Bon, ça y est. J’y suis. Callie m’a engueulée ce matin. D’après elle, j’ai la trouille. Et elle a complètement raison. Cela fait deux semaines maintenant que je suis revenu à Pasadena et je n’ai pas encore eu le courage d’aller la voir. Je l’ai observée de loin, j’ai rassemblé toutes les informations dont j’avais besoin. Elle a refait sa vie, elle sort avec un type à bouclettes et Stella semble beaucoup l’aimer. Faut dire qu’il a l’air gentil … trop gentil. Mais ce n’est pas à moi de le juger. Après tout, si lui est trop gentil, moi … moi, je suis trop lâche. Chacun son truc comme on dit. Mais là … là, je veux faire les choses bien. A partir de maintenant, je ne veux plus qu’on me reproche d’agir comme un enfant. Oui, car j’aurai très bien pu débarquer alors que Stella était encore à la maison, j’aurai ainsi mis Léo ou m’sieur bouclettes devant le fait accompli et ça n’aurait vraiment pas été sympa. Mais non, j’ai attendu que le cousin de Léo vienne la prendre, je ne me souviens plus de son nom. Un truc en rapport avec Star Wars … Obi-Wan Kenobi ou un truc comme ça. Bref, on s’en fout, ça n’a pas d’importance. Le fait est que je me conduis en adulte responsable … en adulte responsable qui a les chocottes ! Je fais quoi moi, si elle me dit qu’elle ne veut pas que je m’approche de ma fille, hein ? Parce que c’est quand même pour ça que je suis là. Pour rattraper mes conneries et prendre contact avec la petite blondinette. Mais qu’est-ce qui m’a pris de me tirer en Australie moi aussi, hein ? Non mais sérieusement ! J’aurai très bien pu assumer cet enfant. Mais non, il a fallu que je panique … Ouais, j’ai paniqué et en plus de ma fille, j’ai aussi perdu la femme de ma vie. Je suis trop con ! Bon aller, on inspire. On expire. On respire lentement. Je suis sous le porche et mon doigt est à un centimètre de la sonnette mais rien à faire, je n’arrive pas à appuyer. Je suis terrorisé. Je crois que j’ai peur de Léo, enfin de sa réaction. Ça fait tout de même dix ans. Dix putains d’années ! Et je l’ai quand même bien laissée en plan … elle va me tuer. J’aurai peut-être dû m’arranger pour que m’sieur bouclettes soit là. Il aurait peut-être réussi à canaliser mon … hm son petit bout de femme. J’ai du mal à réaliser que je suis ok avec toute cette situation. Jusqu’à présent, j’ai toujours été plus ou moins égoïste, me faisant passer avant les autres … alors comment est-ce possible que le fait que Léo appartienne désormais à un autre homme ne me dérange pas plus que ça ? C’est quand même la seule nana dont je suis tombé amoureux. Non, il n’y en a pas eu une seule autre. Alors pourquoi ? Oui, elle est heureuse avec lui mais elle pourrait très bien l’être aussi avec moi. Non ? A la limite, ce qui me dérange le plus, c’est que m’sieur bouclettes soit le père que je n’ai jamais été pour Stella. Je me demande ce qu’on lui a dit à mon sujet. Ça ne m’étonnerait même pas que mes parents aient insistés pour me faire passer pour mort. Après tout, je n’étais pas là alors qu’est-ce que ça pouvait changer ? Pff … Je soupire. « TUUTTUUUUUT. » Le bruit du klaxonne me sort de mes pensées, tellement brusquement que j’en sursaute, appuyant par la même occasion sur la sonnette… Oh non ! Je suis de nouveau pris d’un vent de panique. Je saute deux trois fois sur moi-même pour me calmer. Quel boulet ! La porte ne tarde pas à s’ouvrir et une jolie petite blonde apparait. J’ouvre la bouche mais aucun mot n’en sort. Oh mon dieu … ça fait dix ans. DIX ANS ! « Je … je … je … » Je passe ma main derrière ma tête complètement désorienté. Ma bouche se met en mouvement laissant entendre des sons étranges … oh mon dieu. Reprends-toi mon vieux ! Je me pince le bras discrètement et réprime une grimace. Et moi qui pensais agir en adulte … n’importe quoi. Heureusement que Stella n’est pas là pour voir son père biologique dans un état pareil. J’suis pathétique. J’inspire profondément puis me concentre. « Salut Léo. » Simple et efficace mais surtout très court. Vu l’état dans lequel je suis, je ne peux pas faire mieux.

