Abby ∞ Eric

Après une soirée à trop boire, je peux ressentir la lenteur de mon cerveau. J'ai suivi le conseil de grand-mère de boire beaucoup d'eau pour pas avoir mal à la tête, et du coup, j'ai pas trop la bouche pâteuse... Pour ce qui est de mon crane, j'suis encore dans l'état de somnolence post-cuite, alors j'peux pas franchement vous assurer que l'astuce est fonctionner. Ca marche plutôt bien d'habitude alors pourquoi pas? En même temps, j'ai rarement mal au crane après une cuite. Que voulez-vous que je vous dise, je suis parfait. Je n'y peux rien, je suis né comme ça. Je lève les yeux pour rencontrer le regard de la blonde en face de moi. Avec son mascara qui à un brin coulé sous ses yeux et sa tête de panda peroxydé, je peux vous dire qu'elle, elle est aussi parfaite. Nous deux, nous sommes tout simplement la perfection incarnée. J'sais pas trop où est passé le troisième mousquetaire. Je crois qu'il nous a lâché au milieu de la soirée avec une excuse pourrie du genre "moi, je bosse demain". C'est toujours pareil avec lui. On dirait qu'il a peur qu'on réussisse à le caser avec une donzelle. Je vous jure. C'est pas comme si c'était une de nos passions favorites quand on est bourré... En même temps, il faut voir son air ennuyé et ses joues qui rougissent quand on alpague toutes les nanas qui passent afin d'essayer de lui arranger un coup. Oui, je suis partageur quand je suis bourré, mais je ne veux partager qu'avec mon petit Zachary d'amour. Enfin, Zachary n'est pas là. Zachary a disparu. Zachary doit être en train de ronfler comme un petit ange à l'heure qu'il est! Quoi que... Quelle heure qu'il est? Je sors mon portable de ma poche, le tourne, le retourne. Ah, c'est le bon sens. Dix heures déjà? En même temps, si le magasin est ouvert, c'est qu'il est pas six heure du mat' hein. Donc non, Zach ne dors pas. Zach travaille. Et vu que j'ai des messages non lus, Zach doit se demander si on a finit par s'endormir ou si quelqu'un nous a assassiné et a abusé de nous. Dans l'ordre que vous préférez. Flemme de les lire.

La serveuse s'approche de nous et je me contente de lui adresser le plus beau de mes sourires post-soirée. Il ne faut pas croire, c'est charmant comme sourire. J'suis tellement parfait que je suis toujours engageant pour les donzelles, même dans le pire de mes états. Elle me regarde, elle regarde Abby... Je crois qu'elle se doute de quelque chose. C'est pas grave. On ira dormir après. Quand on sera sûr que les parents d'Abby sont au travail et qu'on risque pas de se prendre une bataille d'oreiller improvisée dans la gueule. Oui, c'est le sport national, chez les Bing. Et quand tu reviens de soirée, crois-moi que c'est la dernière chose que tu veux. Le souvenir qu'on en a est assez flou et douloureux pour qu'on se soit promis que plus jamais. Je commande un jus d'orange, un verre d'eau et une tonne de gâteau. Oui, on est pas la pour nourrir des mouettes, c'est un magasin de gâteau alors on mangera des gâteau : muffins, cookies, pancakes, peu m'importe. Qu'on me nourrisse! Elle prend la commande d'Abby et s'en va nous préparer notre assiette. Je ne vais pas laisser à ma camarade le temps de m'embêter avec ma pitoyable drague de la serveuse. Je suis pas en forme, ça excuse tout. Trop de rhum et pas assez de vodka hier soir. Les alcools exotiques ne me conviennent vraiment pas. « Barkley pouvait pas venir? » Barkley. Aaron Barkley. Alias le beau-frère. Enfin, c'est pas comme si Abby était ma frangine... Mais presque. Alors soit il pouvait pas venir, soit ma Abby d'amour a décidé de dédier sa soirée à ses amis de toujours. Moi. Et Zach depuis moins longtemps, mais bon, c'est comme s'il avait toujours été là. Et puis j'avais pas invité le groupe de chieuses, donc peut-être qu'elle s'est dit que c'était un truc intime... Ou pas. On s'en fiche un peu. Mon cerveau refuse de trop réfléchir.

