franchir la porte. « Papa, je veux aller à l’école. » Jules est assis au milieu du couloir, il est en sueur et a l’air vraiment très fatigué. Je m’approche de lui et l’attrape dans mes bras. « Tu es malade mon cœur, tu vas devoir rester au lit en attendant sagement le docteur. » « Mais/ » « Il n’y a pas de mais, tu retourneras à l’école quand tu iras mieux. » Jules se met un peu à bouder mais ça ne dure pas. Je le dépose sur son lit et il se glisse sous sa couette. Je l’embrasse sur le front. « Repose-toi d’accord ? » Il acquiesce d’un signe de tête et je lui souris. Aller maintenant, je vais me laver ou sinon, je serai en retard au boulot.
Je suis en plein cours quand une jeune femme de la direction entre dans ma salle de classe. « Monsieur Keynes ? Nous avons votre femme au téléphone, elle dit que c’est urgent. » Si elle entendait ça … Aspen n’aime pas quand les gens présument que nous sommes mariés car officiellement, nous ne le sommes pas. J’acquiesce d’un signe de tête. « Bon, il ne reste plus que dix minutes de cours donc je vous libère. N’oubliez pas que le contrôle de la semaine prochaine portera sur tout depuis le début du semestre. Bon weekend. » Je quitte la salle pour aller prendre l’appel. J’attrape le téléphone et le colle contre mon oreille. « Aspen ? » Pendant un moment, je me demande si elle n’a pas raccroché mais non, elle ne dit juste rien. « Aspi, t’es là ? » Un sanglot me parvient et tout d’un coup, mon cœur s’emballe. « Aspen, qu’est-ce qu’il se passe ? » Je l’entends qui essaye de se calmer en prenant de grandes inspirations. « Jules … Wayne … ils … ils … Tyler … » Je l’entends qui s’effondre à l’autre bout du fil. Non … « Où tu es ? » « Hôpital … » J’inspire profondément, je crains le pire. « J’arrive. » Je raccroche et cours jusqu’à ma voiture, je sors du parking au-dessus de la limite de vitesse autorisée mais pour le coup, ça n’a pas d’importance. Mon fils est à l’hôpital. Je ne tarde pas à arriver. Aspen est assise dans la salle d’attente, en pleurs. Je m’approche d’elle, m’accroupi à sa hauteur et lui relève le menton. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Elle ne me répond pas, elle se contente de me regarder horrifiée. « Aspen, parle-moi. S’il te plait. » J’ai peur, tellement peur. Je sais que pour qu’elle se mette dans un état pareil, ce doit être très grave … trop grave mais je ne veux pas y croire. Ce n’est pas possible. Non, mon fils ne peut pas être … non. Les yeux remplis de larmes qui ne demandent qu’à couler je secoue la tête encore et encore alors qu’Aspen, elle, hoche la sienne. C’est ça. « Ils sont morts … » m’annonce-t-elle en se jetant à mon cou. Non … je fonds en larmes. Ce n’est pas possible. Je serre Aspen fort contre moi, je ne veux pas y croire. Je ne peux pas y croire.
Lily dans mes bras, je regarde l’heure. Il commence à se faire tard et Aspen n’est toujours pas rentrée. Elliot me dit de lui donner du temps mais j’ai le mauvais pressentiment qu’elle pourrait faire une connerie. Depuis l’accident, elle se perd de plus en plus. Elle ne rentre quasiment plus à la maison, elle me repousse moi et les autres, elle ne veut plus prendre sa fille dans ses bras. Elle se perd. Elle refuse même de prendre ses cachets. J’ai peur mais je n’arrive pas à l’aider. Elle ne veut pas de mon aide. Quant à moi, je perds pied. J’ai perdu mon fils et maintenant, je sens qu’elle aussi commence à me glisser entre les doigts. J’ai besoin d’elle. Je baisse la tête, Lily s’est endormie. Je me lève puis je vais la déposer dans son lit avec son doudou. Lorsque je reviens dans la cuisine, j’ouvre un placard et phase pendant quelques minutes devant une bouteille de Jack Daniels. Je finis par l’attraper, aller me jeter dans le canapé et en avaler la moitié de la bouteille … C’est pathétique. Il ne me faut pas longtemps avant que je me mette à pleurer. La vie ne m’a jamais fait de cadeau mais là … là, ça va trop loin.
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Je ne suis pas fou ! Ma mère m'a fait passer des examens.
Dr Sheldon Cooper
◊ STATUT : en couple avec Alvin ! ◊ TU DORS OÙ CE SOIR ? : je suis le grand manitou, je ne délivre pas mes recettes. ◊ AVATAR : Jim Parsons ◊ CRÉDIT : (c) catsoon & Tumblr
Sujet: Re: close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ? Ven 14 Mar - 11:12
tu es validé
Le verdict est tombé, j'ai bien réfléchi mais c'est ainsi... celui qui a été désigné comme étant ton mentor est... LEONARD HOFSTADTER & SON TÉLESCOPE ! Je sais ça t'enchante ! Moi je m'en fiche. Et voilà qu'Alvin est jaloux, je serais toi, je me méfierais des projections de noisettes... ! Maintenant que tu fais partit des nôtres, enfin surtout des leurs, je t'invite à faire tes demandes de rang, de logement, de ce que tu veux. Et tu vas aussi pouvoir te faire des amis. Moi je n'en ai pas besoin, je me suffis à moi-même. Et puis y a toujours Alvin. Et puis si il te manque quelqu'un, tu peux toujours aller lancer une annonce. Enfin eux, ils appellent ça scénarios.
Je crois que tout est dit, il est temps pour toi de voler de tes propres ailes (j'ai jamais compris pourquoi on dit ça) et de t'amuser comme le font tous les autres ! Bon jeu, et ne deviens pas trop fou ! Je suis la seule personne lucide ici... !
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Sujet: Re: close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ?
close your eyes, stronger, stronger ... now, tell me, what do you see ?