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Léo active, tu vas être en retard. « Cillian tu n’oublies pas ce soir ont dîne chez/ » « Shawn et Juliet. » Ce gars est parfait, il termine toujours mes phrases même après trois ans, je suis toujours impressionnée. Il me fait son sourire, celui qui dit « tu me prends pour qui ? »  Pour la peine je lui balance le torchon. Je n’aime pas quand il se moque de moi. « Ah ah ah, arrête. » Je lui tire la langue pour la peine. Je déteste quand il fait ça et il le sait, c’est pour ça qu’il le fait mais bon je ne peux pas lui résister. « Ta fille te ressemble bien. » Heureusement qu’elle me ressemble même si elle a des traits de son père, elle tient de sa mère. Ce qui est bien mieux, espérons qu’elle n’hérite pas de ses défauts, je préfère qu’elle prenne ses qualités plutôt que ses défauts. « J’y vais, à ce soir. Ah oui et n’oublie pas ce weekend/ » « Toi et moi et tu me réserves LA surprise de ma vie. » Et toc ! Moi aussi je peux le faire, ses lèvres se posent sur les miennes. J’adore. Je fonds complètement, ce mec me fait du bien et c’est tout ce qu’il me faut. Notre petite famille est bien ainsi, je sais qu’on a parlé de l’agrandir. Un mini Cillian… ça ne serait pas mauvais. Il sait que j’ai un peu peur, je sais qu’il ne va pas m’abandonner mais j’ai mal vécu ma première grossesse et ce qui me terrorise le plus. Je sais qu’ils n’ont rien en commun mais revivre tout ça. Je ne sais pas si je pourrais le faire, pour lui je pense mais on a le temps. Stella m’a parlé de vouloir une petite sœur pour jouer avec et bien sûr Cillian en rajoute une couche, il ne me met pas la pression pour autant. Ma vie est réellement bien si j’avais imaginé qu’elle serait ainsi y a plus de huit ans… J’aurais rigolé au nez de la personne pour sûr. Je ne regrette rien, ma vie est telle qu’elle doit être et c’est ce qui me convient. Bon tout est fait, il faut que je me prépare pour aller au boulot. « Mamannnn regarde. » Ma tête blonde m’affiche son dessin. « Encore toi en papillon ? » « Oui tonton il a dit qu’aujourd’hui on allait  jouer à se déguiser. » Tonton a dit ça ? Ce qui ne m’étonne pas de mon cousin, il a le chic pour savoir comment distraite Stella. Quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue. « Tiens si tu allais ouvrir ? » « OUIIII » Et elle fonce tel un bolide, Anakin est aimé, ça c’est sûr. Elle me l’a confié, j’ai un peu peur de se fanatisme mais bon tout enfant passe par là. C’est normal pour son âge, elle a besoin d’idéalisé quelqu’un, Cillian fait office de figure paternel et Anakin… Et bien il passe pour son prince charmant. « Prête princesse ? » « OUI ! » « Alors comme ça aujourd’hui vous allez vous déguisez ? » Je regarde Anakin avec un petit sourire en coin. « Ouais fin tu sais… » « Non je sais pas dis-moi. » Griller ! Je connais ce regard. « Bon c’est une soirée mais t’en fais pas, j’ai ma princesse bien à l’œil. » « Anakin ! » « Quoi ? T’en fais pas maman, il va rien se passer, bon on y va princesse. » Stella m’embrasse et se précipite dans les bras d’Anakin. Je suis habituée à ne plus compter quand il est dans les parages. Maman s’efface au profit de super tonton. C’est la vie, j’ai peur quand elle va me présenter son premier copain, j’ai encore le temps mais on ne sait jamais. Elle me parle déjà d’un Milo, son copain de l’école, elle l’aime bien mais pas autant que Tonton.