Eric ∞ Abby

Je me laisse tomber sur la banquette, tirant une grimace parce que je viens de me fracasser les fesses avec la dureté de cette chose. La soirée avait été trop difficile, trop mouvementé, trop alcoolisée. Attendez. Depuis quand je me plains de ça ? Mon cerveau ne demande qu'à sortir de mon crâne pour s'oxygéner et, par la même occasion, échappée à toutes les effluves d'alcool qu'il contient. C'est dur. Trop dur. Mon regard croise celui de la tête blonde, assise juste en face de moi et c'est à ce moment précis que je me rappelle pourquoi j'aime me retrouver dans cet état là. Parce que je sais que je ne le fais pas seule, je sais qu'il est là et qu'il le sera toujours, peu importe ce qu'il pourra se passer. Cela dit, il manque quelqu'un et ça, c'est bien dommage. Zach est parti bossé. Le lâche. C'est toujours le plus raisonnable de nous trois, le plus calme, le plus réfléchis. Et ça m'énerve. Parce que, jusqu'à présent, c'était moi la tête pensante. Bon, d'accord, un peu bancale et pas forcément très bonne à suivre quand il s'agit de faire n'importe quoi, mais c'était moi. Maintenant, il se la joue comme s'il était le grand-frère responsable. Ca va, j'ai déjà assez de Zazou, pas la peine de rajouter simplet à la liste. Mais au fond, je l'aime trop pour lui en vouloir de ne pas trop nous suivre dans notre connerie. En regardant autour de moi, je m'aperçois que j'ai vraiment une sale gueule. On dirait un panda peroxydé sous acide. J'ai envie de rire mais je me retiens, je suis civilisée quand même. La serveuse se pointe et j'observe mon meilleur ami. Mais qu'il est débile à tenter de la séduire. Elle n'en n'a rien à cirer. Sans compter sur la tête qu'elle tire rien qu'en voyant nos tronches d'après soirée. Comment veux-tu séduire qui que ce soit avec des dégaines pareilles ? Cela dit, on est canons, mais ça, c'est habituel. On a beau être dans les pires états possibles, on a toujours la classe. Il finit par passer sa commande et je marmonne que je veux la même chose. Qu'elle se casse, elle me déprime. Elle retourne dans son coin en roulant des fesses et j'ai juste envie de lui crier que la route est droite. Mais je me retiens parce que, je l'ai déjà dit, je suis civilisée. Cela dit, je ne doute pas une seule seconde qu'Eric est remarqué mon envie de lui expliquer le reste. « Barkley pouvait pas venir? » Tirée de mes pensées par ce nom de famille, je lève les yeux vers le peroxydé qui me sert de meilleur ami. Aaron. Merde ! J'attrape mon portable en catastrophe. Je remarque une demi tonne de message de Zach, la même quantité d'appels de sa part et, perdu entre tout ça, deux messages d'Aaron. Et merde. « Nan. » Dépitée je suis. Clémence l'a monopolisé hier soir. Connasse. Je pianote sur les touches à toute vitesse. Putain, il me manque. Non Abby, c'est pas le moment de tomber dans le sentimental. Je lui dis que je suis avec Eric et que tout va bien. Je passerais quand j'aurais complètement émergé et que j'aurais remis de l'ordre sur ma figure parce que là, c'est franchement pas évident quand même. Une fois le message envoyé, je reporte mon attention sur le blondinet. « Et Ariel, t'as décidé de lâcher l'affaire, ça y est ? » Petit pique mais ça, c'est parce que je l'aime le Roussel. Je m'affale sur la table, la tête entre mes mains. Par pitié, arrêtez la musique, faites sortir la fanfare de ma tête, arrachez leur la tête et mangez leurs instruments, j'en sais rien mais faites quelque chose. « Wait. Pourquoi t'as l'air frais et dispo et pas moi ? Qu'est-ce que t'as fait Roussel ? » Le rhum, c'est pas bon pour moi. Ca me fait toujours cet effet là. Faut que j'arrête de boire je crois. Attendez, ne me dites pas qu'il a utilisé la vieille recette de grand-mère. Il n'aurait pas osé. Pas lui ? C'est de la triche ! Je crie au scandale ! Non, en fait, je ne crie pas, vaut mieux pas.

Abby ∞ Eric

Le simple fait d'évoquer son Barkley la tire de ses pensées peu sympathiques à l'égard de la serveuse et je contemple, perdu dans les vapeurs d'alcools qui me restent de la veille, ma blonde faire une sorte de crise de panique. Ouais, non, c'en est pas une, mais disons que c'est ce que je connais de plus extrême niveau panique chez Abby. Du moins depuis un moment. Peut-être quand on était petit, elle flippait un peu d'assumer ses conneries devant ses parents. Ou surtout devant son frère... Mais bon, c'est vite passé. Ouais, on est plutôt zen en principe. On peut s'avérer hystérique pour des conneries, mais stressés, jamais. « Nan. » La pauvre biche à l'air triste. Qu'est-ce qu'il y a? Plus de message de Zach que d'Aaron? Ca n'a pas franchement quoi que ce soit d'étonnant ma chérie, j'ai envie de dire. Mais bon, c'est pas ça. Surement pas. J'lui demanderais bien, mais mon cerveau n'en est pas capable.  « Et Ariel, t'as décidé de lâcher l'affaire, ça y est ? » Je lui adresse un léger sourire moqueur. Moi, abandonner? Elle a fumer des trucs ou bien? « Tu sais que j'abandonnerais le monde entier pour toi. » J'accompagne le tout d'un clin d'oeil un peu trop mou pour être efficace, mais c'est pas grave, la voilà qui s'affale sur la table. Et bien, on dirait presque qu'elle est dans un pire état que moi. « Wait. Pourquoi t'as l'air frais et dispo et pas moi ? Qu'est-ce que t'as fait Roussel ? » Je lui adresse mon sourire le plus colgate et un haussement de sourcil mystérieux. Lui avouer que j'ai utilisé la technique de grand-mère? Elle va s'en douter... « Je suis parfait, qu'y puis-je? » Hein? C'est pas crédible? Bon, ok. Abby est sensée être aussi parfaite que moi... « En plus, j'ai pas franchement dessaoulé. J'peux pas te promettre que d'ici une demi-heure je ne vais pas m'étaler inerte sur cette banquette en attendant que la serveuse vienne me ranimer. » Hum. C'est une possibilité fort attrayante. Et c'est presque la vérité. J'suis encore trop dans les vapes pour être totalement vaincu par l'alcool... Mais l'astuce de grand-mère m'épargnera d'autres déconvenues. Oui, je triche. Mais ne me faites pas rire à essayer de me faire croire qu'Abby ne triche jamais. J'ai déjà fait des batailles d'oreillers avec sa famille et je peux vous assurer qu'il n'y a pas de règles qui valent. Mais il est hors de question que j'admette être un fourbe moi aussi. Ca lui va forcément mieux à elle, avec sa crinière blonde, sa bouille de gosse et son air innocent. Sur moi, ça ferait juste... Ouais, juste bizarre. Non, je ne peux pas être malhonnête. J'suis déjà décoloré, faudrait pas pousser le vice jusque là. Après, je deviendrais l'incarnation du démon. Quoi que pour le coup, ça, ce serait fun. Mais non, c'est trop compliqué pour moi d'être malhonnête. J'suis peut-être invincible quand il s'agit de charmer des nanas, mais j'ai pas le même type de gueule que mon acolyte favorite. Je ne fais tout simplement pas innocent. Jamais les gens ne me croiront si j'affirme n'avoir pas triché. Déjà que quand je suis honnête et que je le dis, on ne me croit pas... Oui, ma vie est bien triste. Je regarde un instant le panda blond qui me fait face et son air totalement mort. Bon, ok, j'ai un peu triché et c'est vrai que de toute évidence, ça m'a aidé à survivre au rhum. « Non, mais quand ya du rhum impliqué ma poule, il faut toujours céder aux astuces de grand-mère. C'est plus une question de triche à ce niveau, c'est une question de survie! » Oui, je me comporterais de façon respectable quand une personne honnête me proposera une cuite à la vodka ou au whisky... Mais tant qu'on me refile ces trucs exotiques, hors de question. J'suis blond, comme les nordiques, du coup, il me faut du vrai alcool! Pas du truc de pirate qui a trop trainé dans des tonneaux. Bon, c'est vrai que rien ne m'obligeait à céder au rhum... Mais yavait du punch! Et qui oserait dire non à du punch?