Stella est partie, mon sac est prêt, ma liste de course après le boulot. Je finis à dix-sept heures donc j’ai le temps de faire les courses, de rentrer, de me changer et tout sera bon. Cillian n’aime pas être en retard et moi non plus mais si je ne me dépêche pas, je vais finir par être en retard. Madeline est peut être une amie mais elle en reste pas moins ma patronne et je ne déteste arriver en retard au boulot. Ça ne se fait pas, je ne l’ai jamais fait, je ne vais pas commencer maintenant. Surtout que je dois prendre mon café. C’est quoi ? Je paris qu’Anakin a oublié quelque chose. Qu’est-ce qu’il a oublié ? Je m’attends à tout venant de lui. Ah… Non ce n’est pas… Je rêve. « Je … je … je … » Je rêve là, c’est pas possible, je rêve. Il se fout de ma gueule là. « Salut Léo. » Oui il se fout de ma gueule et je n’ai pas de temps à perdre. Hop je referme. Non mais je rêve. Je rêve. Le mec il se pointe après dix ans et me sort un salut. Il se fout clairement de ma gueule, oh non il ne va pas s’en sortir comme ça. Mon sac. Il faut que j’aille au boulot. Je n’ai pas de temps à lui consacrer, il s’est tiré y a dix ans et là il se point la bouche en cœur et puis quoi encore ? « Léo » On referme la porte, on la verrouille et on l’ignore ! Je vais être en retard et il me suit en plus. Oh il me gonfle, STOP ! « Non mais t’es sérieux Baze ? Tu pointes chez moi après dix ans ? T’as fumé ou quoi ? J’ai pas de temps pour toi alors retourne jouer ou je sais pas moi fuir ! T’es spécialiste pour ça si ma mémoire est bonne ! Moi j’ai un métier qui m’attend, des responsabilités et pas de temps à consacrer pour un autre gamin !! » Je sais que je suis mauvaise et méchante mais il m’énerve. Il se fout de ma gueule. Je n’ai pas du tout envie d’être gentille et sourire ou d’être contente de le voir là. Je n’ai pas de temps à lui consacrer et je n’ai pas envie de lui parler, il m’énerve, de quel droit il se pointe chez moi après dix ans ?

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A peine Léo apparue, elle disparait. Elle me claque la porte au nez sans que je n’aie le temps de rajouter quoi que ce soit. Faut dire que je lui ai balancé un salut … ce n’est vraiment pas l’idéal mais rien d’autre ne voulait sortir de ma bouche. Je reste planté là, comme un imbécile sans trop savoir quoi faire. Est-ce que je dois insister ou laisser tomber ? La réponse m’apparait clairement quand je pense à ce soir et à la réaction de Callie quand je devrais lui raconter ce qu’il s’est passé. Dans un cas, elle sera fière de moi, et dans l’autre, elle me frappera pour sûr. Oui, elle est violente ma sœur … mais qu’avec moi, elle n’a jamais levé la main sur ses enfants. Faut dire qu’ils sont plus disciplinés que moi. De bons gamins. Mais là n’est pas le sujet. La porte s’ouvre à nouveau et j’ai comme un petit élan d’espoir mais non, ce n’est pas pour moi. Elle va simplement travailler. Bon … « Léo. » Je la suis dans l’allée, j’ai besoin de lui parler. Je comprends qu’elle n’en ait pas envie. Après tout, c’est normal. J’ai agis comme un véritable con avec elle et j’en paie le prix mais là, c’est important. « Non mais t’es sérieux Baze ? Tu te pointes chez moi après dix ans ? T’as fumé ou quoi ? J’ai pas de temps pour toi, alors retourne jouer ou je sais pas moi, fuir ! T’es spécialiste pour ça si ma mémoire est bonne ! Moi j’ai un métier qui m’attend, des responsabilités et pas de temps à consacrer pour un autre gamin !! » Aoutch. Ça fait mal mais je l’ai mérité. Elle a raison, fuir est … était ma spécialité mais j’ai décidé de me prendre en mains. Je ne peux pas me comporter comme un gamin pour le reste de ma vie. Et elle a raison, je n’ai pas de job et aucune responsabilité mais ce n’est pas comme si je passais ma journée à rien faire. Je cherche vraiment, j’ai quelques entretiens d’embauche cette semaine. Léo n’attend même pas que je réponde quelque chose avant de me tourner le dos de nouveau et de reprendre son chemin. Je reste quelques secondes sur place avant de la rattraper. J’attrape doucement son bras pour ne pas lui faire mal. « Léo, s’il te plait … » Ses yeux sont posés sur moi et je peux voir à quel point elle est furieuse. Jusque-là, j’y étais allé un peu en tâtonnant mais maintenant, je sais ce que j’ai à dire. Je sais ce que je veux. C’est comme si je venais d’avoir un éclair de lucidité. C’est stupide à dire … mais c’est vrai. « Ecoute, je sais que ça fait dix ans, que tu as refait ta vie et que tu es heureuse. Je n’veux pas tout bousiller pour toi, j’en ai assez fait comme ça. Tu es énervée, tu m’en veux et c’est légitime. Mais Léo … je n’suis pas là pour toi. Je suis là pour Stella, pour ma fille. J’ai dix ans de retard, je le sais ça. Mais c’est ma fille. » Je lâche son bras. Je ne sais pas si elle va me répondre du tac-o-tac ou bien si elle va s’en aller et continuer de m’ignorer. Dans les deux cas, je sais que ce ne sera pas positif pour moi. Après tout, elle doit se dire que je n’ai pas le droit de demander à voir Stella alors que je l’ai lâchement abandonnée. Seulement, je ne suis pas prêt de lâcher l’affaire. Non, je ne fuirais pas cette fois. Et je compte bien me battre. Avant qu’elle n’ait le temps de dire quoi que ce soit, j’enchaine. « Je sais. Tu dois aller bosser et je ne te retiendrai pas plus longtemps. Mais penses-y et appelles-moi pour en parler. S’il te plait Smith. » Je lui tends un bout de papier sur lequel j’ai griffonné mon numéro de portable juste avant de venir. Voyant qu’elle ne le prend pas, je le glisse dans l’ouverture de son sac. Je recule d’un pas ou deux, puis je me retourne et prends la direction de l’arrêt de bus. Ça peut paraître idiot mais je me sens fier de moi pour une fois. Je me suis comporté en personne responsable. Faut croire que j’ai vraiment changé.

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« Non mais t’es sérieux Baze ? Tu te pointes chez moi après dix ans ? T’as fumé ou quoi ? J’ai pas de temps pour toi, alors retourne jouer ou je sais pas moi, fuir ! T’es spécialiste pour ça si ma mémoire est bonne ! Moi j’ai un métier qui m’attend, des responsabilités et pas de temps à consacrer pour un autre gamin !! » Dix ans, dix putains de longues années et tout ce qui trouve à me dire c’est « salut » non mais là il se fout clairement de moi, il a dû se prendre un bon coup sur la tête c’est pas possible. Il est toujours aussi abrutit et immature qu’il y a dix ans, il croit quoi ? Qu’il peut se permettre de débarquer comme ça et me balancer son vulgaire salut à la figure. J’ai évolué à l’inverse de lui. Je suis passée à autre chose, oui c’est vraie contrairement à ce que Loulou pourra dire, je suis passée outre. Cillian m’aime, je l’aime, Stella l’aime, nous sommes une famille. Lui n’est juste que le géniteur, le … je ne trouve pas de mot pour le décrire. Je n’ai juste pas de temps à lui accorder, il n’en a pas eu lui durant ses dix ans, alors pourquoi j’arrêterais ma vie pour l’écouter ? Tout ne tourne pas autour de monsieur Baze Larkin, j’ai ma vie et je suis heureuse. Lui … et bien j’en sais rien et je ne veux pas le savoir. Il n’a surement pas changé, la preuve il se pointe là comme ça, sourire à la bouche, je rêve. Oui c’est ça, je suis en train de rêvée, je vais me réveiller