Eric ∞ Abby

C'est bien ce qu'il me semblait. Parler d'Ariel est un bon moyen de détourner la conversation. Bizarrement, cracher mon venin sur l'ainée des Barkley ne m'attirait pas plus que ça. Le panda peroxydé que je suis à cet instant précis est encore dans le brouillard des vapeurs d'alcool de la veille. Il va falloir que je remédie à ça assez rapidement parce que cela ne me ressemble franchement pas. « Tu sais que j'abandonnerais le monde entier pour toi. » Mouais, pas très convainquant le blond. J'arque un sourcil et secoue la tête, comme s'il venait de dire quelque chose de tout à fait désespérant. Ce qui, en soit, n'était pas vraiment faux. Ce type est désespérant quand il a bu du rhum. Enfin, peut importe, ce n'est pas le problème. Le véritable problème, c'est son air impeccable, comme si la soirée que l'on venait de passer n'était qu'un souvenir lointain et que, finalement, il n'avait pas finit dans un si mauvais état que ce qui était la réalité. « Je suis parfait, qu'y puis-je? » Une nouvelle fois, j'arque un sourcil. Qu'entend-il par là celui-là ? Ne suis-je pas, moi aussi, parfaite ? Oserait-il dire qu'il est la perfection incarnée et que je ne suis qu'une pâle copie de l'idée de perfection que l'on se fait ? Oserait-il me porter un tel affront ? Non, il n'oserait pas. Pas lui. Ou alors je me fais none. Wow. Mauvaise idée, je retire immédiatement ce que je viens de dire parce que je sais que je pourrais y laisser des plumes. Quoi que. « En plus, j'ai pas franchement dessaoulé. J'peux pas te promettre que d'ici une demi-heure je ne vais pas m'étaler inerte sur cette banquette en attendant que la serveuse vienne me ranimer. » Je lève finalement les yeux au ciel. La serveuse ? Il n'est pas sérieux tout de même ? Cette planche à pain aussi débile que ses pieds et si peu aimable qu'elle pourrait arriver au niveau d'Ariel dans ses mauvais jours ? Quoi que non, personne n'arrive à la cheville d'Ariel. Surtout dans ses mauvais jours. C'était une mauvaise comparaison, je l'avoue. Je m'indigne. Il est hors de question qu'il se joue de cette chose immonde qui gagne son argent en tirant la gueule, prenant des commande et qui, de surcroit, me regarde de travers. « Je te jure sur la tête de Zazou que si jamais tu oses encore parler de ce ... truc, je t'arrache les cordes vocales ! Elle ne ressemble à rien, elle a une dégaine de chien battu sans cervelle et, en plus de ça, elle se permet de penser un seul instant qu'elle est en mesure de me prendre de haut. Alors t'es gentil, mais tu laisses la planche à pain en dehors de notre conversation. » Et puis quoi encore ? Je jette un coup d'oeil à mon portable et une petite boule de je ne sais trop quoi se forme au creux de mon estomac. Aucune réponse d'Aaron. Ce n'est pas normal. L'aurais-je froissé ? Non, impossible. Pas lui. Il est bien trop zen, trop gentil, trop ... lui. Je pourrais lui annoncer m'être tapé tous les mecs de la soirée qu'il ne m'en voudrait pas. Oui, bon, je ne parierais pas trop là-dessus, soit dit en passant, mais ne sait-on jamais. Si d'ici cinq minutes je n'ai toujours pas réponse, je l'appelle. Cela ferait-il de moi une personne ... Comment dit-on déjà ? Ah oui, amoureuse ? Non, impossible. Je chasse les pensée stupides et mal venues de ma tête et reporte mon attention sur mon meilleur ami qui finit enfin par céder à l'appel de la vérité. « Non, mais quand ya du rhum impliqué ma poule, il faut toujours céder aux astuces de grand-mère. C'est plus une question de triche à ce niveau, c'est une question de survie! » Mes yeux s'écarquille et je m'avoue victorieuse. « AH ! JE LE SAVAIS ! » Je tape du poing sur la table, attirant les quelques regards alentour sur moi. Quoi ? Ils veulent ma photo ? Même en panda, je ferais fureur et l'on s'arrachera les clichés me concernant. Oui Abby, c'est beau de rêver. J'entame une petite danse de la victoire, assise sur cette banquette confortable, mais à l'intérieur, c'est le carnaval de Rio. Cependant, je m'arrête assez vite parce qu'il me faut des réponses. « Attend. C'est nouveau ça ? Maintenant tu fais tes trucs en douce et tu me laisse galérer avec mon cerveau noyé dans le rhum ?! Me serais-tu infidèle ?! Haaaaaan ! Crache le morceau Eric sinon je t'étouffe avec notre repas digne d'un banquet pour Niarniens. » Ne cherchez pas le rapport avec le Monde de Narnia, c'est sorti tout seul et de je ne sais où. Il faudra que je réfléchisse à ce pourquoi cela m'est venu en tête mais on verra plus tard, genre, lorsque je serais sobre. Ou après. Ou pas du tout. Oui, c'est bien aussi, le pas du tout.