bientôt dans les bras de Cillian. Tout ceci ne peut être qu’un rêve, mon subconscient veut me faire parvenir un message, je me demande bien lequel. Je n’ai pas spécialement envie de le savoir. Apparemment je ne rêve pas. Il manquait plus que ça. Je regarde sa main sur mon bras, je le regarde lui, si j’avais une arme, il ne serait plus là à cet instant présent. « Léo, s’il te plait … » De quel droit il ose ? Reste zen Léo, il ne mérite pas que tu ailles en prison, il n’en vaut pas la peine. Laisse le te supplier si ça lui chante, écoute le d’un demi mot, reste zen. « Écoute, je sais que ça fait dix ans, que tu as refait ta vie et que tu es heureuse. Je n’veux pas tout bousiller pour toi, j’en ai assez fait comme ça. Tu es énervée, tu m’en veux et c’est légitime. Mais Léo … je n’suis pas là pour toi. Je suis là pour Stella, pour ma fille. J’ai dix ans de retard, je le sais ça. Mais c’est ma fille. » Pincez moi je rêve, ah non mais là c’est clair je rêve, je ne vois pas d’autre alternative. J’ouvre ma bouche et la referme, non mais sérieusement. Il est sérieux là ? Non impossible, est- ce qu’il se rend compte de ses propos, ma main me démange. Respire Léo, respire. « Je sais. Tu dois aller bosser et je ne te retiendrai pas plus longtemps. Mais penses-y et appelles-moi pour en parler. S’il te plait Smith. » Là s’en est trop. Et en plus, j’en veux pas de son numéro. Non mais… Et il s’en va ENCORE ! Ah non mais, non, non, non, trop c’est trop ! Je ne peux plus me contenir, il faut que ça sorte. « LARKIN ! » Je le vois se retourne d’un coup. Oui je n’ai pas oublié ton nom. Et le smith tu peux te le garder. Je ne suis mais alors pas du tout de bonne humeur et il va en faire les frais. Une mamie nous regarde, c’est Lucienne ma voisine d’en face. « Non mais t’es sérieux là ? D’où tu crois que Stella est Ta fille ? De quel droit tu penses une seconde à avoir un avis sur elle ou même penser qu’elle est la tienne. Tu as peut être aidé à la créer mais tu étais où ses dix années ? Tu étais où pendant ses neufs mois ? Tu étais où quand l’infirmière me l’a déposé sur mon torse ? Tu étais où quand elle a fait ses premiers pas ou qu’elle a dit ses premiers mots ? Oui c’est bien ça, tu n’étais pas là !! Tu ne fais pas partie de sa vie et tu n’as aucun droit de dire que c’est fille.  Il est un peu tard pour ça, tu as dix ans de retard ! » Je m’avance un peu plus prêt, il faut qu’il comprenne. Je suis énervée mais à un point. « Tu n’as aucun droit sur elle, tu n’existes pas pour elle et c’est très bien ainsi. Je m’en fous de savoir si tu es sérieux ou pas. Tu es parti Baze, parti !!! Alors si tu crois sincèrement que je vais t’appeler, qu’on va rire de toute ça ou je ne sais quelle autre connerie que tu t’imagines, tu te mets le doigt dans l’œil ! Ça fait dix ans Baze, dix ans ! Pour moi tu n’existes plus, ma vie est très bien sans toi et celle de Stella aussi ! Et si tu veux savoir elle ne s’interroge pas sur toi et non je lui ai pas dit que tu étais mort, je lui ai dit que son père était un lâche. » Je ne baisse pas mon regard, il manquerait plus que ça. « Et qu’elle ne méritait pas de porter le nom d’un lâche ! Tu n’es pas son père Baze, et c’est pas maintenant qu’il fallait te rendre compte que tu avais crée une fille. C’est trop tard ! » Je serre mes mains, recule toi Léo, recule toi. Je me racle la gorge, je ne pensais pas que ça serait si dure… J’ai attendu ce jour, durant des années, j’avais même fait tous les scénarios possible dans ma tête mais pas ça. Pas maintenant, c’est… J’attrape son numéro et le déchire sous ses yeux. Trop tard Baze, beaucoup trop tard.

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« LARKIN ! » Je la connais, je sais que je vais prendre cher seulement, je ne peux pas juste continuer à fuir. Il y a dix ans, j’ai fait un choix stupide que je regrette aujourd’hui. Si je pars maintenant, si je disparais à nouveau de sa vie alors, c’est terminé. Je ne serai qu’un lâche. Celui qu’elle croit que je suis. Je me retourne et attends. Elle va me gueuler dessus, je le sais. Elle s’approche de moi, diminuant l’espace entre nous. « Non mais t’es sérieux là ? D’où tu crois que Stella est TA fille ? De quel droit tu penses une seconde à avoir un avis sur elle ou même penser qu’elle est la tienne. Tu as peut être aidé à la créer mais tu étais où ses dix années ? Tu étais où pendant ses neufs mois ? Tu étais où quand l’infirmière me l’a déposée sur mon torse ? Tu étais où quand elle a fait ses premiers pas ou qu’elle a dit ses premiers mots ? Oui c’est bien ça, tu n’étais pas là !! Tu ne fais pas partie de sa vie et tu n’as aucun droit de dire que c’est ta fille. Il est un peu tard pour ça, tu as dix ans de retard ! » Mais est-ce qu’elle s’entend parler ? Je sais très bien que je n’étais pas là ces dix dernières années, que j’ai tout manqué mais à son avis, pourquoi est-ce que je suis là ?! Et puis, c’est ma fille ! Je suis peut-être le pire père au monde mais au moins, j’essaye d’arranger les choses ! Léo est furieuse, elle me hurle dessus et fait profiter ses voisins de notre dispute. Elle avance encore de quelques pas et reprend de plus bel. « Tu n’as aucun droit sur elle, tu n’existes pas pour elle et c’est très bien ainsi. Je m’en fous de savoir si tu es sérieux ou pas. Tu es parti Baze, parti !!! Alors si tu crois sincèrement que je vais t’appeler, qu’on va rire de tout ça ou je ne sais quelle autre connerie que tu t’imagines, tu te mets le doigt dans l’œil ! Ça fait dix ans Baze, dix ans ! Pour moi tu n’existes plus, ma vie est très bien sans toi et celle de Stella aussi ! Et si tu veux savoir elle ne s’interroge pas sur toi et non je lui ai pas dit que tu étais mort, je lui ai dit que son père était un lâche. » Je baisse les yeux alors que je sens bien que ce n’est pas le cas de Léo. Je suis pathétique seulement, je n’arrive pas à soutenir son regard. Je suis comme un gamin qui a fait une connerie et qui se fait engueuler par sa mère. Il sait qu’il a tort alors il baisse la tête. Avec mes conneries, j’ai perdu énormément. Léo, puis Stella. Mes parents, je m’en balance. Ils auraient trouvé une autre manière de me renier de toute façon. « Et qu’elle ne méritait pas de porter le nom d’un lâche ! Tu n’es pas son père Baze, et c’est pas maintenant qu’il fallait te rendre compte que tu avais créé une fille. C’est trop tard ! » Jusque-là, elle avait raison sur toute la ligne. Oui, je suis un lâche. Oui, je suis parti. Mais qu’elle me dise qu’il m’a fallu dix ans pour réaliser que j’avais une fille … là, non. Elle déchire mon numéro sous mes yeux mais honnêtement je m’en balance. De ma main gauche, j’attrape le bord de ma veste alors que de l’autre, je plonge dans ma poche intérieure. J’en sors mon portefeuille et une lettre. « Tu peux me reprocher tout ce que tu veux. D’être parti, d’avoir été immature, d’avoir choisi la facilité, de t’avoir abandonnée mais tu ne peux pas me dire … tu ne sais pas, Léo ! » Je sais que je devrai lui donner cette lettre ou au moins, lui montrer les photos mais je n’y arrive pas. Cette fois, c’est un mon tour de ne pas faiblir, de ne pas baisser les yeux. « Quand Callie m’a dit que tu gardais le bébé, j’ai failli rentrer. Ou j’ai failli. Parce que je savais très bien qu’il était déjà trop tard et que j’avais peur. J’avais peur de rentrer et de me retrouver sans rien. J’avais 19 ans et mes parents avaient déjà fait une croix sur moi. Je serai revenu à Pasadena juste après l’accouchement, tu ne m’aurais pas accepté et me dis pas le contraire, on le sait tous les deux. Et au final, je me serai retrouvé à la rue. Oui, ça n’aurait pas changé grand-chose puisque c’était déjà le cas en Australie mais au moins, là-bas, je n’ai pas eu à poser mes yeux sur toi tous les jours dans la rue. Au moins, là-bas, je n’ai pas eu à te voir tomber amoureuse d’un autre. Là-bas, je n’ai pas vu m’sieur bouclettes devenir le père que je ne suis pas. » Je soupire et recule d’un pas. « Alors tu me dis qu’il est trop tard mais le truc, c’est qu’il est trop tard depuis le début. Je serai revenu plus tôt, ça n’aurait rien changé parce que ce que tu voulais de moi, c’était que je ne parte pas. Et je suis parti. » J’ouvre mon portefeuille et en sort une dizaine de photos de Stella que Callie me faisait passer depuis des années. « Et ne me dis pas que je viens seulement de réaliser que j’ai une fille. » Mon ton est dur car pour le coup, elle a tort. Tout ça, c’est de ma faute, je ne suis pas con. On récolte ce que l’on sème. Mais si je ne suis pas revenu dans leur vie à toutes les deux, ce n’est pas parce que je ne le voulais pas. Non, c’était parce qu’elle ne m’aurait pas laissé. Stella ne se pose peut-être pas de questions sur moi mais ça ne m’empêche pas de m’en poser sur elle. Je n’ai rien arrangé, j’peux le voir au visage de Léo. Mais tant pis, j’aurai essayé. « Et arrête de me regarder comme le gars que j’étais à l’époque. Tu me penses immature ? Réfléchis deux minutes Léo. J’ai attendu que tu sois seule pour venir te voir. J’aurai pu me pointer alors que Stella était avec toi, te mettant devant le fait accompli. Je ne l’ai pas fait. Alors ne vient pas me dire que je pense avoir un quelconque avis sur elle car je sais très bien que je n’en ai pas. C’est bien pour ça que je suis venu te voir d’abord. Pour te demander ton accord. » Non mais c’est vrai. Je sais bien que c’est avant tout SA fille. Que ce n’est la mienne que parce que je lui ai donné la moitié de mon ADN mais ça ne m’empêche pas de vouloir changer ça. Stella sera toujours sa fille, j’veux juste qu’elle soit un peu la mienne et pas que parce que je suis son géniteur. La lettre. Je la tends à Léo. « J’ai écrit cette lettre, il y a huit ans. Elle ne t’est pas adressée, c’est pour Stella. Donne-la lui ou pas. Lis-là ou brûle-là. Peu importe. Mais sache juste une chose. Je ne compte pas partir. J’ai quelques entretiens d’embauche cette semaine et dès que j’aurai un job, j’ai l’intention de m’installer définitivement. J’ai changé Léo. J’en ai fini de fuir. Pense ce que tu veux mais c’est la vérité. » Si elle ne veut pas que je rencontre Stella, très bien, c’est son choix. Mais qu’elle ne pense pas que du coup, je vais m’en aller car ce n’est pas le cas. Je sais que j’ai dix ans de retard mais je suis là maintenant. Et je ne vais nulle part.

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